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En réponse à Trump, Poutine va rouvrir le site de la «Tsar Bomba»

Le président russe Vladimir Poutine veut recommencer à tester des bombes atomiques.
Le président russe Vladimir Poutine veut recommencer à tester des bombes atomiques.Image: Gavriil Grigorov / AP

En réponse à Trump, Poutine va rouvrir le site de la «Tsar Bomba»

Moscou se met en scène comme puissance nucléaire mondiale et puise pour cela dans la symbolique de la guerre froide. Mais derrière cette démonstration de force se cache plus qu’un simple geste de propagande.
06.11.2025, 16:5606.11.2025, 17:14
Ivan Ruslyannikov / ch media

Le président russe Vladimir Poutine a ordonné la préparation de nouveaux essais nucléaires, et choisi pour cela l’archipel de Nouvelle-Zemble. Ce lieu hautement chargé d’histoire situé au nord de la Russie avait servi durant la guerre froide à la détonation de la plus puissante bombe thermonucléaire jamais testée, la «Tsar Bomba». Selon les experts, Poutine cherche avant tout à accroître la pression sur l’Occident.

Nouvelle-Zemble.
carte: watson

Une histoire qui se répète

La réunion de Vladimir Poutine avec les membres du Conseil de sécurité russe, ce mercredi, devait en principe porter sur la sécurité routière des citoyens. Mais au cours de la séance, le président de la Douma, Viatcheslav Volodine, a posé au chef du Kremlin une tout autre question:

«Donald Trump a récemment déclaré que les Etats-Unis allaient reprendre les essais nucléaires. La situation est préoccupante. Il y a deux ans, vous aviez affirmé que la Russie avait pleinement le droit d’en faire autant si les Etats-Unis reprenaient leurs essais. Pourriez-vous préciser quelles mesures nous comptons prendre?»

Bien que la question n’ait rien à voir avec la sécurité routière, Poutine a proposé d’écouter ses collègues. Il s’est avéré que cette question était en réalité le véritable motif de la réunion.

Réunion du Conseil de sécurité russe à Moscou, présidée par le président.
Réunion du Conseil de sécurité russe à Moscou, présidée par le président.Image: Gavriil Grigorov / AP

Le ministre de la Défense Andreï Beloussov a informé Poutine que les Etats-Unis travaillaient en ce moment au développement d’un nouveau missile intercontinental baptisé Sentinel, d’une portée pouvant atteindre 13 000 kilomètres.

Il ajoute qu'ils travaillent également à un sous-marin nucléaire stratégique nommé Columbia, à un programme de défense aérienne et au système de missiles Dark Eagle. Beloussov a déclaré:

«Je considère qu’il est opportun de commencer immédiatement les préparatifs d’essais nucléaires complets»

Selon lui, le niveau de préparation des forces armées et des installations du site d’essais central sur l’archipel de Nouvelle-Zemble permettraient de les réaliser en peu de temps.

Le chef d’Etat-major, Valeri Guerassimov, a ajouté:

«Si nous n’agissons pas maintenant, nous perdrons un temps précieux»

A l’issue de la réunion, Poutine a donné l’ordre de lancer les préparatifs en vue d’essais nucléaires.

La réaction de Donald Trump

Les propos de Poutine étaient une réponse aux déclarations de Donald Trump du 30 octobre dernier. Ce jour-là, le président américain avait ordonné au Pentagone de reprendre les essais nucléaires, précisant que cette décision était motivée par les tests réalisés par d’autres pays.

D’une puissance de 70 kilotonnes, la dernière explosion d’une bombe atomique soviétique date du 24 octobre 1990, sur l’archipel de Nouvelle-Zemble. Peu après, l’URSS avait décrété un moratoire unilatéral sur les essais nucléaires. En novembre 2023, Poutine a toutefois signé une loi annulant la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires.

Un essai gigantesque

Entre 1949 et 1990, l’Union soviétique a mené au total 715 essais nucléaires. En 1961, la fameuse «Tsar Bomba» avait été déclenchée sur l’archipel de Nouvelle-Zemble. Avec une puissance de 58,6 mégatonnes, elle demeure à ce jour la plus forte explosion thermonucléaire de l’histoire de l’humanité.

Le champignon atomique s’était élevé à 67,3 kilomètres d’altitude, et l’éclair a été visible depuis l’Alaska, la Norvège et le Groenland. Un an plus tard, en octobre 1962, éclatait la crise des missiles de Cuba, et le monde s’est trouvé au bord d’une catastrophe nucléaire.

Une possible tentative d'intimidation

Dans un entretien avec CH Media, l’expert militaire et spécialiste des relations internationales Pavel Louzine estime que Poutine ne bluffait pas. Il déclare:

«Je ne serais pas surpris que des essais nucléaires aient lieu»

Selon lui, cette décision s’inscrit dans la stratégie russe dite d’«escalade pour désamorcer», qui consiste à démontrer la volonté et la détermination du pays à recourir à l’arme nucléaire.

Les essais nucléaires dans le but d'en faire une démonstration de force font partie de cet arsenal de mesures du Kremlin. Jusqu’à présent, Moscou n’a toutefois franchi qu’une étape intermédiaire en annonçant la préparation des essais, mais pas leur exécution. Pavel Louzine explique:

«Dans l’ensemble, cette opération relève davantage d’une pression psychologique exercée sur l’Occident»

Selon lui, le site d’essais nucléaires de l’archipel de Nouvelle-Zemble reste opérationnel. Même si les derniers essais y ont eu lieu il y a 35 ans, il a toujours été maintenu en état afin de pouvoir reprendre les expérimentations à tout moment.

Traduit de l'allemand par Joel Espi

Vladimir Poutine dans tous ses états
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Vladimir Poutine dans tous ses états
Poutine en mode chasseur, 2010.
source: ap ria novosti russian governmen / dmitry astakhov
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«La Russie n'utilisera pas d'armes nucléaires»
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