L'affaire qui a suscité une vive indignation en Russie et à l'étranger s'enrichit d'un nouvel épisode. Mardi, Alexeï Moskaliov a été condamné à deux ans de prison. Officiellement, en raison de ses publications sur les réseaux sociaux, où il aurait critiqué la guerre en Ukraine. Selon plusieurs observateurs, pourtant, la vraie raison serait une autre: en 2022, sa fille âgée de 12 ans avait réalisé un dessin contre le conflit. Elle a été placée dans un foyer pour enfants.
Or, quelques heures avant sa condamnation, ce père russe de 54 ans a disparu de son domicile, rapporte mercredi Reuters. On ne sait pas où il se trouve actuellement. Un avocat spécialisé dans les droits de l'homme, Dmitry Zakhvatov, a déclaré mercredi que Moskaliov avait pris contact avec lui et lui avait envoyé une copie d'une lettre que sa fille, Masha, lui avait écrite depuis le foyer.
Interrogé à ce sujet, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a qualifié Alexeï Moskaliov de «mauvais père», déplorant «une situation très déplorable en ce qui concerne l'exercice des fonctions parentales».
Un autre influent homme russe s'est exprimé sur l'affaire, mais en formulant un avis diamétralement opposé: Evgueni Prigojine. Dans une lettre adressée au procureur de la région de Toula, où s'est tenu le procès, le puissant chef du groupe Wagner estime que la condamnation de Moskaliov est «injuste», surtout si l'on considère que sa fille «sera obligée de grandir dans un orphelinat».
Prigojine a en outre demandé au procureur de revoir le verdict et a demandé que des avocats associés à Wagner soient autorisés à travailler avec la défense de Moskaliov. «Je suis prêt à accepter toute aide susceptible d'aider mon client», a réagi l'avocat de ce dernier, tout en émettant des doutes sur les motivations de Prigojine.
La méfiance de l'avocat d'Alexeï Moskaliov est justifiée, du moins selon les spécialistes du centre de réflexion américain «Institute for the Study of War» (ISW), qui commente:
S'il a décidé de prendre position dans cette histoire, poursuit l'ISW, c'est pour chercher à maintenir son importance au niveau national, à promouvoir la réputation du groupe Wagner et à améliorer son image personnelle.
«Il est donc probable que Prigojine ait profité de la couverture médiatique de l'affaire pour renforcer sa propre réputation et défendre sa milice privée, notamment en choisissant de mettre en avant le sort des orphelins des combattants de Wagner qui meurent en Ukraine», conclut le centre de réflexion. (asi)