A une écrasante majorité, 533 voix contre 24 et 48 abstentions, le Parlement européen a voté ce jeudi à Strasbourg une résolution demandant la libération immédiate et sans condition de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, âgé de 75 ans. Celui-ci est détenu en Algérie depuis le 16 novembre. La résolution s’étend à l’ensemble des détenus d'opinion en Algérie.
Parmi les 24 députés ayant voté contre, il y a la Française Rima Hassan, élue en juin dernier au Parlement européen sous les couleurs de La France insoumise. A Strasbourg, où ont lieu les sessions plénières, elle fait partie du groupe The Left (la gauche), classé à l’extrême gauche. La plupart des votes opposés à la libération de Boualem Sansal appartient à ce groupe.
Alors que l’ensemble des groupes politiques du Parlement européen soutenait la résolution appelant à la libération de l’écrivain franco-algérien, dont la détention est jugée arbitraire au regard des droits de l’homme, Rima Hassan, avec quelques autres eurodéputés, s'est prononcée contre.
🟠Suite Boualem Sansal 🟠 Le Parlement européen vient d'adopter une résolution demandant la libération de Boualem Sansal.
— Rachel Binhas 🎗️ (@RachelBinhas) January 23, 2025
533 votes pour, sur 605 eurodéputés présents.
Côté français : Rima Hassan a voté contre, Manon Aubry s'est abstenue, les socialistes et les verts pour...
Militante propalestinienne ayant tenu des propos controversés sur le Hamas, l’eurodéputée Rima Hassan est attendue à Genève le 25 janvier et le 22 février à Fribourg, respectivement au festival Black Movie et à une table ronde consacrée au thème de la résistance. Sa venue, comme celle de la militante décoloniale Houria Bouteldja le 8 février à Lausanne, suscitent des oppositions.
Dans leur résolution demandant la libération de «215 détenus d’opinion» algériens, les députés européens font part de leur inquiétude pour les libertés en Algérie:
On pourra s’étonner que Rima Hassan s’oppose à la libération d’un écrivain emprisonné pour délit d’opinion. Sauf que l’eurodéputée ne le considère pas comme un prisonnier politique.👇
Dans une vidéo où elle prend la parole dans l'hémicycle européen, Rima Hassan – pour qui Alger est «la Mecque des révolutionnaires et de la liberté», un slogan hérité des luttes anticoloniales – accuse Boualem Sansal de «défendre des thèses identitaires d’extrême droite». Elle affirme qu’«il n’a pas été arrêté (en Algérie) pour ses œuvres d’écrivain mais pour ses propos sur la colonisation algérienne (par la France)». Elle ajoute: «Les droits fondamentaux de M. Sansal doivent bien entendu être garantis (…)»
De son côté, la Commission européenne, invitée dans la même résolution à revoir l’accord de coopération entre l’Union européenne et l’Algérie au regard des manquements de cette dernière aux droits de l'homme, adopte une attitude obéissant à la realpolitik. Comme le relève le magazine Le Point:
Là où la Commission est tenue par la diplomatie, le Parlement européen est dans son rôle lorsqu'il s'agit d'appeler à la libération de détenus d'opinion.