Six milliards. Voilà le nombre de vues récoltées par les vidéos répondant au hashtag Kinktok sur TikTok. Le mot anglais Kink, qui peut être traduit par fétichisme ou perversion, fait directement référence à l'univers sadomasochiste. Les clips ayant pour référence ChokeMe (étrangle-moi) comptabilisent, quant à eux, plus de 70 millions de vues, précise Le Monde.
En effet, le nouveau réseau social vedette réunit désormais de nombreuses communautés BDSM qui diffusent des vidéos en lien avec ces pratiques. L'application chinoise interdit la nudité, la pornographie et les contenus sexuellement explicites, alors les influenceurs donnent des conseils ou ont recours à l'humour dans leurs clips durant quelques dizaines de secondes maximum.
Ainsi, ce sont davantage les mots que les images qui s'avèrent provocants. «Je veux que tes joues virent au rouge», mime par exemple la jeune Belge Chloé tandis que son partenaire fait claquer une ceinture dans son dos. «Gifle-moi», «frappe-moi» ou encore «je veux du sexe plein de colère», écrivent d'autres.
Un succès sadomasochiste dont TikTok se serait bien passé. Malgré un âge moyen en augmentation, un tiers des adeptes du réseau social ont toujours moins de 19 ans. Surtout, la plateforme au 1,1 milliard d'utilisateurs souhaite conserver une image - particulièrement auprès des annonceurs - d'application lisse et destinée aux jeunes.
Car le problème, c'est que sur TikTok, c'est un algorithme qui décide ce que voient les internautes en fonction de leurs préférences supposées et de leurs choix précédents. Mais celui-ci n'est pas infaillible. Il arrive donc que des mineurs soient exposés à des contenus du KinkTok.
Interrogée par Le Monde, le réseau social chinois assure: «Toutes les vidéos labellisées KinkTok n’enfreignent pas nos règles communautaires – il s’agit pour certaines de parodies ou de comédies. La sécurité et la protection de notre communauté est notre priorité absolue, aussi nous portons la plus grande attention aux contenus qui pourraient être partagés via ce hashtag».
TikTok explique, par ailleurs, que 90 millions de vidéos ont été supprimées au second semestre 2020. Les adeptes du KinkTok sont, eux aussi, favorables à une meilleure régulation de la part de l'application. «Nous défendons l’idée que les mineurs ne devraient pas pratiquer le BDSM. Beaucoup d’entre nous ont demandé à ce que TikTok mette en place un filtre d’âge, pour que le contenu ne soit accessible qu’aux majeurs», affirme Lil. (FFE)