26,63% à 12h: peut-on dire de ce taux de participation à la mi-journée, le plus haut en France depuis l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, qu’il sera profitable au Rassemblement national plutôt qu’à la coalition de gauche et inversement?
Bruno Cautrès: Non, car on est au même niveau de participation – moins d’un point plus élevé – que dimanche dernier au premier tour. Pour répondre à votre question, il faudrait des données qu’on n’a pas. Des données de panels qui suivent les mêmes personnes entre la semaine dernière et aujourd’hui. On peut avoir des gens qui se sont abstenus dimanche dernier et qui participent cette fois-ci, comme l'inverse. Pour le moment, on ne voit pas de participation différentielle. On continue sur l’idée d’une participation un peu égale dans tous les camps.
Les résultats dont on dispose déjà pour les départements et territoires d’outre-mer peuvent-ils être source d’enseignement?
Non, les contextes ne sont pas les mêmes. On ne peut pas généraliser à partir des outre-mer.
Est-ce qu’une Assemblée nationale, ce soir, sans majorité pour personne, serait nécessairement ingouvernable?
Pas nécessairement, mais très probablement. Pour une raison toute simple: si personne n’a la majorité, tout reposerait sur le fait qu’aucune opposition ne peut faire tomber le gouvernement. Or, si vous avez un gouvernement de coalition, avec des socialistes, des écologistes et des macronistes, la combinaison RN, LR (Les Républicains, droite) et LFI (La France insoumise, gauche radicale) peut faire tomber le gouvernement à n’importe quel moment. On est dans une situation où, de toute façon, le gouvernement technique de coalition n’est pas une solution durable.
Pourquoi?
En cas de coalition gouvernementale dont le seul fondement serait d’être anti-RN, des électeurs du RN pourront-ils se sentir volés d’une victoire qui leur était, selon eux, promise, au vu des résultats du premier tour?
Sans doute. Après, une élection, ce sont des règles du jeu, les règles de la démocratie. La présente élection est une élection à deux tours. On peut être le vainqueur du premier tour, sans avoir la majorité à l’issue du second tour.
Cela ne fera que souligner les difficultés de notre système démocratique et peut-être la nécessaire réforme du mode de scrutin et des institutions.
Dans l’éventualité d’une chambre ingouvernable, une démission n’apparaît-elle pas comme difficilement évitable pour Emmanuel Macron?
Si c’est vraiment ingouvernable et si le président estime que son programme sur lequel il a été élu il y a deux ans ne correspond plus du tout à ce que le gouvernement de coalition veut mettre en œuvre, alors, oui, une démission d’Emmanuel Macron est une option qu’on ne peut pas exclure. Cela déboucherait sur une remise à zéro totale et sur une nouvelle élection présidentielle.
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Est-ce qu’une élection présidentielle, cette année encore, par exemple, remettrait les compteurs à zéro s’agissant des élections législatives, sachant que l’Assemblée nationale ne peut en principe pas, selon la Constitution, être dissoute avant un délai d’un an suivant son renouvellement?
Ce serait une question sur laquelle le Conseil constitutionnel devrait se pencher. N’étant pas constitutionnaliste, je préfère ne pas dire de bêtises à ce sujet. Mais il me semble que l’état d’esprit général des institutions, c’est que si un nouveau chef de l’Etat est élu, il serait quand même un peu bizarre de le lier pieds et poings aux décisions de son prédécesseur à ce point-là. Je ne doute pas que le Conseil constitutionnel devrait se prononcer sur cette question essentielle.