On le sait, depuis l'attentat du Hamas le 7 octobre dernier, l'impression (et la pression) d'avoir constamment à choisir son camp a littéralement explosé. Scrutées comme personne, les stars du monde entier se retrouvent souvent sous le feu des critiques, qu'ils s'expriment ouvertement ou décident de ne pas le faire.
Exceptions mises à part, et contrairement au conflit complexe qui se déroule au Proche-Orient, l'agression de l'Ukraine par la Russie n'a jamais donné naissance à un franc et violent clivage. Du moins en Occident. Ce qui n'empêche pas la propagande russe de jouer avec l'influence qu'ont les very important people sur leurs groupies. L'objectif est limpide: tenter d'améliorer l'image du maître du Kremlin, en Europe et aux Etats-Unis, en dépréciant méticuleusement le président ukrainien.
Le hic, c'est que les personnalités du sport, de la musique ou du divertissement qui se diraient ouvertement pro-Poutine, ça ne court pas vraiment les rues. La propagande russe, comme souvent, se voit donc dans l'obligation de verser du côté fake de la force. Cette semaine, le projet «Bot Blocker», boutiqué par l'équipe de l'opposant russe Alexeï Navalny, a noté une importante recrudescence d'images trafiquées et de fausses déclarations sur les réseaux sociaux.
Le modus operandi est toujours le même: piquer la photo d'une star, lui inventer une déclaration en défaveur du soutien à l'Ukraine et jeter le tout sur internet à grand renfort de publications (densément) sponsorisées.
Ces plaquettes, démoulées en anglais, français et allemand, se retrouvent ainsi devant les yeux des plus jeunes, souvent scotchés aux avis et conseils de leurs idoles. Ces dernières semaines, la plupart des publications frauduleuses se concentrent sur la volonté de perturber le soutien financier de la communauté internationale à Kiev, mais aussi sur des accusations fallacieuses, comme l'implication des États-Unis dans l'explosion du gazoduc Nord Stream-2.
N'est-ce pas Beyoncé?
Manifestement consciente que le conflit au Proche-Orient «vampirise» désormais l'attention des médias, l'équipe de Navalny a dégotté un nombre grandissant de publications qui accusent désormais l'opinion publique occidentale de se «désintéresser de l'Ukraine».
Les informations de «Bot Blocker» ont été confirmées cette semaine par le média The Insider, qui précise que ce sont des publicités principalement diffusées sur les réseaux du groupe Meta et que, dans la foulée, Mark Zuckerberg «perçoit donc des revenus de cette propagande qui agit sur Facebook ou Instagram».
Enfin, le projet des équipes d'Alexeï Navalny a listé les personnalités qui ont jusqu'ici été la cible des robots russes sur internet. Et, surprise, on retrouve le ministre français Bruno Le Maire, ma foi... plutôt bien entouré.