Il y a trois ans, il provoquait le premier scandale du quinquennat d'Emmanuel Macron. Aujourd'hui, Alexandre Benalla, 30 ans, va devoir rendre des comptes à la justice: il comparait dès ce lundi au tribunal correctionnel de Paris pour un procès de douze jours.
Alexandre Benalla est l'ancien «chargé de mission» de l'Elysée. En 2018, il faisait partie de l'entourage proche du président français, chargé d'assurer la sécurité du chef de l'Etat lors de ses déplacements. Il jouait aussi occasionnellement le rôle de conseiller.
L’histoire qui nous intéresse commence le 1er mai 2018. Le jour du défilé syndical, qui a lieu tous les ans à Paris, est marqué par une série de violences. Parmi les forces policières en présence, Alexandre Benalla, vêtu comme un policier en civil, doit jouer le rôle d'observateur. Pourtant, il finit par interpeller violemment un couple de manifestants. La scène est filmée par un journaliste présent sur les lieux qui la publie sur les réseaux sociaux.
🔴🔴🔴🔴 ALERTA VIOLENCES POLICIÈRES
— Taha Bouhafs (@T_Bouhafs) May 1, 2018
DES POLICIERS TABASSENT ET GAZENT TOUT LE MONDE PLACE CONTREESCARPE !!
FAITES TOURNER IL FAUT QUE TOUT LE MONDE VOIT !!#ViolencesPolicieres #1erMai pic.twitter.com/Dabr6HHwyJ
Les vidéos restent relativement inaperçues, avant d'être révélées par Le Monde en juillet 2018, menant à l'ouverture d'une enquête et à un vaste scandale politique.
La presse a révélé qu'un peu plus tôt dans la même journée, Alexandre Benalla aurait agressé deux autres manifestants lors de leur interpellation par des policiers.
En tout, Alexandre Benalla est visé par six procédures judiciaires, dont deux sont jugées ce lundi 13 septembre.
Outre «violences présumées sur les manifestants», le premier chef d'accusation, d'autres faits lui sont reprochés:
Benalla ne sera pas tout seul à la barre. A ses côtés, trois autres hommes seront jugés:
Alexandre Benalla est donc jugé pour deux procédures distinctes: l'affaire des violences du 1er-Mai, à laquelle s'ajoutent l'affaire du selfie et le dossier des passeports diplomatiques.
L'enquête des juges concernant les violences s'est terminée en octobre 2020, celle sur les passeports quelques semaines plus tôt.
Les deux affaires étant donc prêtes à être jugées, il a été décidé de les traiter au cours d'une même audience. Les contraintes d'organisation en termes de sécurité, d'affluence du public et des journalistes ont certainement pesé sur ce choix.
Au terme des douze jours de procès, Alexandre Benalla encourt:
Si cette affaire a fait un tel bruit, c'est parce qu'elle a révélé d'importants dysfonctionnements au niveau de l'Élysée. Emmanuel Macron l'a admis lui-même.
Toutefois, certains journalistes, personnalités politiques et universitaires estiment que cette affaire fait l'objet d'une dramatisation médiatique excessive et ne peut être qualifiée d'affaire d'État. (mbr)