«C'était une petite enfant, elle avait cinq ou six ans. Et j'ai tiré.» Ces descriptions dramatiques ont été publiées par le projet russe de défense des droits de l'homme Gulagu.net, documentant ainsi les crimes de guerre présumés des troupes russes en Ukraine. Les propos ont été tenus par un ancien mercenaire du groupe Wagner, engagé dans la guerre en Ukraine, à Bakhmout entre autres.
Sur Youtube, on peut voir la vidéo du récit de l'homme en question, qui se nomme Asmat Uldarov. Il déclare:
Il est impossible de vérifier l'authenticité de la vidéo du 17 avril, mais le projet de recherche de Vladimir Ossetchkine est connu pour ses révélations et ses publications critiques à l'égard du gouvernement. Des crimes de guerre sont régulièrement commis dans le cadre de l'invasion russe de l'Ukraine, mais les aveux de ce type restent rares.
Dans la vidéo, un deuxième ex-combattant du nom d'Alexeï Savitchev prend la parole. Lui aussi admet avoir commis des atrocités. Alexeï Savitchev raconte qu'en janvier 2023, à Bakhmout, il a jeté 30 grenades dans une fosse remplie de Russes et d'Ukrainiens tués et blessés, puis a brûlé les corps. L'ex-détenu reconnaît également avoir tué sur ordre dix jeunes et plus de 20 Ukrainiens non armés.
Les deux anciens mercenaires auraient été graciés par un décret du dirigeant russe Vladimir Poutine afin de partir en guerre pour l'unité Wagner. Selon le journal russe en exil Novaïa Gazeta, ils occupaient des postes de direction au sein du groupe de mercenaires, considéré comme particulièrement brutal.
Vladimir Ossetchkine, le fondateur du projet de recherche, indique que les aveux des deux combattants de Wagner ont été filmés en Russie. Ils auraient chacun passé six mois à la guerre et seraient rentrés en Russie avec de l'argent et des médailles «pour leur bravoure», écrit le militant des droits de l'homme.
Alexeï Savitchev a expliqué à Gulagu.net avoir voulu «changer d'air», après une trentaine d'années passées derrière les barreaux. Il s'est donc engagé dans le groupe Wagner. Il raconte:
«La main sur le cœur», a-t-il poursuivi, il a vu 70 détenus qui refusaient de se battre être abattus sous ses yeux par un peloton d'exécution. La raison pour laquelle les deux hommes se sont exprimés auprès de Vladimir Ossetchkine n'est pas claire. Le fondateur du projet soutient qu'ils ont agi par mauvaise conscience.
Le parquet général d'Ukraine a annoncé sur son canal Telegram qu'il allait examiner les publications concernant des crimes présumés contre des civils ukrainiens. Une procédure pénale a été ouverte contre le chef de Wagner, Evgueni Prigojine, et son unité.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder