Ce pays «profiteur de guerre» pourrait sauver l’Ukraine
Plusieurs partis norvégiens poussent pour que le pays scandinave, parfois perçu comme un «profiteur de guerre», fasse sa part afin de lever un obstacle qui empêche l'Europe d'utiliser les avoirs russes gelés pour aider l'Ukraine.
«La Norvège a les moyens économiques de se porter garante d'un prêt qui permettra à l'Ukraine de mieux se défendre contre la Russie et je pense que nous devrions le faire», précise encore Gury Melby. Alors que les finances publiques des Etats-membres de l'UE sont souvent très fragiles, la Commission européenne envisage d'utiliser une partie des avoirs russes gelés après l'invasion de l'Ukraine pour fournir à Kiev un prêt de 140 milliards d'euros, sans intérêts, afin de financer son appui budgétaire et militaire à ce pays en guerre sur les deux prochaines années.
L'Ukraine ne rembourserait ce prêt que si la Russie lui versait un jour des réparations de guerre. Mais la Belgique, où se trouve la société Euroclear qui gère la plupart des fonds en question, réclame des garanties d'autres Etats afin de mutualiser les risques au cas où, par exemple, la Russie parviendrait à reprendre possession de ses avoirs gelés. Une demande difficile à accepter pour des Etats déjà fortement endettés comme la France.
Une obligation morale?
Arguant que la Norvège, le plus gros producteur d'hydrocarbures d'Europe de l'Ouest, avait gagné 109 milliards d'euros supplémentaires grâce à l'envolée du prix du gaz, deux économistes norvégiens ont suggéré que leur pays entre en piste même s'il n'est pas membre de l'UE.
Grâce à sa note AAA – la plus élevée qui soit chez les agences financières – et à son fonds souverain de quelque 1 800 milliards d'euros (le plus gros du monde), la Norvège «pourrait, à elle seule, assumer la responsabilité liée à une nouvelle dette ukrainienne, sans que cela n'entame sa note de crédit», affirment-ils.
L'idée, à laquelle le quotidien danois Politiken a donné un écho plus large, a fait mouche auprès de certains responsables politiques européens. «Ce serait génial», a lâché la première ministre danoise, Mette Frederiksen, au cours du sommet de l'UE à Copenhague le mois dernier.
A Oslo, le gouvernement travailliste, qui a déjà prévu de fournir une aide civile et militaire de plus de 23 milliards d'euros à Kiev sur la période 2023-2030, joue la prudence: «Nous suivons de près l'évolution de la situation et poursuivons notre dialogue avec l'Union européenne», commente la secrétaire d'État au ministère des Finances Ellen Reitan.
Selon des informations de l'AFP, la Norvège discute avec Bruxelles mais n'envisage pas, pour l'instant, d'endosser seule le rôle de filet de sécurité. Les Verts norvégiens envisagent d'en faire une de leurs exigences à l'occasion de leurs discussions budgétaires à venir avec le gouvernement travailliste qui a besoin, entre autres, de leurs voix pour faire voter sa loi de Finances pour 2026.
Arild Hermstad, responsable du parti affirme:
