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Boris Nadejdine, l'opposant que Poutine n'a pas encore éliminé

Il pourrait être élu à la place de Poutine et ça n'inquiète pas le Kremlin

Il défie Vladimir Poutine : Boris Nadejdine n'est encore considéré que comme « l'aspirateur » du Kremlin.
Boris Nadejdine est né en 1963, il a été député de la Douma de 2000 à 2003.
Boris Nadejdine se défend d'être la marionnette du maître du Kremlin. Il a désormais réuni les 100 000 signatures nécessaires et veut se présenter en mars contre le président sortant.
26.01.2024, 06:0126.01.2024, 12:18
Ivan Ruslyannikov / ch media
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Le Kremlin se prépare activement aux élections présidentielles russes qui auront lieu du 15 au 17 mars. Bien que le résultat de ce scrutin semble déjà connu et que la victoire de Vladimir Poutine inévitable, le Kremlin décide qui jouera le rôle de candidat de l'opposition.

Ce rôle est voué à l'échec, et la tâche d'un tel candidat d'opposition proche du Kremlin est de s'emparer des voix des libéraux et de garantir une participation élevée aux élections. En 2012, l'oligarque Mikhaïl Prokhorov a joué ce rôle. En 2018, c'était la star de télé-réalité Ksenia Sobtchak.

Cette année, c'est Boris Nadejdine, un candidat du parti Initiative citoyenne, qui a le plus de chances: ce sexagénaire s'est occupé ces derniers jours de récolter les 100 000 signatures nécessaires pour être admis au scrutin.

Boris Nadejdine, un inconnu à Moscou

Boris Nadejdine est un homme politique russe peu connu. Il a été membre du Parlement russe au début des années 2000, puis membre du parti «Cause de droite» de Mikhaïl Prokhorov. Ces dernières années, il est régulièrement invité dans différents talk-shows de la télévision russe.

Le 27 mai 2023, il a déclaré lors d'une émission sur la chaîne NTV:

«Nous devons choisir une autre direction pour le pays, qui mettra fin à cette histoire avec l'Ukraine»

Fin octobre 2023, Nadejdine a annoncé qu'il participerait à l'élection présidentielle russe.

Nadejdine a été le seul candidat à s'opposer directement à la poursuite de la guerre en Ukraine. Il a qualifié la décision de lancer des opérations militaires «d'erreur fatale» et a déclaré que Vladimir Poutine conduisait le pays «vers une catastrophe». Dans l'interview, il s'oppose à l'opinion largement répandue selon laquelle il serait une marionnette du Kremlin:

«Il suffit d'ouvrir les rapports financiers des candidats pour comprendre qui est une marionnette et qui ne l'est pas»

Toutes les signatures requises sont réunies

Dans la soirée du 23 janvier, le bureau de Boris Nadejdine a annoncé que les 100 000 signatures nécessaires à l'admission aux élections avaient été recueillies. Au cas où, son équipe prévoit de collecter plusieurs dizaines de milliers de signatures supplémentaires, puis de déposer les documents auprès de la Commission électorale centrale. C'est cette autorité qui décidera si Nadejdine peut se présenter ou non aux élections.

Mais c'est bien sûr le Kremlin qui prend la décision finale. La Commission électorale centrale de Russie n'a pas pour mission de compter les signatures, mais d'empêcher les candidats d'opposition vraiment forts de se présenter. Cette autorité a par exemple empêché Alexeï Navalny de se présenter en 2018.

Ces derniers jours, on a pu voir, dans plusieurs villes russes, des files de personnes prêtes à signer pour Boris Nadejdine. En outre, le critique du Kremlin Mikhaïl Khodorkovski ainsi que de nombreux partisans d'Alexeï Navalny se sont prononcés en sa faveur.

Jusqu'à nouvel ordre, Boris Nadejdine peut être utile au Kremlin en tant qu'aspirateur qui absorbe les voix des opposants à la guerre. Que ces voix soient ensuite jetées à la poubelle ou remises au Service fédéral de sécurité dépendra de la capacité de Nadejdine à respecter les limites de ce qui est autorisé.

Nadejdine est manifestement un candidat inoffensif pour le Kremlin: des dizaines de milliers de personnes ne descendront pas dans la rue pour le soutenir, comme ce fut le cas pour Navalny, et au pire, il pourra toujours être réduit au silence.

Traduit et adapté par Noëline Flippe

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source: ap ria novosti russian governmen / dmitry astakhov
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