Une influenceuse politique suisse, particulièrement suivie par la communauté africaine, est soupçonnée de propager de la désinformation et des messages pro-russes, révèle la RTS ce jeudi.
Surnommée «La Dame de Sochi», Nathalie Yamb est née à La Chaux-de-Fonds (NE) et réside désormais à Zoug. Agée de 53 ans, la Suissesse et Camerounaise compte plus d'un million de followers sur ses divers réseaux sociaux, dont une partie plébiscite ses messages. Son créneau? Dénoncer la présence des militaires français en Afrique et toute forme de colonialisme, et se battre pour la souveraineté du continent africain.
Cependant, ce sont ses positions pro-russes qui ont attiré l'attention des administrations française et américaine, lesquelles la soupçonnent d'être une influenceuse pro-Poutine, payée pour diffuser et relayer du contenu.
Le 19 mars dernier, l'activiste s'est exprimée en faveur d'un nouvel ordre mondial à la conférence parlementaire Russie-Afrique, à Moscou. Elle y a accordé une interview au média russe Sputnik, considéré comme un canal de propagande et de désinformation de la Fédération de Russie et interdit par l'Union européenne.
Et depuis l'invasion de l'Ukraine, l'activiste suisse publie de nombreux messages sur ses plateformes reprenant les arguments du kremlin:
Les occidentaux savent parfaitement que l’Ukraine est truffée de néonazis. Ça ne les gêne pas plus que cela. Ce sont les mêmes pays occidentaux qui s’abstiennent lorsque qu’une résolution est présentée à l’ONU pour interdire la glorification du nazisme, néonazisme, xénophobie
— Nathalie Yamb (@Nath_Yamb) May 21, 2022
En décembre 2019, Nathalie Yamb avait en outre été expulsée de Côte d'Ivoire et mise dans un avion à destination de Zurich pour des activités politiques jugées «incompatibles avec l'intérêt national».
La youtubeuse est désormais «persona non grata» en France, où le ministère de l'Intérieur a émis une interdiction de territoire. En septembre dernier, la Raiffeisen a fermé ses comptes bancaires du jour au lendemain. Et, en novembre 2022, le Département d'Etat américain l'accusait à son tour d'être «une colporteuse très prolifique de désinformation" en Afrique et "un maillon essentiel de la galaxie d'Evgueni Prigojine"», indique la RTS.
Le média suisse s'est penché sur les faits probants reliant la Suissesse au tristement célèbre fondateur du groupe paramilitaire Wagner, lequel est très actif - notamment sur les réseaux sociaux - en Afrique, et est militairement impliqué en Ukraine. Et c'est la participation de Nathalie Yamb comme experte à des conférences organisées par une association appelée AFRIC (Association for Free Research and International Cooperation) en Allemagne et en Russie que la RTS a épinglée comme «drapeau rouge»:
Impossible, pour l'heure de remonter la trace de financements, mais il est notoire que l'AFRIC «paie des experts en cryptomonnaie pour publier des informations favorables à la Russie», précise encore la RTS.
Contactée par cette dernière, la principale intéressée réfute être «un jouet de Moscou», et assure vivre des dons offerts par ses abonnés. «Je n'ai jamais été financée ni par AFRIC, ni par Wagner, ni par Monsieur Poutine», s'est-elle défendue. Et d'ajouter avec ironie: «je lance un appel ici: si quelqu'un sait où est le compte où arrivent ces financements, je suis preneuse!»
Depuis plusieurs mois, Nathalie Yamb et certains membres de sa famille ont reçu des courriers furieux émanant de sources anonymes, a-t-elle dénoncé. L'activiste aurait même reçu plusieurs menaces de mort.
Son portrait est à découvrir ce jeudi 23 mars dans l'émission Temps Présent sur la RTS: «Nathalie Yamb, une Suissesse influenceuse de Poutine?».
(jod)