Donald Trump est déçu par Vladimir Poutine. «Poutine nous raconte un tas de conneries», a-t-il déclaré.
La patience du président américain semble être à bout. Lundi, il a annoncé un réarmement massif de l'Ukraine et donné à son homologue russe 50 jours pour trouver un accord et mettre un terme à la guerre, sous peine de sanctions douanières.
Cette volte-face de Trump dans sa relation avec la Russie a un poids particulier. Pendant des années, le Kremlin – et avec lui sa machine de propagande – le considérait comme un allié, un dirigeant qui témoignait à Vladimir Poutine le respect et l’admiration qu’il estimait mériter.
On allait même jusqu’à voir en Trump un interlocuteur à la hauteur du «commandant en chef des forces armées russes», comme les propagandistes s’évertuent à nommer Poutine. Et voilà maintenant que Trump se permet de telles critiques?
Quiconque a regardé la télévision russe ces dernières semaines a pu constater, à travers un changement de ton rhétorique, les fissures dans la relation entre Poutine et Trump. Mais désormais, la propagande a officiellement annoncé la fin de cette liaison politique. Vladimir Soloviev, figure centrale de la propagande du Kremlin, a déclaré dans son émission du soir:
Dans le langage de la propagande russe, rien n’est plus insultant que d’être comparé à l’ancien président américain. Biden incarne depuis des années l’image d’un Occident «faible et en décomposition». Trump, lui, représentait l’un des rares espoirs. Ce n’est plus le cas.
Dans le journal télévisé Vesti de 20 heures, diffusé sur Rossiya 1, les propos récents de Trump ont été présentés comme le signe qu’il aurait compris que «le conflit en Ukraine ne se déroule pas selon son propre scénario»:
Le revirement de ton à l’égard de Trump a dominé les bulletins d’information ces derniers jours. Sur toutes les chaînes, le message est identique : Trump n’est plus crédible. Dmitri Medvedev, ancien président russe et fidèle soutien du Kremlin, a résumé ce nouveau cap avec ironie : « L’Américain se balance encore sur sa chère balançoire politique. Que faut-il en penser ? Rien du tout », a-t-il écrit sur Telegram, son réseau favori.
Dans les talk-shows politiques, une question revient: «L’idylle avec les États-Unis est-elle terminée?» Sur la chaîne Tsargrad, un invité réplique
Mercredi dernier, la chaîne américaine CNN a publié des enregistrements audio datant de 2024, dans lesquels Trump raconte qu’il aurait menacé Poutine de bombarder Moscou en cas d’attaque contre l’Ukraine. Poutine aurait répondu qu’il ne le croyait pas. «Mais il m’a cru à 10%», a dit Trump.
Après cette révélation, Soloviev est monté au créneau, avec la virulence qu’on lui connaissait déjà sous la présidence Biden. Evoquant un scénario d’attaque nucléaire contre les Etats-Unis, il a menacé:
Même les bots pro-Kremlin ont rejoint la campagne de propagande contre Trump. Sur le réseau social russe VKontakte, 2207 commentaires sur les déclarations de Trump ont été publiés en seulement 24 heures, comme l'indique le projet «Botnadzor» de la plateforme indépendante russe Agentstvo. Les trolls ont qualifié Trump d'«idiot» qui «parle dans le vide», et se sont moqués de sa supposée «bipolarité».
«Il veut juste de l’argent, évidemment qu'il bluffe et qu'il ne fera jamais rien», disait un commentaire. «Il aime juste parler pour rien dire. Ce ne sera pas la première fois, n’est-ce pas?», écrivait un autre utilisateur, suivant parfaitement la ligne dictée.