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Turquie

Election présidentielle Turquie: Erdogan élu pour 5 ans de plus

Erdogan à la tête de la Turquie pour cinq années supplémentaires

Recep Tayyip Erdogan restera président. Le chef d'Etat a obtenu un peu plus de 52% des suffrages. Des scènes de liesse ont suivi l'annonce de sa réélection.
29.05.2023, 11:1430.05.2023, 08:28
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Erdogan, devant le palais présidentiel, à Ankara.Keystone

L'indéboulonnable Recep Tayyip Erdogan a été confirmé dimanche pour cinq années supplémentaires à la tête de la Turquie.

Il a appelé son pays à «la solidarité et l'unité» face aux défis qui l'attendent.

Juché sur un bus devant son domicile d'Istanbul, sur la rive asiatique du Bosphore, le président de 69 ans, dont 20 au pouvoir, avait revendiqué la victoire en début de soirée devant une mer de drapeaux rouges brandis par une foule enthousiaste.

«Notre nation nous a confié la responsabilité de gouverner le pays pour les cinq prochaines années»
Recep Tayyip Erdogan

De retour à Ankara au coeur de la nuit, fêté en rock star par une foule de dizaines de milliers de partisans qui l'attendaient depuis des heures devant le palais présidentiel, le chef de l'Etat n'a pas manqué de faire huer son adversaire malheureux, Kemal Kiliçdaroglu.

Le pari perdu de l'opposition

«Il est temps de mettre de côté les disputes de la campagne électorale et de parvenir à l'unité et à la solidarité autour des rêves de notre nation»

«La Turquie a gagné!», a-t-il lancé entre deux portraits géants projetés sur la façade monumentale: le sien et celui de son plus illustre prédécesseur, Mustafa Kemal Atatürk, le fondateur de la République qui célèbre cette année ses cent ans.

Selon les résultats portant sur plus de 99,85% des bulletins, le chef de l'Etat a obtenu 52,16% des suffrages contre 47,84% au candidat social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu qui, à 74 ans, a perdu le pari de la «démocratie apaisée» qu'il promettait.

Scènes de liesse

La commission électorale turque (YSK) a confirmé dans la soirée la victoire du chef de l'Etat et publiera les résultats définitifs en début de semaine.

Dans la soirée, des rassemblements spontanés se sont formés autour du siège de son parti AKP à Istanbul, dont les rues résonnent de coups de klaxons et une foule considérable s'est massée devant le palais présidentiel à Ankara pour l'attendre.

Des scènes de liesse ont eu lieu à travers le pays ainsi que dans plusieurs grandes villes européennes, dont Berlin, où vit une importante communauté turque.

«On est heureux, Dieu a exaucé nos vœux. Recep Tayyip Erdogan est un très grand leader, un leader très puissant. Et il a beaucoup fait progresser la Turquie»
Soner Ceylan, 52 ans, habitant d'Istanbul

Le président russe Vladimir Poutine, qui n'avait pas caché son soutien au président, a rapidement salué un «résultat logique» de même que le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a dit espérer «renforcer ses liens avec Ankara».

Premier des dirigeants occidentaux, le président français Emmanuel Macron a également «félicité» Erdogan, suivi par le chancelier allemand Olaf Scholz et les responsables de l'Union européenne Ursula Von der Leyen et Charles Michel, notamment.

La tristesse de Kiliçdaroglu

Le rival malheureux du président Erdogan a pris la parole depuis le siège de son parti, le CHP fondé par Mustafa Kemal, pour exprimer sa «réelle tristesse face aux difficultés qui attendent le pays».

Pourtant, plusieurs éléments auraient pu le conduire à la victoire:

  • Le désir de changement d'une partie de l'électorat.
  • L'inflation sévère qui mine la Turquie.
  • Les restrictions aux libertés.
  • L'hyperprésidentialisation d'un pouvoir qui a envoyé des dizaines de milliers d'opposants derrière les barreaux ou en exil.
  • Les conséquences du terrible séisme de février (au moins 50'000 morts et 3 millions de déplacés) dans onze provinces du sud du pays.

Rien n'a suffisamment pesé face au désir de sécurité et de stabilité.

Une majorité de droite au parlement

«Erdogan a joué la carte du nationalisme avec beaucoup d'habileté, l'opposition n'a pas su proposer une alternative susceptible de convaincre malgré la mauvaise situation économique»
Galip Dalay, chercheur associé Middle East Council on Global Affairs

Le parti du président Erdogan, l'AKP islamo-conservateur, sur lequel il a bâti son accession au pouvoir suprême, a perdu des sièges au Parlement mais conserve sa majorité avec ses alliés.

Kemal Kiliçdaroglu encaisse quant à lui une défaite de plus après avoir promis le «retour du printemps». Considéré par beaucoup, y compris au sein de son alliance d'opposition, comme terne et sans charisme, Kiliçadaroglu n'a pas su profiter de la crise économique pour rafler la victoire.

Polarisation dans les bureaux de vote

Visage fatigué, se déplaçant avec lenteur, Recep Tayyip Erdogan, avait voté à la mi-journée dans son quartier d'Usküdar à Istanbul: une foule enjouée l'y attendait, à laquelle les gardes du corps ont distribué des jouets tandis qu'il glissait quelques billets de banque à des enfants.

Presque simultanément, tout sourire malgré les pronostics défavorables, Kemal Kiliçdaroglu déposait son bulletin à Ankara en incitant ses concitoyens à voter «pour se débarrasser d'un gouvernement autoritaire».

Le camp Erdogan n'a eu de cesse de qualifier l'opposition emmenée par Kiliçdaroglu de «terroriste» en raison du soutien que lui ont apporté les responsables du parti pro-kurde HDP.

Les personnes interrogées par l'AFP dans les files d'attente des bureaux de vote ont témoigné de la polarisation du pays après ces semaines de campagne.

Une campagne inégalitaire

Kemal Kiliçdaroglu a été largement privé d'accès aux grands médias et surtout aux chaînes de télévision officielles, qui ont réservé soixante fois plus de temps d'antenne à son rival, selon l'organisation Reporters sans frontières.

Face à son rival discret d'obédience alévie, une branche de l'islam jugée hérétique par les sunnites rigoristes, Recep Tayyip Erdogan a multiplié les meetings, s'appuyant sur les transformations qu'il a su apporter au pays depuis son accession au pouvoir comme Premier ministre en 2003.

Sa réélection intervient dix ans jour pour jour après le début des grandes manifestations de «Gezi» qui s'étaient répandues dans tout le pays et avaient été sévèrement réprimées. (baf/ats)

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