Anne Hidalgo pourrait bientôt débarquer au bout du Léman. Arrivée à la fin de son règne après avoir annoncé qu’elle ne briguerait pas un troisième mandat aux élections municipales de mars 2026, la maire de Paris, 66 ans, se verrait bien à la tête du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, le UNHCR, dont le siège est à Genève.
Celle qui s’était présentée à la présidentielle française en 2022 sous les couleurs socialistes, ne récoltant que 1,75% des voix au premier tour, trouvera sur sa route la diplomate Christine Schraner Burgener, 61 ans, qui a quitté le Département fédéral de justice et police et la direction du Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) fin 2024 pour réapparaître début 2025 aux Affaires étrangères.
La grande agence de l’ONU met au concours le poste de haut-commissaire pour remplacer l’actuel titulaire, le diplomate italien Filippo Grandi, qui l’occupe depuis 2016 et qui le quittera le 31 décembre. La date limite des candidatures est fixée au 6 octobre. Anne Hidalgo a fait connaître son vif intérêt pour le job il y a plusieurs mois déjà.
Pour accroître ses chances, la Franco-Espagnole a multiplié les déplacements. Elle était en avril à New-York pour rencontrer le secrétaire générale l’ONU, Antonio Guterres, fin mai au Kenya pour l’assemblée générale d’ONU-Habitat et le 2 juin à Lausanne pour la réunion annuelle de la Fondation olympique pour les réfugiés, rappelle le journal Le Monde dans un article daté du 28 août.
Assiste-t-on à une énième opération de recasage d’une personnalité politique arrivée en fin de parcours dans son pays? L’ancienne ministre française de l’Environnement Ségolène Royal avait été nommée par la France «Ambassadrice des Pôles» (2017-2020), un intitulé qui prêtait à sourire. La Commission européenne à Bruxelles sert aussi de point de chute à des ministres démissionnaires. Côté suisse, l’ex-conseiller fédéral Alain Berset a rebondi en 2024 à la tête du Conseil de l’Europe, au terme d’une élection qui n’était pas acquise a priori.
Il reste que pour ces postes plus ou moins prestigieux, il faut en général des profils avec du tempérament. C’est le cas d’Anne Hidalgo, un caractère bien trempé. Trop? Joint par watson, ce bon connaisseur de la Genève internationale, actif dans les cercles diplomatiques, doute que la candidature d’Anne Hidalgo coche les «bonnes cases».
Notre interlocuteur s'inquiète:
Même analyse de la part de cet influent Genevois contacté par watson:
Cité par Le Monde, le directeur d’une ONG travaillant sur la résolution des conflits regrette «la faiblesse absolue de cette candidature (réd: celle d’Anne Hidalgo)». «La France n’a-t-elle rien de mieux à proposer?», demande-t-il. Cet autre familier de la Genève internationale interrogé par le quotidien français est catégorique:
Le bilan contrasté des douze ans passés par la «reine» Anne Hidalgo à la mairie de Paris – une dette qui a pris l’ascenseur, des aménagements urbains contestés, à l'inverse, des Jeux olympiques 2024 réussis, l’opposition lui déniant la moindre empreinte sur cette réussite – pourrait jouer en défaveur de sa candidature à la tête du HCR.
Le profil recherché pourrait s'avérer déterminant: politique ou diplomatique? Dans la première option, alors qu'un bras de fer est engagé entre la Maison-Blanche et le HCR sur le sort réservé aux Gazaouis, le caractère affirmé d’Anne Hidalgo pourrait constituer un atout face à une administration américaine hostile au multilatéralisme et son incarnation, la Genève internationale. Dans la seconde option, on estimera que la relation est suffisamment critique avec les Etats-Unis pour ne pas en rajouter.
Un détail pourrait emporter les ambitions d’Anne Hidalgo. Si la maire de Paris parle l’espagnol, sa langue natale, elle maîtrise mal l’anglais, l’idiome requis dans les relations internationales. Quant au président Emmanuel Macron, son soutien à cette candidature française ne déborde pas pour l’heure d’enthousiasme.
La Suissesse Christine Schraner Burgener, qui avait été nommé en 2018 envoyée spéciale pour le Myanmar par Antonio Guterres, est donnée favorite. Mais les critiques ont fusé à son encontre lorsqu'elle s'en est allée du SEM fin 2024, trois ans seulement après en avoir pris la direction. Elle aurait laissé un Secrétariat d'Etat aux migrations «rempli de problèmes». Les paris sont ouverts.