De nombreux scientifiques travaillant pour le Kremlin ont été arrêtés en Russie ces dernières années. Ils sont accusés d'avoir transmis à l'étranger des informations secrètes sur le développement de missiles hypersoniques russes, rapporte la «BBC».
Poutine avait évoqué pour la première fois le développement de ces missiles en 2005. En 2018, il les avait ensuite vantés dans un discours accompagné d'une vidéo:
Vladimir Poutine s'était adressé à l'Occident et avait remercié les concepteurs d'armes: «Vous êtes tous de véritables héros de notre temps.»
Les missiles vantés par le président russe sont utilisés dans la guerre contre l'Ukraine. Mi-janvier, l'armée ukrainienne a fait savoir que des missiles de type Kinjal avaient été utilisés lors d'une attaque aérienne de grande envergure. En raison de sa vitesse, ce missile est difficile à intercepter à l'aide des systèmes de défense antiaérienne.
Pourtant, douze scientifiques qui auraient travaillé sur le développement des systèmes hypersoniques ont été arrêtés entre 2018 et 2023 par les services secrets intérieurs russes (FSB). Ils sont accusés de trahison.
Que leur reproche l'Etat russe? Les scientifiques auraient transmis à l'étranger des informations secrètes sur les missiles. L'avocat Evgueni Smirnov, qui représente les scientifiques, conteste cette affirmation. Les chercheurs de Novossibirsk n'auraient pas du tout été impliqués dans la partie militaire du développement, mais auraient seulement travaillé sur l'aérodynamique.
Selon Evgueni Smirnov, il s'agit plutôt d'une tentative des dirigeants russes de mettre en avant la valeur supposée des missiles par le biais de ces arrestations, «pour montrer que les missiles russes sont les meilleurs et qu'on essaie de les voler».
Les arrestations auraient parfois donné lieu à de vastes perquisitions. Les agents du FSB auraient notamment creusé une fosse dans un cas, car ils pensaient trouver de l'or et des diamants dans un garage.
Ce qui est également reproché aux scientifiques, c'est le fait qu'ils aient publié les résultats de leurs recherches dans des publications étrangères ou qu'ils aient pris part à des projets internationaux. Pourtant, cela aurait été en partie stipulé dans leurs contrats de travail et aurait aussi été souhaité par le ministère de l'Education et de la Science.
Après les arrestations, de nombreux scientifiques avaient signé une lettre ouverte. Mais les dirigeants russes n'ont pas réagi:
Au total, sur les douze détenus, trois seraient déjà décédés: Vladimir Kudrjawzew est mort avant même la première audience du tribunal, après que sa maison ait été perquisitionnée. Roman Kovalev est mort un mois après son arrestation. Le physicien Dmitry Kolker est mort deux jours après son interpellation. Il avait déjà souffert d'un cancer du pancréas. Deux autres scientifiques ont été condamnés à des peines de 12 ans de prison chacun et un autre est assigné à résidence.