International
Russie

L'état de 510 écoles en Russie fait froid dans le dos

Une ecole effondrée dans la région de Novossibirsk: 510 écoles en Russie sont officiellement considérées comme n'étant plus sûres.
Une école détruite dans la région de Novossibirsk: 510 écoles en Russie sont officiellement considérées comme n'étant plus sûres.Image: Imago

Ces écoliers russes doivent «s'habituer au seau plutôt qu’aux toilettes»

La guerre de Poutine engloutit des milliards, tandis que les bâtiments scolaires russes tombent littéralement en ruine. Dans les provinces, des enfants étudient sous des toits qui s’effondrent et sans installations sanitaires de base.
04.10.2025, 15:5304.10.2025, 15:53
Un article de
t-online

Alors que la Russie a déjà dépensé plus de 200 milliards d’euros pour la guerre en Ukraine, de nombreuses écoles dans les provinces russes se détériorent. Au moins 31 d'entre elles ont perdu, au cours des deux dernières années et pendant le fonctionnement normal, des parties de leurs toits, plafonds ou murs. C’est ce qu’indique un rapport de la plateforme indépendante Meduza, qui s’appuie sur les analyses du réseau médiatique régional 7x7 et du projet de données To Be Exact.

Selon ces informations, près d’un quart de toutes les écoles russes étaient en 2024 dans un état nécessitant des rénovations. Les régions les plus touchées sont Mourmansk, Kirov, Carélie ainsi que la république de Kabardino-Balkarie, où entre 64 et 77% des bâtiments scolaires présentaient des défauts structurels.

Un état de délabrement généralisé

A cela s’ajoutent des déficits criants en matière d’infrastructures de base: dans la république de Touva (au nord-ouest de la Mongolie), plus des deux tiers des écoles n’avaient pas de chauffage central. En Kalmoukie et en Ingouchie (sud), cela concernait plus d’un tiers des établissements.

A l’échelle nationale, 5% des écoles n’avaient ni chauffage ni eau courante, et 6% n’étaient pas raccordées au système d’évacuation des eaux usées. La situation était particulièrement grave au Daghestan (nord-est de la Géorgie) et dans la région de Sakha (Sibérie), où plus de 40% des écoles fonctionnaient sans infrastructures d’assainissement.

510 bâtiments scolaires jugés non sécurisés

Le village de Woloma, en Carélie, à l'est de la Finlande, est décrit par Meduza comme un exemple particulièrement frappant. Pendant un an, les enfants ont dû utiliser un seau comme toilettes de fortune, faute d’eau courante dans les sanitaires de l’école. Selon un activiste local, la direction de l’établissement a justifié la situation en expliquant que les élèves de première année étaient de toute façon «plus habitués au seau qu’aux toilettes».

En 2024, 510 bâtiments scolaires étaient officiellement considérés comme non sécurisés à l’échelle nationale. La république de Touva comptait particulièrement de bâtiments en mauvais état, avec un sur dix jugé inutilisable. Le Daghestan et la région de Sakha suivaient avec respectivement 6% et 5%.

Une école en Russie, où les conditions sont souvent mauvaises.
Une école en Russie, où les conditions sont souvent mauvaises.Image: Imago

Le nombre d’élèves en zone rurale baisse

Irina Abankina, directrice de l’Institut pour le développement de l’éducation à l’Université d’économie de Moscou, a expliqué à Meduza que la majorité des écoles étaient gérées par les communes. Elle précise:

«Les budgets communaux sont très inégalement dotés»

Les écoles rurales, en particulier, ont de faibles perspectives, car elles sont considérées par les autorités comme peu prioritaires. En raison de la baisse des effectifs scolaires, les investissements dans leur rénovation se font souvent rares.

Un autre exemple des conséquences de cette négligence est celui d’une école dans la région de Novossibirsk (Centre-Sud du pays), qui s’est effondrée en septembre. Le bâtiment datait de 1937 et un projet de reconstruction entamé dans les années 1990 n’avait jamais été achevé. Il n’a été repris qu’en 2023, mais les travaux progressent lentement. Les autorités ont désormais annoncé que le nouveau bâtiment devrait être achevé pour l’année scolaire 2026/2027.

Une situation pourtant signalée

Enseignants et élèves ont rapporté que l’Etat de l’ancienne école était préoccupant depuis longtemps: plâtre qui tombe, murs instables et poussière tombant régulièrement faisaient partie du quotidien. Certains parents ont déclaré s’être adressés à plusieurs reprises à la direction de l’établissement, sans obtenir de réponse. D’autres affirment que la directrice elle-même avait alerté les autorités avant l’effondrement.

Un ancien directeur d’école de la même région a déclaré à 7x7 que les chefs d’établissement risquaient des sanctions s’ils insistaient trop pour obtenir des réparations. Les inspections annuelles étaient souvent superficielles et les défauts ignorés. Le portail a rapporté:

«Si un directeur refuse de signer le rapport et exige des réparations avant le début de l’année scolaire, on lui répond: "Alors, nous trouverons quelqu’un d'autre pour signer".»

(Traduit de l'allemand par Tim Boekholt)

Les gosses russes aiment les flingues (à blanc)
1 / 9
Les gosses russes aiment les flingues (à blanc)
Il y a l'enthousiaste...
source: ap / dmitri lovetsky
partager sur Facebookpartager sur X
Ce petit garçon va à l'école en chevauchant un cochon
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
As-tu quelque chose à nous dire ?
As-tu une remarque pertinente ou as-tu découvert une erreur ? Tu peux volontiers nous transmettre ton message via le formulaire.
1 Commentaire
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
1
L'UE pourrait copier la Suisse sur les «steaks végétariens»
Les termes «steak», «burger» ou encore «saucisse» attribués à des produits sans viande n'ont pas la cote chez tout le monde. Une eurodéputée française veut les interdire, ravivant un vif débat en Europe.
«Steak végétal», «saucisse de légumineuses», «jambon végan»... Ces dénominations sont menacées par un vote au Parlement européen mercredi, porté par le milieu agricole qui voit dans les protéines végétales, une menace pour la viande.
L’article