Un second tour qui a un goût de déjà-vu. Quoique... Les choses sont sensiblement différentes d'il y a cinq ans. D'un côté, un Emmanuel Macron plébiscité pour un second mandat, réalisant un meilleur score qu'en 2017, mais faisant l'objet d'un rejet de la part de beaucoup de Français, qui lui reprochent d'avoir divisé le pays. De l'autre, une Marine Le Pen arrivée seconde, atteignant, elle aussi, un pourcentage de voix plus important que la fois précédente, mais bénéficiant d'une réserve électorale plus importante que son rival pour le second tour.
Voilà que tous les yeux sont maintenant rivés sur le grand rendez-vous traditionnel qui opposera ces deux candidats à l'entre-deux-tours. Avec le souvenir de la prestation ratée de Marine Le Pen au débat de 2017. Mais également avec cette nouvelle donne importante qui est l'effet «président sortant», Macron devant assumer un bilan auprès des électeurs, auprès des téléspectateurs. Or, justement, Marine Le Pen compte-elle nous refaire son numéro d'opposition clownesque de 2017? Il semblerait que non.
Selon les informations de L'Express, la figure du Rassemblement national (RN) devrait cette fois-ci se concentrer sur ses propres propositions pour la France et sa vision de la fonction présidentielle. Il y a cinq ans, la candidate s'était attachée à contrecarrer son adversaire, ce qui n'avait pas exactement consisté en une stratégie gagnante.
Aussi, les conseillers de la politicienne ont assuré à l'hebdomadaire que son emploi du temps de l'entre-deux-tours est «bloqué de chez bloqué». Jean-Philippe Tanguy, son directeur adjoint de campagne, a déclaré au magazine:
Trois jours... A la fois beaucoup pour une personne si occupée, et peu si l'on songe à l'immense enjeu que représente ce débat. On ignore si la prétendante à l'Elysée a déjà profité ou profitera d'un peu de coaching rhétorique. Mais que l'on se rassure: elle n'arrivera pas fatiguée à cette nouvelle confrontation télévisuelle – ce qui est le point le plus important, à en croire son équipe...
Le risque pour Emmanuel Macron, justement, serait de partir au combat avec une trop grande assurance. Après tout, Marine Le Pen a totalement changé durant cette campagne. D'image, d'une part, apparaissant comme la candidate sympathique, toujours le sourire aux lèvres. De discours, d'autre part, centrant ses déclarations sur le pouvoir d'achat en laissant le martelage identitaire à son rival Eric Zemmour.
Un ministre proche du locataire de l'Elysée a confié au Point il y a quelques semaines que cette mue de la candidate inquiète le camp macronien: «Elle a un côté plus libéré, plus sympathique» que la dernière fois, «ce qui la rend plus dangereuse». Le camp du RN, lui, serait d'ailleurs persuadé, selon BFM TV, que le candidat qui gagnera sera la personne qui «suscite le moins de rejet». Et là, bien naïf qui pourrait exclure aujourd'hui que le front anti-Macron, à gauche et à droite, ne se révèle pas au moins aussi fort que ce qu'il reste de «barrage contre l'extrême droite».
«Quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse, elle a été tellement mauvaise il y a cinq ans qu'elle sortira gagnante cette fois», a confié un membre de la campagne d'Emmanuel Macron à la chaîne d'info. L'actuel président n'est ainsi pas à l'abri d'une prestation de Marine Le Pen non seulement plus réussie que la fois précédente, mais réussie tout court. Sur ce, il ne reste plus qu'à préparer les pop-corn.