Moscou ne se lasse pas de terroriser l'Ukraine avec des attaques aériennes. Ces derniers jours encore, de grandes villes comme Kiev, Kharkiv ou Dnipro ont été confrontées aux frappes de l'armée russe, lesquelles ont fait plusieurs morts et blessés. Plus de 40 personnes ont été tuées ce mardi à Poltava, a affirmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
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Les choses pourraient encore empirer pour l'Ukraine. Des experts viennent de découvrir une infrastructure particulièrement importante du complexe militaire russe. Sur la base de missiles Vologda-20, ils ont repéré des bunkers souterrains dans lesquels ils pensent que se trouve le Bourevestnik 9M730. Il s'agit d'un nouveau type de missile propulsé par un petit réacteur nucléaire.
Le Bourevestnik («pétrel» en français) aurait des qualités redoutables. Les systèmes de défense antiaérienne adverses ne peuvent pas l'arrêter et son moteur nucléaire refroidi par air lui confère une portée de 25 000 kilomètres - c'est en tout cas ce que prétendent les Russes. Poutine lui-même l'a qualifié d'«invincible».
Vladimir Poutine aime parler d'«armes miraculeuses». Jusqu'à présent, aucune d'entre elles n'a toutefois conduit à des succès extraordinaires sur le champ de bataille, même si Kiev est actuellement en difficulté. L'année dernière, la défense aérienne ukrainienne était encore capable, selon ses propres indications, d'intercepter environ 80% des missiles et des drones russes. En mai de cette année, ce pourcentage a chuté de moitié, selon le New York Times. Et ce, malgré le fait que l'Occident ait mis à disposition du pays davantage de systèmes de défense aérienne.
Selon les experts militaires, le fait que les bombardements russes parviennent encore et toujours à contourner la défense aérienne ukrainienne est dû à la stratégie employée, plutôt qu’à des systèmes d'armement spécifiques. En multipliant les attaques, les Russes parviennent tout simplement à saturer leur adversaire.
L'affirmation de Vladimir Poutine en 2018, selon laquelle un type de missile spécifique, comme le «Kinjal», serait impossible à intercepter, a depuis été réfutée. Selon des experts américains, les Ukrainiens ont réussi à abattre ces missiles en utilisant des systèmes Patriot.
Dans le cas du Bourevestnik, il en serait toutefois autrement. Le missile serait invisible et peut également porter des ogives nucléaires. Il est pour l'instant impossible de savoir à quel stade de développement se trouve cette arme.
En 2023, le dirigeant du Kremlin a affirmé lors d'un discours télévisé qu'un «test final du Bourevestnik» avait été «réussi». Selon des analystes américains, le système serait toutefois encore loin d'être prêt pour la production en série. Lors d'un essai précédent, le missile aurait explosé, tuant une personne.
Comme l'a rapporté Reuters, deux experts américains ont découvert des structures inhabituelles sur le site militaire Vologda-20 en analysant des images satellites de la société PlanetLabs. Le complexe se trouve à environ 450 kilomètres au nord de Moscou. Les images montrent cinq bunkers souterrains ainsi que plusieurs rampes de lancement de missiles séparées par de hauts remparts.
«Il semble que l'installation ait été conçue pour un grand système de missiles stationnaires», a déclaré Decker Eveleth, analyste au centre de recherche Center for Naval Analyses (CNA). «Et le seul système de missiles de ce type sur lequel les Russes travaillent actuellement est Bourevestnik». Son collègue Jeffrey Lewis ajoute que les images «indiquent quelque chose de très unique, de très extraordinaire». Et d'ajouter:
Interrogés par Reuters, ni le ministère russe de la Défense ni son équivalent américain n'ont souhaité s'exprimer. Hans Kristensen, un autre expert militaire de la Federation of American Scientists (FAS), s'est en tout cas montré étonné par les images. Normalement, les ogives nucléaires ne sont pas stockées à proximité immédiate des rampes de lancement, car le risque d'une explosion suivie d'une réaction en chaîne est trop important. Or, la structure inhabituelle de l'installation Vologda-20 semble indiquer que c'est précisément le cas.
Le fait est que les Russes n'ont pas attendu l'invasion de l'Ukraine pour travailler d'arrache-pied à l'amélioration des missiles de croisière existants et au développement de nouveaux, notamment avec l'aide de l'étranger. Il y a quelques jours, Vladimir Poutine a rencontré le gouverneur de la région de Vologda, où se trouve le site d'essai militaire. Selon l'administration régionale, il n'a toutefois été question que du développement socio-économique de la région.
Traduit et adapté par Noëline Flippe