L'Ukraine se casse les dents sur une «quantité d'explosifs jamais vue»
Pour comprendre la lenteur de l'armée ukrainienne à reprendre le contrôle de son pays, il faut comprendre la réalité du terrain. Aujourd'hui 30% du territoire ukrainien est miné. Et la superficie de l'Ukraine est quinze fois plus importante que celle de la Suisse, cette mise en parallèle permet de saisir la difficulté de l'entreprise. Aujourd'hui l'Ukraine est ainsi le pays avec le plus de mines au monde:
L'interdiction des mines dans des conflits inter-étatiques a été formellement appliquée avec la Convention d'Ottawa, en 1997. Celle-ci a été ratifiée par la Suisse et de nombreux pays, dont l'Ukraine, mais ni par les Etats-Unis, ni la Chine, ni la Russie.
Ces mines sont placées sur des surfaces de cinq à quinze kilomètres de large sur les près de 1000 kilomètres de front:
Selon les preuves matérielles recueillies, les mines posées en masse par la Russie proviennent à 90% du stock soviétique. Ce qui explique que les troupes de l'armée de Moscou n'hésitent pas à les disséminer partout, ce n'est pas une dépense, mais un moyen de vider des hangars encombrés. La concentration de ces mines serait délirante:
Ce sapeur poursuit en explicitant la complexité de la situation: les Russes ont eu plus d'un an pour consolider leur front et truffer le terrain d'engins explosifs. Problème: à cette distance de forces ennemies, le déminage doit être fait à la main. Il est impossible d'utiliser des machines performantes, mais bruyantes, au risque de devenir une cible facile pour l'artillerie ou les drones russes. Ainsi, le déminage est long et lent: les sapeurs ne pouvant opérer qu'au petit jour. Selon les secteurs, Maksim raconte avoir mis quatre jours pour débarrasser seulement 150 mètres des engins mortels.
C'est ce qu'a déclaré Pete Smith, directeur du programme ukrainien de l'ONG Halo, spécialisée dans le déminage, et ancien officier responsable des moyens de neutralisation des explosifs et munitions de l'armée britannique. Il ajoute également que la contamination de l'Ukraine par les mines y est «inégalée dans l'histoire moderne».
De là, il faut convenir que la contre-offensive est une opération de longue haleine et que le déminage en sera une plus longue encore.