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Le télétravail depuis la pandémie fait de nous des goujats

Le télétravail a fait de nous des goujats

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L'incivilité et la grossièreté sont désormais monnaie courante au boulot. Et la tendance s'aggrave depuis le début de la pandémie.
02.10.2021, 09:4203.10.2021, 09:38
Céline Deluzarche / slate
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On savait que les réseaux sociaux n'étaient pas spécialement enclins à la bienveillance et qu'on y trouvait davantage de flots d'injures et de moqueries que de paroles gentilles et de discours modérés. Il semble bien que la mise à distance produise le même phénomène au travail.

Courriels laconiques, réunions Zoom reportées à la dernière minute, messages sarcastiques sur Slack... La goujaterie est devenue l'ordinaire au boulot, et la tendance s'est sérieusement aggravée depuis la pandémie, relate le site Wired. En juillet, par exemple, trois cadres de Netflix ont ainsi été licenciés pour avoir fait des commentaires peu avenants et répétés à l'égard de certains de leurs collègues.

Il suffit parfois de pas grand-chose pour faire preuve de muflerie. «Je me souviens d'une réunion virtuelle où j'étais la dernière à parler», raconte Maxine, employée dans une société de production. «Je n'avais encore pratiquement rien dit quand mon patron m'a interrompue pour me demander de me dépêcher. Je me suis précipitée pour présenter mes mises à jour, mais tout le monde a raccroché, et je me suis retrouvée seule assise devant mon ordinateur.»

Pour Lauren Park, autrice principale d'une méta-étude sur l'incivilité en entreprise, il est clair que la pandémie et le télétravail sont en cause: épuisement émotionnel, charge de travail élevée, insécurité par rapport à son emploi... Autant de facteurs qui peuvent amener les gens à se comporter de façon agressive et brutale.

Une tendance de l'époque

Le problème, c'est que la grossièreté est hautement contagieuse.

«L'un des plus grands déclencheurs de l'incivilité est de l'avoir vécue soi-même, décrypte Lauren Park. Quelqu'un qui reçoit un courriel qu'il considère grossier va en envoyer un autre encore plus grossier, ce qui produit un effet d'entraînement.»

Le télétravail n'aide pas non plus, car il donne souvent lieu à des messages ambigus, qui peuvent être mal interprétés par leurs destinataires. Sasha, directrice d'une entreprise de médias, était ainsi convaincue que sa nouvelle patronne la détestait jusqu'à ce qu'elles se rencontrent en personne. «Elle n'est pas naturellement effusive, alors j'ai juste supposé qu'elle pensait que j'étais stupide», raconte-t-elle.

Malheureusement, le retour au bureau n'est pas la solution miracle. Les mauvaises pratiques sont maintenant entrées dans les moeurs et la goujaterie pourrait bien être devenue la norme. «Les gens se sont habitués à se dégager des conversations interpersonnelles et à mal se comporter dès qu'ils sont stressés», appuie Larry Martinez, coauteur de l'étude. Le rapport évoque tout de même quelques pistes pour atténuer la tendance.

Les employés plus âgés seraient moins enclins à la grossièreté. Cela implique de ne pas s'entourer que de «jeunes cadres dynamiques» aux dents longues. Les salariés à qui l'on confie plus de responsabilités et de contrôle sur leur travail seraient également moins disposés aux remarques désagréables.

Reste que la goujaterie et l'outrance semblent bien être un signe des temps, comme en témoignent les nombreuses émissions de débats à la télévision où pleuvent les invectives et les insultes. À quand un peu de bienveillance?

Cet article a été publié initialement sur Slate. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original

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