Les élections présidentielles russes ont débuté dans les territoires ukrainiens occupés par la Russie. Depuis fin février, des milliers d'habitants des régions ukrainiennes de Louhansk, Donetsk, Zaporijia et Kherson sont contraints de déposer leur bulletin de vote dans l'urne. Comme en Russie, ces élections sont considérées comme des élections fictives et sont contraires au droit international dans les territoires ukrainiens.
Afin de s'assurer que le plus de citoyens des régions de l'est de l'Ukraine occupées par la Russie votent, le Kremlin a recours à ce qu'il considère comme une méthode qui a fait ses preuves.
«Des locaux pro-russes se rendent dans les foyers avec des urnes, accompagnés de militaires armés», rapporte un habitant à la BBC britannique.
Mais tous ne s'en tirent pas si bien. Fin février, le conseil des Droits de l'homme a par exemple rapporté que plusieurs personnes avaient été arrêtées à Zaporijia après avoir refusé de participer à ces élections fictives.
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«C'est ridicule. Quel genre d'élection est-ce là, lorsque deux habitants, l'un avec une liste électorale et l'autre avec une urne, et un militaire armé d'une mitrailleuse sont présents?» déclare le résident à la BBC.
Une méthode qui a aussi été soulignée par les médias d'opposition comme la chaîne de télévision russe tvrain, notamment sur Instagram.
Déjà à l'automne 2022, le Kremlin a contraint les habitants de Louhansk, Donetsk, Zaporijia et Kherson à voter de cette manière. Sous la menace d'armes à feu dans certains cas, ils ont dû se prononcer en faveur de l'adhésion à la Russie. Les référendums qui ont eu lieu peu de temps après la conquête violente des territoires ukrainiens étaient considérés comme contraires au droit international. De nombreux pays, y compris les Etats membres de l'UE, ne les reconnaissent pas.
Cependant, depuis lors, il semble que des processus de russification systématique se déroulent dans ces régions, selon les observateurs. Entre autres choses, les citoyens ukrainiens sont de plus en plus souvent contraints d'adopter la citoyenneté russe. Comme l'a indiqué le ministère britannique de la Défense dans son rapport quotidien de situation lundi, les personnes qui n'ont pas encore procédé à ce changement se voient «restreindre l'accès aux services, y compris aux services sociaux et de santé».
Selon le ministère russe de l'Intérieur, sous cette pression, 2,8 millions d'habitants auraient déjà obtenu un passeport russe. Cependant, cela ne peut actuellement pas être vérifié de manière indépendante.
Une réélection de Poutine au Kremlin est considérée comme assurée, quelle que soit l'issue réelle du vote des citoyens. Les observateurs externes sont limités dans leur accès aux élections russes qui sont souvent considérées comme des simulacres. De plus, un système de vote électronique a été introduit, considéré par les observateurs comme propice aux manipulations.
Par ailleurs, le Kremlin réprime toute critique de sa politique depuis des années. Les opposants ont été arrêtés ou forcés à l'exil, et la critique de la guerre russe contre l'Ukraine est sévèrement sanctionnée. Ainsi, Poutine est théoriquement assuré de conserver le pouvoir jusqu'en 2036.
Cependant, le Kremlin mise sur une forte participation électorale pour donner l'impression que Poutine bénéficie d'une grande popularité auprès de la population russe. Poutine lui-même souhaite une participation électorale de plus de 80%. Ainsi, même en Russie, la population est soumise à des pressions pour aller voter. Le Kremlin contraint les employés de grandes entreprises ou les membres de partis, par exemple, à voter. De plus, ils sont censés mobiliser un certain nombre de membres de leur famille pour participer au simulacre d'élection.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)