
Diverses manifestations ont été organisées à l'international pour marquer l'année de guerre écoulée. Ici à Cracovie, en Pologne, le 24 février 2023. Image: Shutterstock
La Scots Kirk, l'église écossaise de Lausanne, accueille un centre de jour ukrainien depuis bientôt un an. Les réfugiés s'y organisent avec beaucoup d'autonomie. Le français, l'anglais, et bientôt l'espéranto, y sont enseignés.
27.02.2023, 17:0127.02.2023, 18:04
Vendredi 24 février, le centre ukrainien de jour de Lausanne a ouvert ses portes pour un événement tristement spécial: les un an de la guerre d'agression russe en Ukraine. Alors que tombent les lumières du jour, plus d'une cinquantaine de convives convergent vers une petite salle annexe de la Scots Kirk (église écossaise), située au coeur de la ville. Ce soir-là, la musique, bien plus que les mots, fera le pont entre l'actualité et les émotions de chacun.
Poèmes et chansons: les Ukrainiens de Lausanne ont marqué la date symbolique👇
Vidéo: watson
Un an de guerre en chiffres 👇
L'événement terminé, Volodymyr, un musicien de 63 ans venant de Kiev, partage son expérience avec watson:
«Avec la minute de silence, nous avons tous ressenti beaucoup de tristesse. Mais la musique a redonné de la force à l'assemblée. Quand on partage un moment de musique ensemble, nous nous sentons invincibles à nouveau. Nous sommes sûrs que nous allons gagner. Et nous avons le sentiment d'être à nouveau à la maison.»
Volodymyr

Volodymyr, musicien originaire de Kiev, compte enseigner l'espéranto.source: watson
Des équipes suisses et ukrainiennes
Le centre ukrainien de jour basé au sein de la Scots Kirk a été créé par huit volontaires de la région, et ce dès les premières semaines de la guerre. A la source de tout, un Suisse-Ecossais, Jeremy McTeague, ancien consultant à la Croix-Rouge.

Jeremy McTeague est Suisse et Ecossais. Ancien directeur d'ONG, il a également travaillé à la Croix-Rouge. image: watson
«Ma femme et moi ne pouvions accueillir de réfugié à la maison, alors j'ai eu l'idée de coordonner un lieu de rencontre, qui permettrait de combler des besoins vitaux»
Jeremy McTeague
En avril, ils sont rejoints par trois Ukrainiens, dont Ludmila. Cette avocate de Kiev âgée de 60 ans venait de débarquer en Suisse, après avoir passé trois jours avec sa fille terrée dans les soubassements de la capitale pour échapper aux bombardements. «Ludmila a permis de donner un souffle vital au projet, en fédérant des forces motivées et entreprenantes du côté ukrainien», affirme Jeremy.

Ludmila est une avocate de Kiev. source: watson
«Ce lieu me permet de soutenir la communauté ukrainienne et d'être active pour le pays, même depuis l'étranger»
Ludmila, avocate de Kiev
Un petit succès
Depuis sa création, la structure a enregistré 700 visiteurs et quelque 3700 entrées. Il peut compter sur 35 bénévoles, ainsi que sur une dizaine d'étudiants du campus lausannois de la Pepperdine University et de l'association Ukraine Reborn.
Des cours de français, d'anglais et des ateliers divers y sont organisés, mais pas uniquement. Le centre fournit également des conseils pour les démarches administratives et scolaires, et du matériel pour les besoins de base, tels que des habits ou des produits d'hygiène. Trois psychologues ukrainiennes s'occupent de santé mentale. «A notre niveau, nous tentons de compléter les prestations de l'Evam», développe Jeremy.
Pour de nombreux participants, il s'agit d'une vraie bulle où souffler, communiquer, partager angoisses et histoires de vie dans sa propre langue. «Cela les aide à se reconstruire, surtout les plus jeunes, pour lesquels le centre crée les conditions d'une existence normale», note Ludmila.
Un camp d'été a même été organisé à Lausanne. «A cette occasion, les enfants ont pu jouer à des jeux de société, se baigner, ou encore faire du sport au bord du lac ou dans les parcs», poursuit l'avocate.
«Le fait que nombre de participants reviennent au centre chaque semaine, et que les Ukrainiens s'organisent avec de plus en plus d'autonomie est un très bon signe»
Jeremy McTeague
Des initiatives originales
Volodymyr le musicien s'est quant à lui lancé dans une mission qui a de quoi surprendre: enseigner l'espéranto.
Neutre et international, l'espéranto a été créé au XIXe siècle. La langue a la particularité de n'appartenir à aucun peuple ni à aucun pays. Il s'agirait de l'une des langues les plus faciles à apprendre au monde, notamment grâce à une grammaire extrêmement souple et simple. Actuellement, l'espéranto est parlé à travers plus de 120 pays dans le monde, par quelque deux millions de personnes.
«L'espéranto ne viendra pas remplacer l'apprentissage du Français, mais il peut être un outil très efficace à acquérir dès les premières semaines», développe le compositeur, dont l'enthousiasme, contagieux, illumine son regard grave d'un éclat soudain. La langue, bien qu'encore peu répandue, a fait ses preuves pour réunir les peuples, et a même été recommandée par l'UNESCO à travers deux résolutions, en 1954 et 1985. Volodymyr dit vouloir transmettre sa passion de longue date à ses concitoyens.
«Je peux transmettre les rudiments de la langue en quelques jours seulement. Cela devrait aider hôtes suisses et Ukrainiens, parfois embarrassés par la barrière de la langue, à mieux se comprendre.»
Volodymyr
Pour l'heure, la petite structure compte sur le financement de trois communes et de privés. «Dans le futur, nous souhaiterions développer notre soutien dans le secteur de l'emploi», achève Jeremy McTeague.
Ces articles vont vous intéresser 👇
Qui est Poutine? Tout savoir sur le maître du Kremlin 👇
Un missile explose à quelques mètres d'un journaliste français 👇
Vidéo: twitter
Puisque c'est lundi, on a le droit de se changer les idées. Voici des animaux hybrides 👇
1 / 22
Envie de vous changer les idées? Voici des animaux hybrides
Regardez ce grand sourire
source: imgur
Ceci pourrait également vous intéresser:
Procès de Sean «Diddy» Combs, jour 1. Après la sélection du jury la semaine dernière, les premiers témoignages, très attendus, ont démarré ce lundi. Parmi eux: ceux d'un agent de sécurité dans un hôtel de Los Angeles et d'un travailleur du sexe. Récit de cette journée déjà éprouvante, jalonnée de détails sordides.
Ils sont des centaines à se presser devant le palais de justice du district sud de New York, ce lundi matin, pour tenter de dégoter une place dans l'un des procès les plus attendus de la décennie. Celui de Diddy, Sean Combs de son nom de naissance, le magnat déchu du hip-hop accusé de cinq chefs d'accusation, dont racket, prostitution et trafic sexuel. Il risque la prison à vie.