Les soldats russes sur le front sont, malgré les atrocités commises, des humains comme les autres. Et nombre d'entre eux tiennent à rester en contact avec leurs femmes, leurs mères, leurs foyers. Et, ce faisant, trahissent des informations qui en disent long sur la vie au front.
C'est le Guardian qui révèle ces échanges entre des soldats russes et leurs familles. Sources de fuites régulières depuis le début du conflit, ces messages écrits et vocaux permettent de rendre compte de l'état physique et moral des troupes de Poutine.
Récemment, environ 3000 appels ont été interceptés par les forces ukrainiennes. Une partie ont été utilisés à des fins d'espionnage ou de renseignement, une partie a «valeur de propagande», comme l'indique le Guardian. Et les difficultés rencontrées par les soldats russes sont nombreuses:
Pour autant, certains soldats sont bien lucides:
Le Guardian a même réussi à retrouver le numéro de téléphone de plusieurs de ces mères de soldats — et a tenté de les contacter. L'une d'entre elles a juste indiqué que son fils n'était pas chez elle, avant de fondre en larmes et de boucler. Parfois, ce sont les familles qui tentent de rassurer les soldats. Parfois, c'est le contraire:
Le média britannique a également recueilli le témoignage du père d'un soldat tombé au front lors de combats contre les Ukrainiens. Dans l'audio, on l'entend prendre contact avec des camarades ayant survécu, qui leur indiquent que le corps de son fils «a été embarqué dans un camion, en direction de Lougansk».
Les soldats se plaignent aussi du manque d'équipement militaire. Ils critiquent notamment le fait que Vladimir Poutine se vante d'utiliser de puissants missiles, alors que dans les faits, l'armée russe semble être à court de stock: «Nos soldats n'arrivent pas à tirer sur un immeuble (réd: où se cachent les soldats ukrainiens). Il suffirait pourtant de balancer un missile Kalibr...», dit l'un d'entre eux.
L'Etat-major de l'armée de Poutine sait pourtant depuis longtemps qu'il est possible de pirater les conversations téléphoniques tenues par les soldats.
Si les officiers ont reçu l'ordre d'empêcher leurs soldats de téléphoner ou de confisquer leurs téléphones, cela ne suffit pas. Une source anonyme très proche du pouvoir russe qui a accepté de parler avec le Guardian a ainsi déclaré:
Il le justifie ainsi:
Selon cette source, «toute la doctrine de l'armée est basée sur la punition. Les soldats sont pénalisés s'ils font une connerie, mais personne n'essaie de les empêcher de partager des informations en premier lieu.» Il conclut: