«J'ai besoin de munitions, pas d'un taxi», répondait le président ukrainien Volodymyr Zelensky aux Occidentaux qui lui proposaient de l'évacuer de Kiev au début de l'invasion russe. Environ un an plus tard, la Russie est sur le point de lancer une nouvelle offensive de grande envergure.
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Et la situation critique n'a guère changé. Au contraire: les stocks de munitions ukrainiens sont plus que jamais sous pression. C'est justement dans le domaine de la défense aérienne qu'il y a une pénurie. Par exemple pour les obus de 35 millimètres destinés au char de défense aérienne allemand Gepard, dont l'Ukraine a reçu près de 40 exemplaires de Berlin.
La Suisse pourrait aider: une filiale suisse de Rheinmetall a fabriqué en son temps les munitions Gepard. La loi suisse sur le matériel de guerre empêche, toutefois, toute réexportation. Le Conseil fédéral a répondu négativement à une demande de Berlin en ce sens.
Bien que des interventions soient encore en suspens au Parlement suisse pour assouplir la loi et rendre les réexportations possibles, l'Allemagne a désormais pris les choses en main. Le gouvernement a signé un contrat avec Rheinmetall pour la production des munitions Gepard, a annoncé le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius lors de la réunion des ministres de la Défense de l'Otan, mardi, à Bruxelles. Pistorius a déclaré:
Le volume de la commande serait apparemment de 158 millions d'euros. A partir de juillet, 300 000 tirs, au total, devraient être livrés.
Pistorius a déclaré qu'il était très heureux de cet accord qui garantirait l'indépendance et l'approvisionnement rapide de l'Ukraine. Malgré son âge, le Gepard rend un excellent service à l'Ukraine sur le champ de bataille, notamment dans la lutte contre les drones de combat russes, et il est très apprécié par les soldats ukrainiens.
Concernant les négociations avec la Suisse, il affirme que celles-ci «ont pris beaucoup de temps». Boris Pistorius:
Dernièrement, l'Allemagne avait également essuyé un refus de la part du Brésil, qui dispose de ses propres stocks de munitions Gepard.
L'approvisionnement de l'Ukraine en munitions suffisantes est l'un des grands thèmes de la réunion de l'Otan. Son secrétaire général, Jens Stoltenberg, précise que l'Ukraine consomme plus de munitions que les alliés occidentaux ne peuvent en produire. Les délais de livraison pour les munitions de gros calibre ont doublé, passant à plus de deux ans. Il est donc nécessaire de puiser dans ses propres réserves pour approvisionner l'Ukraine.
Selon des estimations, l'Ukraine tire environ 5000 obus d'artillerie par jour, tandis que la Russie riposte avec un multiple de ce nombre. Même si les Ukrainiens utilisent plus intelligemment leurs munitions, en partie guidées par satellite. Selon les experts de l'Otan, la Russie en a encore d'énormes quantités dans ses entrepôts. A long terme, l'Ukraine risque tout simplement de manquer de munitions.
Le défi pour les alliés occidentaux est maintenant de faire monter la production en puissance. A court terme, l'industrie peut travailler de nuit et produire le week-end, a déclaré Stoltenberg. Mais à moyen terme, on ne pourra pas éviter de construire de nouvelles usines. Les alliés de l'Otan sont maintenant en train de conclure de nouveaux accords avec l'industrie de l'armement et d'augmenter les capacités.
Pendant ce temps, le débat sur la livraison d'avions de combat occidentaux à Kiev a été relégué à l'arrière-plan. «Nous devrions nous concentrer sur ce qui est actuellement au centre de l'attention, notamment face à ce qui semble être une offensive russe», a déclaré Boris Pistorius.
Le ministre de la Défense du SPD (gauche) s'est également montré quelque peu irrité par la lenteur des progrès réalisés dans la formation d'une coalition européenne Leopard 2, après que de nombreux pays ont fait pression sur l'Allemagne pour qu'elle autorise l'utilisation du char de combat.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que les choses ne semblent pas très enthousiasmantes. Outre les 14 Leopard 2A6 allemands, seul le Portugal aurait accepté de livrer trois chars identiques. Selon Pistorius, les Leopard 2A4 polonais semblent poser des problèmes quant à leur capacité opérationnelle. Le ministre finlandais de la Défense Mikko Savola n'a pas voulu dire combien de Leopard son pays allait livrer. Il a toutefois rappelé que son pays était «un Etat sur la ligne de front» et que le nombre serait donc limité. Huit Leopard de type 2A4 seront fournis par la Norvège. Des promesses définitives d'autres pays sont encore attendues. (aargauerzeitung.ch)