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Moscou accuse Kiev de tirer sur des civils russes: décryptage

Moscou accuse Kiev de tirer sur des civils russes: manipulation ou réalité?

La dernière attaque de missiles dans la zone frontalière russe avec l'Ukraine a fait des victimes en Russie même. Les autorités russes accusent les Ukrainiens qui disent ne rien savoir.
06.07.2022, 05:5206.07.2022, 05:52
Hans-Caspar Kellenberger / ch media
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Selon les autorités, au moins quatre personnes seraient mortes et quatre autres auraient été blessées lors de la dernière attaque présumée de missiles sur la ville russe de Belgorod. En outre, la région de Koursk, située un peu plus au nord, a apparemment également été bombardée. Aucune attaque sur le sol russe n'avait encore fait autant de victimes pendant la guerre en Ukraine.

Viatcheslav Gladkov, gouverneur de la région de Belgorod, a déclaré sur le service en ligne Telegram que la ville avait été secouée, tôt dimanche matin, par «plusieurs explosions violentes». Onze immeubles d'habitation et 39 maisons auraient été endommagés par l'attaque à la roquette. Plusieurs vidéos sur Twitter montrent une violente explosion dans la ville. L'origine de l'explosion n'est pas claire.

Des tirs répétés dans les régions frontalières russes

Le fait est que Belgorod est régulièrement secoué par des explosions, des incendies et des attaques aériennes, depuis que la Russie a entamé sa guerre d'agression contre l'Ukraine, le 24 février. Ce n'est pas la première fois que cette ville située à peine à 50 kilomètres de la frontière ukrainienne a été attaquée. Le 1ᵉʳ avril déjà, un dépôt de pétrole de l'entreprise d'Etat russe Rosneft près de Belgorod a été vraisemblablement bombardé par des hélicoptères.

Belgorod et Koursk ne sont, toutefois, pas les seules régions et villes russes proches de la frontière avec l'Ukraine à avoir signalé des tirs répétés depuis le début de la guerre. La ville de Brjansk, où deux incendies importants se sont déclarés fin avril dans des dépôts pétroliers, dont l'origine n'a toujours pas été élucidée, a également signalé plusieurs attaques contre des villages des environs.

En juin également, des tirs ont fait des blessés à Brjansk. Des communications du même type sont venues de la grande ville de Voronej, située au nord-est de Belgorod, ainsi que de la Biélorussie, qui aurait intercepté des missiles dimanche dernier. Celles-ci auraient également été tirées depuis le territoire ukrainien.

La Russie dénonce une attaque délibérée contre des zones résidentielles

Ces derniers mois, le ministère russe de la Défense a régulièrement accusé l'armée ukrainienne de bombarder la zone frontalière russe. Et ceci dans le but stratégique de faire porter à l'Ukraine le rôle d'agresseur.

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Concernant les récentes attaques à Belgorod et à Koursk, il est dit que l'Ukraine a «mené une attaque délibérée avec des missiles Totchka-U à sous-munitions ainsi qu'avec des drones de combat.» Ces accusations ne se laissent néanmoins pas être confirmées de manière indépendante. Le ministère russe des Affaires étrangères voit dans cette attaque une provocation délibérée de l'Occident:

«Nous pensons que ces actions ont été approuvées par l'Occident. C'est fait pour nous pousser à des représailles de ce genre, afin d'alimenter ensuite l'hystérie antirusse.»

Opération sous faux pavillon?

Aucune déclaration officielle n'a été faite par Kiev. On dit seulement que la Russie a déjà menti par le passé lors d'incidents similaires. Un porte-parole du ministère ukrainien de la Défense a déclaré à la BBC:

«Notre service de sécurité a écouté de nombreuses fois des conversations téléphoniques entre les soldats russes, ce qui prouve que ce genre d'activités sont parfois des provocations de la part de la Russie elle-même.»

Un autre responsable ukrainien a déclaré que les débris de missiles encastrés dans un immeuble d'habitation endommagé à Belgorod provenaient d'un système de défense antiaérienne russe Panzir, que l'Ukraine elle-même ne possède pas.

D'énormes panaches de fumée sur la ville russe de Briansk fin avril. La Russie a également blâmé l'Ukraine pour les incendies dans deux installations de stockage de pétrole.
D'énormes panaches de fumée sur la ville russe de Briansk fin avril. La Russie a également blâmé l'Ukraine pour les incendies dans deux installations de stockage de pétrole.Image: keystone

La Russie voudrait justifier ses propres crimes de guerre en Ukraine. La Russie tire-t-elle, désormais, même sur ses propres zones résidentielles, uniquement pour avoir un prétexte à de prétendues actions de représailles en Ukraine? Lors de l'attaque du dépôt pétrolier de Belgorod, début avril, l'état-major ukrainien a également rejeté les accusations de la Russie et déclaré qu'il s'agissait d'une attaque mise en scène sous un faux pavillon.

Avant les grands incendies dans les dépôts pétroliers de la ville de Briansk fin avril, le journaliste ukrainien Roman Tsymbaliuk a signalé que des militaires russes avaient reçu l'ordre d'évacuer leurs familles de la région. Les observateurs ont interprété cela comme une préparation à une opération trompeuse.

Les récentes explosions à Belgorod ne permettent pas d'exclure une opération sous fausse bannière ou une attaque de missiles ukrainiens. Ce qui est sûr, c'est que ni le missile Totchka-U ni le missile Panzir ne proviennent d'un arsenal de l'Otan. Le premier est un missile sol-sol de conception soviétique et le missile Panzir appartient à un système moderne de défense antiaérienne à courte portée russe. (aargauerzeitung.ch)

Article traduit de l'allemand par Léa Krejci

Cette carte animée montre tous les bombardements russes en Ukraine
Video: watson
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