Treize mois d'interminables tractations politiques et de crise économique plus tard, un décret pour former le nouveau gouvernement libanais a finalement été signé par le président, Michel Aoun et le premier ministre désigné, Najib Mikati, en présence du chef du Parlement, Nabih Berri.
Au cœur de cette nouvelle équipe, composée de 24 ministres, des personnalités apolitiques qui ont plutôt bonne réputation. Parmi eux, Firas Abiad. Directeur de l'hôpital gouvernemental Rafic Hariri, il est considéré comme une figure de la lutte contre le coronavirus.
Le Liban était sans gouvernement depuis l'explosion dévastatrice du 4 août 2020, qui avait fait des morts et ravagé des quartiers entiers de la capitale. Suite à la catastrophe, le cabinet de l'ancien président avait démissionné.
Depuis, le pays fait face à «l'une des pires crises économiques du monde», selon la Banque mondiale. Et 78% de la population libanaise vit aujourd'hui sous le seuil de pauvreté, selon l'Organisation des nations unies (ONU).
Petit tour d'horizon de la situation:
Pour couronner le tout, le pays est plongé dans le noir depuis plusieurs mois. Les coupures de courant culminent jusqu'à plus de 22 heures quotidiennement. Les habitants sont obligés d'avoir recours à des générateurs de quartier pour rationner les foyers, les commerces et les institutions.
Sans aucun doute, le prochain gouvernement aura du pain sur la planche. Première étape: conclure un accord avec le Fonds monétaire international (FMI). Une étape incontournable pour sortir le Liban de la crise et débloquer d'autres aides substantielles. Les pourparlers sont interrompus depuis juillet 2020.
Depuis plus d'un an, la communauté internationale promet d'apporter son aide, à condition qu'un gouvernement capable de lutter contre la corruption et de mener des réformes indispensables soit formé. Depuis l'explosion, elle s'est contentée de fournir une aide humanitaire d'urgence, sans passer par les institutions officielles.
La formation de ce gouvernement semblait relever de l'impossible. La lourde tâche incombait à Najib Mikati, actuel premier ministre et homme le plus riche du pays. Ses deux prédécesseurs avaient laissé tomber.
Deux semaines plus tôt, l'ancien premier ministre, Saad Hariri, avait abandonné après neuf mois de difficiles tractations.
Après sa démission, Hariri avait accusé l'Iran, principal soutien du Hezbollah, d'«entraver» l'accouchement d'un gouvernement réformateur.
Et avant lui, c'est l'ambassadeur Moustafa Adib qui avait rendu son tablier. Décidément.
Les dirigeants politiques libanais ont donc continué leurs habituels marchandages. «Business as usual» en somme, malgré les menaces de sanctions de l'Union européenne (UE), les avertissements et les accusations «d'obstruction organisée».
Début août, le président français, Emmanuel Macron, qui suit de près le dossier libanais, a accusé la classe dirigeante de faire «le pari du pourissement». (ats/mb)