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Ces Lituaniens ont un plan pour éviter les bombes de Poutine

Le volontaire Rokas Dvarvytis est responsable des visites éducatives organisées régulièrement par la Croix-Rouge lituanienne sur le thème «Situations extrêmes et comment s'y préparer».
Le volontaire Rokas Dvarvytis est responsable des visites éducatives organisées régulièrement par la Croix-Rouge lituanienne sur le thème «Situations extrêmes et comment s'y préparer».image: afp

La Lituanie veut imiter la Suisse face aux menaces russes

Des intrusions récentes de drones en Lituanie et chez ses voisins ont suscité des craintes d'une attaque russe à grande échelle, incitant ce pays balte à encourager la construction d'abris antibombes. Reportage dans le sous-sol d'un immeuble aménagé en bunker.
05.10.2025, 15:5005.10.2025, 15:50
Benas GERDZIUNAS, lituanie

Vidas Magnavicius accepte de guider une équipe dans le sous-sol d'un immeuble résidentiel à Vilnius. «Les gens voulaient se sentir en sécurité, savoir qu'ils pourraient se protéger en cas de bombardements et de la guerre, pendant au moins quelques jours, explique cet administrateur de l'immeuble à l’AFP. Nous avons convenu qu'il fallait se préparer», insiste-t-il, en se remémorant une réunion entre voisins destinée à dresser un plan d'action, peu après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022.

La Lituanie, une ancienne république soviétique devenue membre de l'Union européenne et de l'Otan, forte de 2,9 millions d'habitants, dont une minorité russophone, observe avec anxiété le conflit en Ukraine et craint de devenir la prochaine cible. Les autorités exhortent les conseils municipaux et les communautés locales à accélérer la construction d'abris.

«Il existe actuellement 6453 abris en Lituanie pouvant accueillir environ 1,5 million de personnes, soit environ 54% de la population du pays»
Selon le gouvernement

Un peu plus de la moitié des municipalités sont confrontées à un manque d'espace dans les abris, et les critiques affirment que beaucoup d'abris n'existent que sur le papier, peu étant réellement prêts pour les situations de crise.

Parler sans polariser

Vidas Magnavicius et ses voisins comptent sans doute parmi les rares vraiment motivés. «Tant qu'il n'y a pas de drones qui volent au-dessus de nos têtes, personne ne s'y intéresse», regrette Donatas Gurevicius, représentant des pompiers et des secours de Lituanie. Par ailleurs, les responsables cherchent toujours comment aborder cette question de se préparer à l'impensable, la guerre, sans polariser la société et sans être accusé d'attitude belliqueuse.

«Ce serait aussi irresponsable d'agacer les gens avec des discours sur la guerre, mais nous devons tous trouver un moyen d'aborder ce sujet très complexe»
Donatas Gurevicius, représentant des pompiers et des secours de Lituanie

La municipalité de Vilnius a indiqué qu'elle comptait moderniser 32 abris antibombes de la ville, estimant qu'ils devraient être prêts à servir dans les 12 heures suivant une urgence. Le ministère de l'Intérieur a lancé l'année dernière un programme de défense civile, offrant des dizaines de millions d'euros aux municipalités pour moderniser leurs abris.

Comment ça va passer?

Le gouvernement souhaiterait que les propriétaires d'immeubles aménagent leurs propres abris, ou préparent des pièces sécurisées en tenant compte de ce qui s'est pratiqué en Ukraine, comme le fait d'avoir au moins deux murs entre la pièce et l'extérieur.

«Les nouveaux immeubles d'habitation et les grands bâtiments publics en Lituanie doivent désormais être équipés d'abris antibombes, une pratique que des pays bien préparés en matière de défense civile, comme la Finlande et la Suisse, appliquent depuis des décennies», souligne Donatas Gurevicius.

Notre guide et ses voisins ont investi plusieurs milliers d'euros pour débarrasser leur cave, y installer des toilettes et améliorer les installations électriques. Les autorités et les habitants ont manifesté un intérêt renouvelé pour les abris depuis que deux drones de type Gerbera utilisés par la Russie ont pénétré en Lituanie depuis le Bélarus en juillet, sans faire ni blessé ni dégât.

Des situations extrêmes

Dernièrement, plusieurs personnes ont rejoint une formation organisée régulièrement par la Croix-Rouge lituanienne sur «des situations extrêmes et les moyens de s'y préparer», indique le guide bénévole Rokas Dvarvytis. On peut y apprendre «à reconnaître les dangers à temps, à chercher un abri et des provisions», explique-t-il. La formation aborde aussi les questions de catastrophes environnementales et de menaces nucléaires.

Une participante, Violeta Baranauskiene, prévoit de fuir avec ses enfants en cas de guerre, mais son mari «restera pour défendre la Lituanie, comme il se doit». La ville de Vilnius a approuvé cette année un plan d'évacuations en cas de guerre. Les habitants vulnérables seraient évacués tandis que ceux capables de combattre aideraient l'armée.

Le ministère de l'Intérieur a publié une carte interactive des abris et des centres d'évacuation et modernisé un site internet qui explique comment survivre au moins 72 heures en cas de crise. «Le site existe depuis 2015, mais il n'était pas très populaire, indique Loreta Naraskevicienė, du département responsable de la plateforme. Maintenant l'intérêt pour le projet grandit».

(Un reportage de l’AFP)

Les drones tueurs russes vole grâce à une technologie suisse
Video: watson
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