«C'était à l'automne 2019. J'avais 18 ans, je vivais à Saint-Pétersbourg, j'étais profondément déprimée et j'ai dû aller à l'hôpital. C'est à cette époque que j'ai rencontré une autre fille...». Ainsi débute le témoignage de cette jeune Russe de Saint-Pétersbourg, Masha, dans les colonnes du média d'investigation The Insider.
«Je me suis dit "D'accord, allons-y", même si je n'avais pas tant besoin d'argent que ça.»
Dans son récit, corroboré par un représentant d'un syndicat de travailleurs du sexe en Russie, la jeune femme revient en détail sur sa rencontre avec l'ex-homme fort du Kremlin, Evgueni Prigojine, il y a presque quatre ans.
Depuis l'échec de son coup d'Etat, en juin dernier, et son exil en Biélorussie, de plus en plus de détails sur les habitudes et la vie privée mouvementée du chef de la milice Wagner émergent dans les médias – de ses armoires remplies de déguisements et de perruques, à son harem dans un hôtel de Saint-Pétersbourg.
Avant d'être présentée à Prigojine, Masha fait la connaissance de sa proxénète, dans un café de l'avenue principale de Saint-Pétersbourg. Une «trentenaire aux cheveux noirs» qui lui annonce qu'elle doit d'abord passer par la clinique Sogaz, de l'autre côté de la rue, afin de «vérifier sa virginité».
A l'accueil, elle a pour instruction de donner un simple mot de passe: «Sports féminins».
Sitôt son «hymen inspecté» et sa virginité confirmée par un médecin, Masha est conduite directement vers un hôtel à l'ouest de la ville, le Solo Sokos.
Selon Masha, l'établissement réservait toujours une poignée de chambres pour «Prigojine et ses filles». Un harem où de très jeunes femmes, souvent à peine majeures, tournent régulièrement, selon le représentant du syndicat des travailleurs du sexe à The Insider. «Il y avait toujours des gens pour les superviser», précise encore Masha.
Selon les sources du média d'investigation, la prédilection de Prigojine pour des partenaires encore vierges tient au fait que cela «prolongerait sa jeunesse». «Il avait des relations sexuelles sans préservatif», précise encore la source syndicale d'Insider, «car il pensait que c'était ainsi qu'il échangeait de l'énergie, des fluides. C'est comme s'il recevait une charge de vitalité de leur part».
En «état de choc», Masha est conduite dans l'une des chambres de l'hôtel pour patienter. Après s'être trompé de chambre, Prigojine entre enfin. «Il a frappé à la mauvaise porte, il a cru que je n'ouvrais pas. Il s'est mis en colère. Lorsqu'il s'est rendu compte de son erreur, il a ouvert.»
Une information confirmée par la source du syndicat du sexe, sur la base de témoignages d'autres prostituées. Prigojine se serait, en effet, fait implanter des sphères métalliques dans le prépuce de son «très petit» organe. Des dispositifs qui, selon lui, améliorent ses propres prouesses sexuelles et le plaisir de ses partenaires. Mais qui, en fait, auraient rendu les rapports sexuels «douloureux» pour les femmes.
Lorsque Prigojine prend congé de Masha. Constatant l'expression maussade de son visage, il lui demande d'«être plus gentille». Puis, «il a juste laissé l'argent en tas sur une chaise. Il y en avait pour 100 000 [roubles]. J'ai dû en prendre 40 000 pour moi et 60 000 pour la proxénète», conclut la jeune femme.
Selon The Insider, Masha n'est que l'une d'innombrables femmes que Prigojine a visitées au Solo Sokos, où ses subalternes conservaient «une réserve». Des vierges aussi surnommées sordidement «shampoing», car, comme les bouteilles jetables que l'on trouve dans les salles de bains des hôtels, «on les ouvre et on les jette». (mbr)