Depuis qu'il s'est lancé dans son projet d'invasion de l'Ukraine, Vladimir Poutine a l'attention de l'opinion publique du monde entier... mais pas forcément ses faveurs. En Russie aussi, les critiques à l'encontre du président russe se sont multipliées ces derniers mois, et des rumeurs de putsch ou d'attentat le visant ont circulé.
Cela incite le chef du Kremlin à renforcer radicalement ses mesures de sécurité personnelles: comme le rapporte le Moscow times, les dépenses destinées à faciliter le «travail du président» ont atteint des sommets ces derniers mois.
Le journal se base sur des données du ministère russe des Finances. Ainsi, la Russie aurait déjà dépensé 14,8 milliards de roubles (environ 170 millions d'euros) pour Vladimir Poutine et son personnel entre janvier et mai, ce qui correspond à 77% du budget annuel et à une augmentation de 15% par rapport à la même période de l'année précédente. D'après le Moscow times, le budget annuel dépensé pour Poutine par le Kremlin a progressé plus rapidement que celui de l'armée russe (34%).
Selon le ministère des Finances, aucun autre domaine n'a connu une évolution aussi drastique des dépenses. Et d'autres augmentations sont attendues: 20 milliards de roubles (230 millions d'euros) sont prévus pour 2024, soit une augmentation supplémentaire de 29%, et 20,6 milliards de roubles (237 millions d'euros) pour 2025.
Cet argent serait consacré au renforcement des mesures de sécurité en réaction aux attaques de drones en mai. Début mai, deux d'entre eux se sont écrasés au Kremlin. Mardi dernier, des attaques plus importantes encore ont eu lieu à Moscou. La Russie a accusé l'Ukraine, mais Kiev a démenti toute implication.
Les drones ont attaqué à seulement dix kilomètres de la résidence de Poutine à Novo-Ogaryovo, où il se trouvait à ce moment-là. Selon le Moscow times, les forces de sécurité ont dû réveiller le président tôt le matin, car la menace pour sa sécurité était réelle.
Une enquête du média russe indépendant Verstka laisse supposer que Poutine craint également pour sa sécurité à l'étranger et ne quitte donc plus la Russie ou les territoires annexés Moscou. Le Tribunal pénal international (CPI) de La Haye a lancé mi-mars un mandat d'arrêt contre le président russe. Depuis, celui-ci n'a plus entrepris de voyage à l'étranger. Plus de 120 Etats sont tenus de respecter les mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale, dont l'ensemble de l'Union européenne (UE).
L'Inde arrêterait également Vladimir Poutine s'il se rendait dans le pays. Le prochain sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai aurait dû s'y tenir début juillet. Il a finalement été décidé de l'organiser virtuellement. A cause du Covid, qui sévirait encore dans certaines zones d'Asie? Pas vraiment: le fait que Poutine ne se rende pas sur place est «bel et bien dû au mandat d'arrêt de la CPI», a déclaré une source confidentielle du parlement russe, citée par Verstka. Le président tente vraisemblablement de minimiser les risques.
Mais qu'en sera-t-il au mois d'août? Les chefs d'Etat des pays dits du Brics, dont font partie le Brésil, la Chine, l'Inde et la Russie, doivent se réunir en Afrique du Sud. Si Vladimir Poutine s'y rend, il devrait en principe être arrêté. Jeudi, la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Naledi Pandor a déclaré que Poutine avait été invité et que le gouvernement examinait actuellement ses «options juridiques».
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder