Anna Hidalgo, qui postule en Suisse, rattrapée par un «shopping-gate»
La fin de règne d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris ressemble de plus en plus à un chemin de croix. En quête d’un rebond pour le jour d'après, elle a fait part de son vif intérêt pour le poste de Haut-Commissaire aux réfugiés des Nations Unies (HCR). Ses chances d’y accéder seraient infimes, si l’on en croit la coulisse onusienne, où l'on ne veut pas de cette candidate «hors du sérail». A six mois de quitter l’Hôtel de Ville de la capitale française au terme de deux mandats, la voilà prise dans une affaire de notes de frais d’autant plus embêtante pour elle qu’elle s’est opposée longtemps à leur publication.
Comme la loi le permet, une association du nom de Transparence citoyenne a fini par obtenir la liste des dépenses effectuées par Anne Hidalgo avec l’argent du contribuable. Un total de 84 260 euros de frais de représentation sur cinq ans (2020-2024). Rien d’illégal. Le plafond, fixé à 19 720 euros annuellement, n’est pas dépassé. Mais c’est la nature des achats qui scandalise, du moins les nombreux opposants de la socialiste.
Une robe Dior à 3520 euros
Que trouve-t-on dans la hotte? Essentiellement des fringues, soit 73 700 euros répartis sur 241 pièces, une moyenne de 306 euros par vêtement, a calculé Le Monde, qui, avec Médiapart, a eu accès aux tickets de caisse. Une moyenne, donc, car on atteint parfois des sommes à quatre chiffres. Deux robes Dior, l’une à 2800 euros, l’autre à 3520 euros, la pièce la plus chère de tout le lot, de même qu’un manteau Burberry à 3067 euros font leur petit effet Marie-Antoinette au pays de la Révolution.
Autre dépense qui clignote dans le décor: 858 euros dans un salon de beauté au Japon en août 2021, quand elle y était pour les Jeux olympiques, pour «un service de pressing au sein de son hôtel et des services de coiffure», selon son cabinet, rapporte Le Monde.
Le jeune accusateur
Sur X, le conseiller de Paris (législatif) Paul Hatte, 32 ans, ne décolère pas. Cet ancien coordinateur de campagne au sein du Parti démocrate sous Barack Obama en 2014, mais encarté en France chez Les Républicains, produit une copie d’un instant «shopping» qu'il attribue à la maire de Paris. La facture, d'un montant de 1146 euros, est datée 16 décembre 2020. La cheffe de l'exécutif municipal se serait rendue dans une boutique de prêt-à-porter du 6e arrondissement «en plein Conseil de Paris pendant qu’on trimait», s’insurge le jeune élu, selon qui Anne Hidalgo serait auditionnée ce jeudi par le HCR.
Le cabinet de cette dernière dénonce une campagne «calomnieuse». Il fait valoir la «fonction de représentation nationale et internationale» exercée par la maire de Paris, «le port de vêtements de marques reconnues ou de haute couture s’inscrivant dans une logique de valorisation du savoir-faire français».
«Tahiti-gate»
Ce «shopping-gate» s’ajoute au «Tahiti-gate», quand Anne Hidalgo avait omis de communiquer à propos d’un déplacement onéreux, mi-professionnel et mi-personnel, en Polynésie en octobre 2023 (pour lequel une enquête préliminaire est toujours en cours au Parquet national financier), rappelle Le Monde. Le voyage, qui comprenait six personnes, dont elle, avait coûté près de 60 000 euros, à quoi s’ajoutait 30 000 euros de frais de téléphone faute d’un forfait adapté, selon Le Canard Enchaîné.
A l’approche des élections municipales, la majorité sortante de gauche soupçonne fortement une bombe puante jetée par la droite, dont Rachida Dati, des casseroles à la patte elle aussi, sera la tête d’affiche.
Anne Hidalgo contre-attaque
Anne Hidalgo a décidé de contre-attaquer sur le terrain judiciaire en annonçant vouloir déposer une plainte pour dénonciations calomnieuses. Le Monde indique par ailleurs que l’association Transparence citoyenne à l’origine de l’effort de transparence consenti par la maire de Paris, qui rechigne tant à cet exercice, a reçu une aide financière de «10 000 euros du milliardaire d’extrême droite Pierre-Edouard Stérin». Mais les récriminations à l’endroit d’Anne Hidalgo suite aux révélations portant sur ses frais vestimentaires semblent émaner d’un périmètre plus large que la seule extrême droite. Sans doute n'en ont-elles pas moins un arrière-goût politique.