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Ukraine: ce que pourrait cacher les accusations de la Russie

FILE - Russian Defense Minister Sergei Shoigu, right, and Head of the General Staff of the Armed Forces of Russia and First Deputy Defense Minister Valery Gerasimov listen to Russian President Vladimi ...
Sergueï Choïgou (à droite) fait des vagues avec ses affirmations sur les armes nucléaires.image: keystone

«Bombe sale»: voici ce qui pourrait se cacher derrière les accusations de Moscou

Moscou a accusé l'Ukraine d'être en train de planifier une opération sous fausse bannière avec une «bombe sale». Kiev et l'Occident ont rejeté ces allégations en bloc.
24.10.2022, 11:5224.10.2022, 12:26
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Les accusations de Choïgou

Dimanche après-midi, on a appris que le ministre russe de la défense Sergueï Choïgou avait appelé ses homologues en Grande-Bretagne, en France et en Turquie. A cette occasion, il a affirmé que le gouvernement ukrainien préparait une attaque avec une bombe non conventionnelle et qu'il voulait en faire porter la responsabilité aux Russes. L'objectif serait ainsi de discréditer la Russie aux yeux de l'opinion publique mondiale.

Pour ce faire, les Ukrainiens voulaient utiliser une «bombe sale», a encore affirmé le ministre russe de la défense. Cette expression désigne les engins explosifs traditionnels qui contiennent du matériel radioactif et qui ont donc un grand potentiel de dommages.

Choïgou a fait part aux puissances nucléaires européennes «de son inquiétude quant à d'éventuelles provocations de l’Ukraine» avec une telle bombe, a fait savoir le ministère russe de la Défense.

L'agence de presse étatique russe a souligné les affirmations de Choïgou par une information selon laquelle Kiev aurait de fait achevé la mise au point d'une petite bombe nucléaire tactique.

La réaction de Zelensky

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rapidement réagi aux accusations de la Russie et les a fermement rejetées. Zelensky a même indiqué que la Russie préparait probablement elle-même «quelque chose de sale» si elle lançait de telles accusations. C'est ce qu'il a déclaré lors de son allocution vidéo de dimanche soir.

Ukrainian President Volodymyr Zelenskyy, attend a news conference with Swiss President Ignazio Cassis after their meeting in Kyiv, Ukraine, Thursday, Oct. 20, 2022. (AP Photo/Efrem Lukatsky)
Volodymyr Zelensky a fermement rejeté les accusations russes.image: keystone

«Il y a une seule personne qui peut utiliser des armes nucléaires dans notre partie de l'Europe», a poursuivi Zelensky, faisant allusion à Vladimir Poutine. Pour lui, le monde doit faire savoir clairement qu'il n'est pas prêt à avaler de telles accusations «sales».

Les réactions occidentales

L'Occident a réagi avec beaucoup de scepticisme aux accusations de Moscou. Le ministre de la Défense Ben Wallace a rejeté les affirmations russes et affirmé qu'elles ne devaient pas servir de prétexte à une nouvelle escalade.

epa10240624 British Defense Minister Ben Wallace (L), during a family picture at the second day of a NATO Council Defense Ministers at the Alliance headquarters in Brussels, Belgium, 13 October 2022.  ...
Le ministre britannique de la Défense Ben Wallace appelle à la désescalade.image: keystone

Le secrétaire d'Etat américain Anthony Blinken a réagi de manière similaire, en rejetant les allégations de Choïgou. Il a parlé avec le ministre ukrainien des affaires étrangères Dmytro Kouleba et lui a assuré le soutien des Etats-Unis. Il a en outre qualifié les déclarations russes de «fausses allégations».

Ce qui pourrait se cacher derrière ces affirmations

Les affirmations de Choïgou suscitent à nouveau la crainte en Occident que la Russie puisse mener des actions militaires, en l'occurrence l'utilisation d'une telle bombe sale, au nom de l'Ukraine, afin de pouvoir justifier de nouvelles attaques de sa part.

Il est prouvé que de telles insinuations sont un moyen apprécié de la conduite de la guerre russe pour légitimer ses propres actions. Au début de la guerre, Poutine a ainsi avancé l'argument d'une nécessaire «dénazification» en Ukraine pour justifier son «opération militaire spéciale». De même, les accusations selon lesquelles l'Ukraine produisait secrètement des armes biologiques et voulait les utiliser ont nourri à l'époque les craintes d'une opération sous fausse bannière.

Les appels d'avertissement de Choïgou pourraient donc avoir un arrière-plan stratégique. Selon les observateurs, il est également possible que Moscou veuille à nouveau attiser les craintes de l'Occident quant à l'utilisation d'armes nucléaires en procédant de la sorte.

Dmytro Kouleba partage cet avis. Il a écrit sur Twitter qu'il s'était entretenu avec son homologue américain Anthony Blinken et qu'ils étaient d'accord sur le fait que les déclarations de Choïgou pourraient ouvrir la voie à une opération sous fausse bannière.

Ces derniers jours, Moscou n'a par ailleurs cessé de mettre en garde contre une attaque ukrainienne de grande envergure sur la ville disputée de Kherson, dans le sud du pays, et a appelé la population ukrainienne à quitter la région. Les analystes ont également considéré cela comme un indice possible que la Russie planifiait elle-même une action militaire d'envergure dans la région concernée.

Il est en revanche très improbable que l'Ukraine prévoie réellement d'utiliser des armes nucléaires, comme l'affirment les Russes, étant donné que le pays s'est débarrassé de tout son matériel de guerre nucléaire après la chute de l'Union soviétique. (con/ats/dpa)

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