C'est une tradition qui remonte à plusieurs décennies. Chaque année, un grand feu de joie est allumé à Moygashel, un village d’Irlande du Nord. En principe, c'est un moment de réjouissance et de convivialité. Mais cette année, le brasier qui était prévu pour ce jeudi a suscité colère et indignation.
Au sommet du bûcher se trouvent en effet des mannequins vêtus de gilets de sauvetage, et qui ont été installés dans un bateau en bois. Sur celui-ci, une banderole porte l’inscription «Stop the boats», soit «Stoppez les bateaux». Une allusion explicite aux personnes migrantes qui tentent régulièrement de rejoindre l’Europe à bord de canots pneumatiques ou de barques. Une autre banderole affiche:
Des élus de plusieurs bords politiques ont réagi avec véhémence. Le président du parti protestant UUP, Mike Nesbitt, a écrit sur X:
Son collègue Colm Gildernew a ajouté:
Mais qui est donc à l’origine de cette installation très commentée? Il s'agit d'un groupe privé, la Moygashel Bonfire Association. Sur Facebook, l’association a fièrement publié, mercredi, deux photos du bûcher orné du bateau de migrants. Interrogé par la BBC, le comité a expliqué que ce montage ne devait pas être perçu comme «raciste, menaçant ou insultant». Il s’agirait plutôt, selon eux, «d’exprimer notre dégoût face à la crise persistante de l’immigration illégale». Mais le message exact reste flou.
La police s’intéresse désormais elle aussi à l’installation. Un porte-parole a confirmé à la BBC que l’affaire était connue, et faisait l’objet d’une enquête. Il reste donc incertain si le bateau et les mannequins représentant des réfugiés seront réellement brûlés jeudi.
En Irlande du Nord, à l’approche du Orangemen’s Day, célébré le 12 juillet, des feux de joie sont allumés dans plusieurs localités. Cette fête commémore la bataille de la Boyne de 1690, au cours de laquelle le roi protestant Guillaume III a vaincu le catholique Jacques II. Une date symbolique, qui n’est d’ailleurs pas célébrée par l’ensemble des habitants d’Irlande du Nord.
Traduit de l'allemand par Joel Espi