Vendredi 24 février, le centre ukrainien de jour de Lausanne a ouvert ses portes pour un événement tristement spécial: les un an de la guerre d'agression russe en Ukraine. Alors que tombent les lumières du jour, plus d'une cinquantaine de convives convergent vers une petite salle annexe de la Scots Kirk (église écossaise), située au coeur de la ville. Ce soir-là, la musique, bien plus que les mots, fera le pont entre l'actualité et les émotions de chacun.
L'événement terminé, Volodymyr, un musicien de 63 ans venant de Kiev, partage son expérience avec watson:
Le centre ukrainien de jour basé au sein de la Scots Kirk a été créé par huit volontaires de la région, et ce dès les premières semaines de la guerre. A la source de tout, un Suisse-Ecossais, Jeremy McTeague, ancien consultant à la Croix-Rouge.
En avril, ils sont rejoints par trois Ukrainiens, dont Ludmila. Cette avocate de Kiev âgée de 60 ans venait de débarquer en Suisse, après avoir passé trois jours avec sa fille terrée dans les soubassements de la capitale pour échapper aux bombardements. «Ludmila a permis de donner un souffle vital au projet, en fédérant des forces motivées et entreprenantes du côté ukrainien», affirme Jeremy.
Depuis sa création, la structure a enregistré 700 visiteurs et quelque 3700 entrées. Il peut compter sur 35 bénévoles, ainsi que sur une dizaine d'étudiants du campus lausannois de la Pepperdine University et de l'association Ukraine Reborn.
Des cours de français, d'anglais et des ateliers divers y sont organisés, mais pas uniquement. Le centre fournit également des conseils pour les démarches administratives et scolaires, et du matériel pour les besoins de base, tels que des habits ou des produits d'hygiène. Trois psychologues ukrainiennes s'occupent de santé mentale. «A notre niveau, nous tentons de compléter les prestations de l'Evam», développe Jeremy.
Pour de nombreux participants, il s'agit d'une vraie bulle où souffler, communiquer, partager angoisses et histoires de vie dans sa propre langue. «Cela les aide à se reconstruire, surtout les plus jeunes, pour lesquels le centre crée les conditions d'une existence normale», note Ludmila.
Un camp d'été a même été organisé à Lausanne. «A cette occasion, les enfants ont pu jouer à des jeux de société, se baigner, ou encore faire du sport au bord du lac ou dans les parcs», poursuit l'avocate.
Volodymyr le musicien s'est quant à lui lancé dans une mission qui a de quoi surprendre: enseigner l'espéranto.
«L'espéranto ne viendra pas remplacer l'apprentissage du Français, mais il peut être un outil très efficace à acquérir dès les premières semaines», développe le compositeur, dont l'enthousiasme, contagieux, illumine son regard grave d'un éclat soudain. La langue, bien qu'encore peu répandue, a fait ses preuves pour réunir les peuples, et a même été recommandée par l'UNESCO à travers deux résolutions, en 1954 et 1985. Volodymyr dit vouloir transmettre sa passion de longue date à ses concitoyens.
Pour l'heure, la petite structure compte sur le financement de trois communes et de privés. «Dans le futur, nous souhaiterions développer notre soutien dans le secteur de l'emploi», achève Jeremy McTeague.