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Ukraine: Pourquoi l'arme nucléaire ne va pas aider Moscou

Pourquoi l'arme nucléaire ne va pas aider Moscou en Ukraine

Depuis que Poutine a mis ses forces nucléaires en état d'alerte fin février, l'Occident craint une escalade. Mais ce scénario est improbable, et l'histoire montre que les menaces ne suffisent pas.
11.06.2022, 11:5011.06.2022, 12:13
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Les combats font rage dans le Donbass, les affrontements sont particulièrement intenses, et Kiev a reconnu perdre jusqu'à 200 hommes par jour. Pourtant, aucune des deux parties n'arrive à s'imposer nettement sur l'autre. Le conflit s'enlise toujours plus. Si les troupes de Kiev peinent, une victoire russe ne constitue pas pour autant un scénario immédiat.

Et pourtant, selon certains analystes, Moscou ne peut pas perdre, et la raison est très simple: son arsenal nucléaire. Selon Timothy Snyder, historien et professeur à l'université de Yale, ces spécialistes se trompent. Il explique pourquoi dans une publication sur Twitter.

«On répète sans cesse que la guerre froide nous a montré que les puissances nucléaires ne peuvent pas être vaincues», explique ce spécialiste de l'Europe de l'Est. «En fait, la guerre froide a prouvé le contraire.»

«Les puissances nucléaires ont perdu des guerres tout le temps»
Timothy Snyder, historien

Timothy Snyder appuie son raisonnement avec des exemples concrets. «Qui a gagné la guerre entre les Etats-Unis (dotés de l'arme nucléaire) et le Nord-Vietnam? Le Nord-Vietnam, bien sûr. Qui a gagné la guerre entre l'Union soviétique (dotée de l'arme nucléaire) et l'Afghanistan? L'Afghanistan, bien sûr», argumente-t-il.

Un bombardier américain B-52 en action au Vietnam, en 1965.
Un bombardier américain B-52 en action au Vietnam, en 1965.Image: Keystone

Quand l'Etat est menacé

A elle seule, l'arme nucléaire ne saurait donc pas garantir la victoire. Et le fait que Moscou décide de s'en servir au cours de cette guerre est hautement improbable. Tout d'abord, parce que cela contredit la doctrine militaire officielle de la Fédération de Russie, comme le rapporte le forum indépendant Just Securiry. Selon cette doctrine, le Kremlin peut utiliser des bombes atomiques dans deux cas:

  • En réponse à une attaque nucléaire ou avec d'autres armes de destruction massive contre la Russie ou un allié;
  • En cas d'invasion de la Russie par des forces armées conventionnelles qui menacent la survie même de l'Etat.

Les analystes du think tank Atlantic Council sont du même avis et jugent une escalade nucléaire «très improbable». «Poutine pourrait envisager de recourir à ce type d'arme s'il perçoit une menace existentielle pour son régime», écrivent-ils. Ce qu'une défaite en Ukraine ne constituerait pas, du moins à priori.

Même le Kremlin l'affirme. L'ambassadeur russe au Royaume-Uni, Andrei Kelin, a déclaré à la BBC que la Russie a des règles très strictes pour leur utilisation, principalement lorsque l'existence de l'Etat est menacée.

«Cela n'a rien à voir avec l'opération actuelle»
Andrei Kelin, ambassadeur russe au Royaume-Uni

Pas vraiment utile

De plus, l'utilité d'une attaque atomique reste à déterminer. Sur le plan pratique, tout d'abord: «Elle ne ferait que provoquer une réponse sévère des Etats-Unis et de leurs alliés, sans apporter davantage militaire significatif», affirme l'Atlantic Council.

Mais même sur le plan psychologique, brandir la menace atomique a ses limites. L'impact d'une rhétorique nucléaire excessive diminue au fil du temps, selon Just Security. Elle normalise cette politique comme faisant partie de la procédure standard de la diplomatie russe.

Bien entendu, le risque zéro n'existe pas. Et une chose est claire, comme l'affirment les experts de l'Atlantic «Council: Même un petit risque est profondément dangereux». (asi)

En Ukraine, voici comment les civils affrontent les soldats russses
Video: watson
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