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Ukraine: les conversations téléphoniques des Russes révélées

Un soldat russe sous le feu de l'ennemi.
Un soldat russe sous le feu de l'ennemi.image: telegram

«Ivres, ils ont lancé des grenades»: les conversations des Russes révélées

Ivresse, morts, absence de nourriture: les soldats russes en Ukraine sont confrontés à de nombreux problèmes. C'est ce qui ressort de leurs conversations téléphoniques interceptées. Sélection.
28.01.2023, 07:5428.01.2023, 11:22
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La guerre en Ukraine fait rage depuis bientôt un an. Des images du front nous parviennent quotidiennement. Elles proviennent généralement des soldats eux-mêmes. Des deux côtés, les combattants postent leurs vidéos et leurs clichés du front via Twitter ou Telegram.

Il arrive toutefois que l'on obtienne du matériel publié par des instances supérieures. Ainsi, le service de renseignement ukrainien publie parfois des enregistrements d'écoutes téléphoniques de soldats russes. Ils donnent un aperçu intéressant de ce qui se passe dans les camps russes au front, mais aussi chez eux.

L'authenticité des appels téléphoniques ne peut pas être vérifiée de manière indépendante. Qui téléphone et d'où, cela reste entre les participants de la conversation et le service de renseignements. Néanmoins, voici trois exemples d'enregistrements partagés sur Twitter par le projet indépendant «WarTranslated», dont le but est de traduire en anglais divers documents sur la guerre en Ukraine.

Pour faciliter la compréhension, nous avons réduit au minimum les gros mots.

«Nous vivons dans des trous comme des chiens de merde»

Lors d'un appel téléphonique, un soldat se plaint des conditions sur le front. Les problèmes dont il parle ne sont pas nouveaux: pénurie de nourriture et de personnel et personne ne s'en soucie.

Liocha
Tu dois sortir de là, mec!
Soldat
Oui! Ça fait deux mois que je suis ici, et je ne comprends pas, Liocha, c'est pas la guerre, mais un putain d'enfer.
Soldat
Pas de matériel, pas de soutien, nous vivons dans des trous comme des chiens de merde, dans des putains de fosses, dans des abris, dans toutes sortes de merdes. Et en plus, on nous demande de nous battre!
Liocha
As-tu déjà vu les «Ukrops» (réd: terme péjoratif désignant les Ukrainiens)?
Soldat
Oui, ils ont essayé de venir dans un village où nous étions en train de tout piller, près de Svatovo.
Liocha
Vous pillez aussi?
Soldat
Ecoute, il faut qu'on mange, les provisions n'arrivent pas régulièrement, bon sang. Nous avons été jetés dans cette merde et nous y sommes toujours.
Soldat
Nous sommes restés accroupis pendant deux jours dans la cave d'une maison privée détruite et nous avons mangé des pommes de terre crues. C'est la merde, nous sommes assis là et personne ne veut de nous.

Lorsque ce soldat est arrivé en Ukraine avec son unité, ils étaient encore 240. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 94, dit-il. Chaque jour, ils sont deux ou trois de moins: certains s'enfuient, d'autres sont blessés, d'autres encore meurent.

Au cours de l'entretien, le soldat évoque également une dispute avec sa mère, qu'il a eue lors d'un autre appel téléphonique. Il lui aurait alors parlé de la meilleure façon de le «sortir de là». Sa mère lui aurait répondu sèchement:

«Tu as voulu t'engager dans l'armée, alors vas-y»

«Ils ont jeté des grenades en étant ivres»

Il semblerait que l'armée russe ne soit pas seulement confrontée à des problèmes sur le front, mais aussi à l'arrière. Ainsi, un soldat venant de Mordovie parle de la relève qui, bien que toujours en Russie, a déjà 30 blessés à son actif pour cause de beuverie et d'engelures.

Soldat
On dit que ceux d'Oulianovsk nous remplaceront en janvier, c'est sûr.
Soldat
Et ici, dans notre régiment de Mordovie, nous avons quelques blessés et deux morts ou quelque chose comme ça. Mais ceux d'Oulianovsk ne sont même pas encore en Ukraine et ils en ont déjà 30 (réd: blessés)!
Femme
Bon sang, quoi? Comment?
Soldat
Beuverie, certains sont morts de froid dans l'ivresse, bagarres d'ivrognes...
Femme
*Rire* Donc vous êtes en Ukraine, il ne vous arrive rien, et eux sont à Oulianovsk, en Russie, et ils ont 30 blessés?
Soldat
Je te le dis, c'est le genre de Rambos qui vient ici.
Femme
Que se passe-t-il quand ils viennent chez vous? Est-ce que vous allez vous sauter à la gorge?
Soldat
Hier, ils ont fait feu sur notre première compagnie. Ils étaient ivres et ont lancé des grenades, seize. Ils ont quitté leurs positions et les ont jetées là.
Femme
Je n'arrive pas à y croire.

«Ils les prennent tous»

Dans un autre appel téléphonique, une femme explique à un homme la situation dans son pays. Elle explique que de plus en plus de personnes de son entourage sont incorporées, même si elles n'ont pas l'état de santé nécessaire.

Femme
On ne sait pas exactement ce qui va se passer... J'ai parlé à Katja aujourd'hui, ils prennent tout le monde: les boiteux, ceux qui ont une mauvaise vue, tout le monde!

Katja lui a parlé d'une personne qu'elle connaissait et qui avait été opérée. Dix jours après l'intervention, on était venu la chercher. On serait aussi venu chercher un certain Xenias Bogdan. Elle aurait dit: «Tu ne peux pas aller à la guerre avec ta maladie!» Mais s'il était encore en vie, il devait partir.

Sacha
C'est vrai que... La mobilisation n'est pas encore terminée dans ce cas? Ils continuent à se mobiliser?
Femme
Sacha, ils font venir des tas de gens.

Officiellement, il n'y a pas de deuxième vague de mobilisation pour la soi-disant «opération spéciale». Cependant, les informations faisant état de vastes rassemblements se multiplient.

(cpf/ traduction: nva)

Plus d'images de véhicules russes détruits en Ukraine
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Une partie d'un char russe endommagé dans le village de Mala Rohan, près de Kharkiv, en Ukraine, le 13 mai 2022.
source: sda / sergey kozlov
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