Vladimir Poutine perd des milliers de soldats sur le front dans la guerre en Ukraine. Dernièrement, 70 000 hommes auraient été tués ou blessés en l'espace de deux mois. Mais les pertes ne sont pas le seul problème pour le dirigeant du Kremlin. Car les soldats qui rentrent de leur service au front montrent des difficultés à se réinsérer, rapporte le site d'information russe indépendant Meduza. Un phénomène qui commence même à préoccuper le Kremlin.
Selon ces informations, de nombreux rapatriés auraient commis des crimes violents et il n'y aurait pas assez de psychiatres pour traiter les troubles post-traumatiques. D'après Meduza, l'équipe du président est consciente des risques que représentent les rapatriés et redoute que la société russe ne soit pas prête à les accueillir.
Le chef adjoint de l'administration présidentielle russe, Sergei Kirijenko, a reconnu lors d'une réunion officielle que les anciens soldats se réintègrent mal. Rappelons que nombre d'entre eux étaient des criminels qui avaient bénéficié d'une remise de peine pour avoir servi pendant la guerre. De retour dans leur pays, ils auraient à nouveau commis des délits, notamment des meurtres et des viols.
L'une des personnes présentes à la réunion s'est confiée à Meduza:
L'ensemble des soldats russes ont vécu des situations extrêmes et ont vu ce qu'il se passait lorsque les lois ne sont pas appliquées dans un pays. Comme la guerre est lointaine pour de nombreux Russes, ils n'en savent pas grand-chose de ces traumatismes. C'est une situation différente de celle qui a suivi la Seconde Guerre mondiale. Sergei Kirijenko, ancien premier ministre russe, souligne:
Selon des sources de Meduza, cela pourrait conduire à la formation de nouveaux groupes de criminels qui pourraient représenter une menace pour la société. L'activiste moscovite pour les droits des femmes Aljona Popowa avait déjà indiqué l'année dernière dans une interview qu'il fallait de toute façon s'attendre à des troubles post-traumatiques chez chaque personne revenant de la guerre.
La menace est encore plus grande chez les soldats qui se sont déjà montrés violents avant de partir au front. Beaucoup de ces rapatriés sont animés d'un désir de vengeance, dirigé contre les représentants de l'Etat et, de manière générale, contre ceux qu'ils accusent de les avoir envoyés en camp de détention.
L'année dernière, le Kremlin a réagi à sa manière aux rapports sur les délits commis par d'anciens soldats. Selon les recherches de Meduza, une instruction a été donnée aux médias de ne plus en parler.
Mais apparemment, ce ne sont pas seulement les informations des médias qui provoquent l'inquiétude de la population. La masse de soldats rentrant à la maison suffit à rendre le phénomène très visible. La réunion tenue par Sergei Kiriyenko pourrait être le signe que le Kremlin a pris conscience du problème. Reste à savoir quelles conséquences en seront tirées.