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Législatives 2024: on a vécu une soirée historique à Paris

place de la République à Paris
Les manifestants se sont donnés rendez-vous sur la place de la République à Paris pour l'annonce des résultats du second tour des législatives 2024cynthia ruefli

On a passé une soirée historique avec des élus romands à Paris

Le second tour des législatives françaises a réservé une surprise avec la victoire de l'alliance de gauche devant le parti présidentiel et l'extrême droite. watson était à la place de la République à Paris accompagné d'élus socialistes romands pour cette journée historique.
08.07.2024, 06:1008.07.2024, 10:57
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Paris, dimanche 7 juillet à 19h30, Place de la République, haut lieu des manifestations de gauche. watson a donné rendez-vous à des élus romands qui ont fait le voyage jusqu'à la capitale française pour assister au résultat du deuxième tour des législatives françaises. Colin Vollmer, conseiller de ville à Delémont (JU) et Mathilde Mottet coprésidente des Femmes socialistes participent à cet événement pour le compte du média de gauche Eteicos. Ils nous rejoignent avec une mine inquiète.

«On est contents d'être présents pour ce moment historique, mais on a peur d'une victoire du RN ce soir»
Mathilde Mottet, conseillère générale à Monthey (VS), coprésidente des Femmes socialistes suisses

La foule se forme peu à peu autour de la statue de la République, des banderoles «Nous sommes tous des immigrés» et «stop au génocide à Gaza» sont disposées sur le monument, les premiers manifestants se regroupent et sont interviewés par de nombreux journalistes étrangers.

place de la République à Paris avant l'annonce des résultats du second tour des élecitons françaises
Place de la République, 19h30, Paris

L'inquiétude est palpable, les visages sont fermés et l'on attend fébrilement l'annonce des résultats. Colin Vollmer, conseiller de ville à Delémont et porte-parole Suisse latine du PS se prête aussi à l'interview, mais lorsqu'il évoque sa binationalité, il est submergé par l'émotion.

«Je suis ému, car je ne veux pas voir des héritiers du maréchal Pétain gouverner ce pays»
Colin Vollmer, conseiller de ville à Delémont (JU) franco-suisse

Colin Vollmer dit «connaître» les électeurs d'extrême droite, car une partie de sa famille qui vit dans un village francilien vote RN. «J'ai entendu des discours racistes tels que "les Arabes dehors", mais à l'époque, on ne considérait pas ces discours comme étant légitimes», il poursuit, «aujourd'hui avec la montée du RN, j'ai peur que ces personnes se sentent légitimées dans leurs pensées racistes». En effet, on ne peut nier que la déferlante RN lors du premier tour des législatives françaises a, en quelque sorte, libéré la parole raciste en France, mais la montée de l'extrême droite a-t-elle un impact sur la politique de notre pays? Pour Mathilde Mottet, il ne fait aucun doute.

«Les idées racistes et transphobes n'ont pas de frontière, la victoire du RN peut donner une impression de pouvoir à l'extrême droite»
Mathilde Mottet

Son collègue de parti pense que si la France bascule à l'extrême droite, «on assistera à une augmentation des discours racistes en Suisse».

Prêt à quitter la France

Nous quittons brièvement nos élus PS romands pour glaner quelques impressions, notre regard croise celui de Karima, venue de Montreuil en banlieue parisienne. La trentenaire, accompagnée de son mari et d'un ami est très préoccupée, la crainte se lit sur son visage.

«Je suis venue à République, car si ça se passe mal et que le RN gagne, je ne voulais pas être seule pour vivre ce moment»
Karima

D'origine algérienne, cette architecte nous raconte avoir peur pour l'avenir de la France, pour ses amis étrangers, «pour ses parents qui ne pensaient jamais voir ce genre de chose». Alors que nous écoutons son récit, une clameur se répand sur la place de la République, cela ressemble à des cris de joie. Karima se fige et pleure sous le coup de l'émotion. Selim, son mari exulte:

«C'est pas vrai, on a gagné! Le RN est troisième, troisième, tu te rends compte?»
Selim

L'euphorie et les cris de joie envahissent la place de la République. Soulagé, Selim nous explique que durant les trois dernières semaines, il n'avait pas beaucoup dormi, de peur de voir la société française «basculer dans l'obscurantisme». Le trentenaire ajoute qu'il est engagé avec sa femme dans un projet social en France et qu'il pensait qu'avec l'arrivée du RN, il serait impossible de le développer.

«On était prêt à quitter la France en cas de victoire du RN»
Selim
Karima, Anthony et Selim, venus soutenir le Nouveau Front Populaire à la place de la République le 7 juillet 2024
Karima, Anthony et Selim, venus soutenir le Nouveau Front Populaire à la place de la République le 7 juillet 2024watson

Revenue de ses émotions, Karima enlace son mari et son camarade Anthony qui a sorti pour l'occasion «son pull marxiste» sous les rires de ses amis. Nous les laissons à leur joie communicative et tentons de retrouver les Romands.

Fier d'être Français

La foule s'est densifiée, il est de plus en plus difficile de se frayer un chemin. Des vendeurs à la sauvette traînent leurs caddies remplis de bières, un stand à couscous est apparu en quelques minutes dans la foule suscitant l'étonnement et les rires des jeunes aux alentours. Distribution de bières, ambiance bon enfant, la place de la République se transforme peu à peu en un lieu de fête👇🏽.

stand de couscous à la place de la République
les vendeurs à la sauvette arrivent à la place de la Républiquewatson

Colin Vollmer et Mathilde Mottet, eux, ne cachent pas leur soulagement: «C'est fou, on ne s'y attendait pas, cela montre que la gauche peut mobiliser et convaincre, et c'est un signe positif énorme.»

Colin Vollmer et Mathilde Mottet
Colin Vollmer et Mathilde Mottetwatson

Nous demandons à la coprésidente des Femmes socialistes si ce n'est pas plutôt un vote «du moins pire» en lieu et place d'un vote d'adhésion pour le bloc de gauche. «Clairement pas», nous répond l'élue socialiste, «si cela avait été le cas, Macron aurait fait un meilleur score que le NFP» affirme Mathilde Mottet. Pour Colin Vollmer, c'est surtout le programme du NFP qui a «convaincu les électeurs et cela pour le meilleur».

Pour capter l'ambiance:

Vidéo: watson

Alors que la foule chante en chœur «Tout le monde emmerde le Front National» ou «Casse-toi Hanouna», en référence à l'animateur qui avait promis de quitter la France si le bloc de gauche remportait les législatifs, les conversations sur les prochaines étapes ont déjà commencé. Qui pour diriger ce nouveau gouvernement? Le groupe d'Emmanuel Macron fera-t-il des alliances? Sans majorité absolue, la France deviendra-t-elle ingouvernable? «La gauche devra, bien sûr, faire des compromis et surtout ne pas décevoir. Mais laissez-moi fêter ce moment, car ce soir, je suis fier d'être français», nous lance Colin Vollmer avec un sourire retrouvé.

Ne nous trahissez pas, panneau brandi par une manifestante à la place de la République
Une jeune femme brandit une pancarte «Ne nous trahissez pas» adressé aux vainqueurs des législatives françaiseswatson
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