«Au vu des résultats du vote», la coalition formée avec les libéraux et le parti de la minorité hongroise «n'a plus de légitimité sous sa forme actuelle», a-t-il expliqué devant la presse après une réunion de sa formation à Bucarest.
Le dirigeant est en effet sous pression après l'élimination du candidat unique du gouvernement et le ras-le bol de la population qui s'est exprimé dans les urnes. Il a par ailleurs «proposé à ses collègues» de quitter le gouvernement qui, sans le parti PSD, ne disposera plus de la majorité nécessaire au Parlement.
Les ministres du parti assureront toutefois l'intérim jusqu'à la mise en place d'un nouvel exécutif après le second tour prévu le 18 mai.
Si les sociaux-démocrates n'ont pas appelé à voter contre l'extrême droite, Marcel Ciolacu a exclu de s'allier au nationaliste George Simion, arrivé en tête dimanche, pour former un nouveau cabinet. «Tant que je serai président du PSD, il n'y aura pas de gouvernement PSD-AUR», a-t-il déclaré en parlant de la formation politique de son rival.
A l'issue des législatives de décembre, Marcel Ciolacu, 57 ans, avait gardé la tête du gouvernement, après un accord pensé comme un rempart face à la progression de l'extrême droite et pour présenter un candidat unique à la présidentielle. Mais en arrivant troisième seulement, l'homme du consensus Crin Antonescu a fait voler en éclats ce pacte.
George Simion a largement dominé le scrutin avec 40,9% des voix, devant le maire centriste de Bucarest Nicusor Dan (20,9%).
La Roumanie est dans la tourmente depuis la première place surprise, en novembre, de Calin Georgescu, un ancien haut fonctionnaire accusé par ses détracteurs d'être favorable au Kremlin. La Cour constitutionnelle a invalidé le scrutin duquel Marcel Ciolacu avait été éliminé et a ensuite exclu Georgescu de cette nouvelle élection, après une campagne massive sur TikTok entachée de suspicions d'ingérence russe.
Une décision rarissime dans l'UE qui a provoqué d'importantes manifestations et accentué la colère contre le Premier ministre.
Cette incertitude politique accrue intervient au moment où ce pays membre de l'UE de 19 millions d'habitants, devenu un pilier essentiel de l'Otan depuis l'invasion russe de l'Ukraine voisine, affiche pour 2024 le pire déficit public des Vingt-Sept (9,3% du PIB) et des difficultés économiques.
La rupture de la coalition pourrait ouvrir la voie à une prise en main du gouvernement par George Simion, alors que les forces d'extrême droite disposent d'un tiers des voix environ au Parlement, s'il est élu le 18 mai.
C'est une décision prise au «pire moment possible» avec un Parlement très fragmenté, selon le politologue Radu Magdin, permettant au camp nationaliste de «capitaliser sur le chaos politique en cours».
«Toute combinaison sera possible» au lendemain du second tour, souligne l'expert, M. Simion ayant notamment évoqué la possibilité de nommer Premier ministre Calin Georgescu. (mbr/ats)