La guerre en Ukraine fait rage depuis bientôt un an. Des images du front nous parviennent quotidiennement. Elles proviennent généralement des soldats eux-mêmes. Des deux côtés, les combattants postent leurs vidéos et leurs clichés du front via Twitter ou Telegram.
Il arrive toutefois que l'on obtienne du matériel publié par des instances supérieures. Ainsi, le service de renseignement ukrainien publie parfois des enregistrements d'écoutes téléphoniques de soldats russes. Ils donnent un aperçu intéressant de ce qui se passe dans les camps russes au front, mais aussi chez eux.
L'authenticité des appels téléphoniques ne peut pas être vérifiée de manière indépendante. Qui téléphone et d'où, cela reste entre les participants de la conversation et le service de renseignements. Néanmoins, voici trois exemples d'enregistrements partagés sur Twitter par le projet indépendant «WarTranslated», dont le but est de traduire en anglais divers documents sur la guerre en Ukraine.
Pour faciliter la compréhension, nous avons réduit au minimum les gros mots.
Lors d'un appel téléphonique, un soldat se plaint des conditions sur le front. Les problèmes dont il parle ne sont pas nouveaux: pénurie de nourriture et de personnel et personne ne s'en soucie.
Lorsque ce soldat est arrivé en Ukraine avec son unité, ils étaient encore 240. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 94, dit-il. Chaque jour, ils sont deux ou trois de moins: certains s'enfuient, d'autres sont blessés, d'autres encore meurent.
Au cours de l'entretien, le soldat évoque également une dispute avec sa mère, qu'il a eue lors d'un autre appel téléphonique. Il lui aurait alors parlé de la meilleure façon de le «sortir de là». Sa mère lui aurait répondu sèchement:
Il semblerait que l'armée russe ne soit pas seulement confrontée à des problèmes sur le front, mais aussi à l'arrière. Ainsi, un soldat venant de Mordovie parle de la relève qui, bien que toujours en Russie, a déjà 30 blessés à son actif pour cause de beuverie et d'engelures.
Dans un autre appel téléphonique, une femme explique à un homme la situation dans son pays. Elle explique que de plus en plus de personnes de son entourage sont incorporées, même si elles n'ont pas l'état de santé nécessaire.
Katja lui a parlé d'une personne qu'elle connaissait et qui avait été opérée. Dix jours après l'intervention, on était venu la chercher. On serait aussi venu chercher un certain Xenias Bogdan. Elle aurait dit: «Tu ne peux pas aller à la guerre avec ta maladie!» Mais s'il était encore en vie, il devait partir.
Officiellement, il n'y a pas de deuxième vague de mobilisation pour la soi-disant «opération spéciale». Cependant, les informations faisant état de vastes rassemblements se multiplient.
(cpf/ traduction: nva)