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Guerre contre l'Ukraine

Les mines pourraient devenir le plus grand ennemi de l'Ukraine

L'Ukraine a un nouvel ennemi mortel

En plus des attaques de missiles, l'Ukraine doit craindre de nombreuses mines présentes dans ses sols. Ces charges explosives mortelles risquent de ralentir considérablement l'offensive.
07.07.2023, 06:0507.07.2023, 18:15
Thomas Wanhoff
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Un article de
t-online

La progression ukrainienne dans la contre-offensive pourrait être entravée par des armes petites, mais extrêmement efficaces: les mines. Les forces armées russes en auraient réparti une énorme quantité sur le front et dans des zones qu'elles ont déjà évacuées.

Ce faisant, les mines terrestres sont placées de manière stratégique. On l'a vu récemment à Mala Tomacha, près de Zaporijia, lorsque l'armée ukrainienne a attaqué un champ miné. En effet, malgré des armes spéciales qui font exploser les mines, un char Leopard allemand et d'autres véhicules n'ont pas pu passer, ils ont été repérés et attaqués par les troupes russes.

Un soldat ukrainien sécurise une mine antichar. En plus des attaques de missiles, l'Ukraine doit craindre les terrains minés. Les charges explosives mortelles pourraient ralentir considérablement ...
Un soldat ukrainien sécurise une mine antichar.Image: ministère ukrainien de la Défense

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui-même reconnu il y a quelques jours que les progrès militaires n'étaient pas faciles, car 200 000 kilomètres carrés avaient été minés.

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«La bataille de Mala Tomachka souligne l'importance du déminage dans la phase actuelle de la guerre plus large menée par la Russie contre l'Ukraine. L'attaque ukrainienne a échoué, mais sans les attaques sur le champ de mines, elle aurait échoué plus rapidement», explique l'expert Davi Axe dans le magazine Forbes. Les «MCLC» — l'abréviation de «Mineclearing line charges» («charges explosives de déminage») - ne permettent certes pas de gagner des batailles. Mais elles sont importantes.

Notre article sur les démineurs civils ukrainiens 👇

Plusieurs problèmes

Mark Hertling, un général à la retraite de l'armée américaine, décrit les charges explosives comme «un exemple de l'un des dispositifs techniques à l'apparence pas très sexy qui sont essentiels à la percée».

Le New York times voit «21 miles d'obstacles» qui s'opposent à la contre-offensive ukrainienne. «Hormis les obstacles naturels, des kilomètres de défenses russes – tranchées, barrages antichars et mines – ne permettent aux troupes ukrainiennes d’avancer que progressivement, dans le meilleur des cas», décrit le journal. Et, selon des soldats ukrainiens cités, même si un champ avait été dégagé, les soldats russes ne tarderaient pas à poser de nouvelles mines.

Comme l'a montré l'incident de Zaporijia, le déminage a un inconvénient: il attire l'attention des troupes ennemies. Les explosions et les véhicules minés ne passent pas inaperçus et rendent les troupes qui avancent vulnérables aux attaques aériennes et à l'artillerie.

«Fournir davantage de moyens de lutte contre les mines améliorerait la situation, mais ne résoudrait pas tous les défis. Les Russes utilisent différentes méthodes pour poser des mines, y compris des approches manuelles, mécaniques et à distance, ce qui augmente la complexité, car différents types de mines nécessitent différents types de déminage», décrit un ancien officier ukrainien sur Twitter. Il considère que le minage représente un danger significatif pour les troupes ukrainiennes.

Protéger le matériel

Ces derniers jours, le colonel autrichien Markus Reisner a analysé pour t-online les problèmes de l'armée ukrainienne. Il s'agissait notamment de l'élimination des mines:

«La perte du précieux matériel de déminage, qui joue un rôle encore plus important que les chars de combat, est donc particulièrement dramatique.»

L'Ukraine aurait, toutefois, déjà subi ces pertes sur la ligne d'avant-poste de combat. «C'est cela qui est inhabituel. De même que, contrairement à toutes les suppositions, la riposte des Russes s'est montrée jusqu'à présent très synchronisée et efficace», a déclaré Reisner.

Le Royal united services institute for defence and security studies britannique (Rusi) affirme que la Russie utilise un mélange de mines antichars et de mines antipersonnel. Ces dernières sont certes proscrites au niveau international, mais la Russie n'a pas signé le document. Il y aurait également des signes indiquant que les mines sont de plus en plus utilisées de manière stratégique là où il existe déjà des obstacles naturels. Selon l'institut Rusi, certaines mines sont également distribuées par des lanceurs de missiles.

Il est encore impossible de savoir combien de mines ont été posées par les troupes russes. «Mais c'est sans doute une quantité industrielle», a commenté Michael Newton, chef de l'organisation de déminage Halo en Ukraine, au Moscow times. Outre le danger pour les soldats, les civils sont également concernés, a-t-il ajouté. Le premier ministre ukrainien Denys Chmyhal avait déjà déclaré au journal, en janvier, que la Russie avait créé en Ukraine «le plus grand champ de mines du monde».

Une situation comme après la Seconde Guerre mondiale

L'ONU a comparé le déminage imminent en Ukraine au déminage des explosifs en Europe après la Seconde Guerre mondiale. Le directeur du programme de déminage de l'Organisation des nations unies (ONU), Paul Heslop, a dit mercredi dernier à Genève:

«Ce à quoi nous sommes confrontés en Ukraine ressemble beaucoup à ce à quoi l'Europe a été confrontée à la fin de la Seconde Guerre mondiale.»

Il en a profité pour souligner qu'il a fallu quinze ans à l'Europe pour résoudre le problème. Pour éliminer les mines terrestres qui ralentissent le plus l'économie ukrainienne, Heslop a estimé que le coût annuel pourrait atteindre 300 millions de dollars (environ autant en francs) au cours des cinq prochaines années. L'ONU veut aider Kiev à mener à bien cette tâche.

La vidéo de démonstration du démineur suisse Digger

Vidéo: youtube

(Traduit et adapté par Pauline Langel)

Voici les conséquences de la destruction du barrage de Kakhovka
Video: watson
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