Il devait être l'un des missiles balistiques russes les plus dangereux et pouvoir transporter des ogives nucléaires jusqu'à 18 000 kilomètres. Mais le RS-28 Sarmat, annoncé par Vladimir Poutine dès 2018, n'est toujours pas en service. Il semble désormais que les développeurs russes aient essuyé un nouveau revers.
Des images satellites du site d'essai russe de Plesetsk Cosmodroms, basées sur des sources accessibles au public, montrent une destruction massive. Selon le magazine américain Newsweek, des travaux auraient été effectués sur la fusée samedi. Les images partagées sur le compte X d'un spécialiste de l'évaluation des photos aériennes montrent un énorme cratère et des dommages sur l'installation d'essai.
Des d'images satellites du site fournies par Planet Labs illustrent ses propos.
My thanks to @MT_Anderson for providing this Planet Labs imagery and allowing me to publish it with comments.
— MeNMyRC (@MeNMyRC1) September 21, 2024
As is readily apparent, the RS-28 Sarmat test was a complete failure. The missile detonated in the silo leaving a massive crater and destroying the test site. The… https://t.co/FuKIaTNFVs pic.twitter.com/AuIpQRrDLa
La fusée est alimentée par un combustible liquide, poursuit le commentaire. L'auteur estime qu'il se pourrait qu'un accident se soit produit lors du ravitaillement. Sur d'autres images, on voit des camions de pompiers se rendre près de l'installation d'essai pour éteindre un incendie dans la forêt. Jusqu'à présent, il n'y aurait eu qu'un seul test réussi de la fusée, et c'était en avril 2022.
Le fait que le missile n'était pas encore prêt à être lancé pourrait également s'expliquer par la non-présence d'un avion de l'Otan. L'avion de reconnaissance «Cobra Ball» est généralement toujours en vol lorsqu'un lancement de missiles russes est imminent. Or, il n'apparaît pas dans les données accessibles au public au moment de l'accident.
Ce dernier incident est le quatrième test infructueux du missile Sarmat, bien qu'il ait déjà été placé en «état de préparation au combat», selon United24Media. La semaine dernière seulement, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov avait déclaré que son pays était «entièrement prêt au combat».
La Russie a besoin de la génération de missiles Sarmat pour remplacer les Voevoda (nom de l'Otan: Satan) actuels. Ceux-ci datent encore des années 1970, selon une analyse du laboratoire d'idée berlinois Carnegie Politika, et étaient considérés comme un engin volant exceptionnel. Le problème, c'est que ce modèle a été développé et produit en Ukraine. La Russie a cherché une alternative et a commencé à développer le Sarmat.
L'année dernière, le président de Roskosmos, Youri Borissov, a annoncé que le Sarmat était déjà en service. Le 5 octobre 2023, Poutine a, toutefois, déclaré que, bien que le missile ait passé tous les tests pertinents, certaines «procédures administratives» devaient encore être achevées avant qu'il ne puisse être produit en masse et remis aux militaires. Il a promis que cela se ferait «dans un avenir proche».
Aujourd'hui, près d'un an plus tard, les essais sont manifestement toujours en cours. Pour Poutine, l'échec de l'essai, mais surtout le fait qu'il ait été rendu public, devrait constituer un nouveau revers dans ses efforts pour présenter la Russie comme un adversaire puissant.
Markus Schiller, spécialiste munichois des missiles, a déclaré au journal Welt que le possible accident du missile Sarmat était la preuve «qu'il n'est pas encore fiable». Il y a manifestement des problèmes plus profonds dans l'industrie russe des missiles, a-t-il ajouté.
Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci