Sur le front, les températures chutent. L'hiver se rapproche à grands pas. La population et l'armée ukrainiennes se préparent à nouveau à une saison froide et difficile. Mais celle-ci pourrait se montrer plus clémente que celle de l'année dernière.
La patiente contre-offensive de l'Ukraine débouche sur de maigres succès. Depuis plusieurs semaines déjà, le pays agressé repousse les troupes ennemies. Les signes d'un effritement du front côté russe se multiplient. Le plus grand défi pour l'Ukraine reste de maintenir la dynamique actuelle des combats, afin que la Russie ne puisse pas étendre davantage ses lignes de défense. En hiver, c'est chose compliquée. Il est même possible que le conflit s'enferre dans une impasse. L'année dernière, une offensive russe avait échoué à cause des conditions climatiques.
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La saison froide ne fait de cadeaux à personne. Les soldats russes risquent eux aussi de crever de froid, au sens figuré comme au sens propre, lorsqu'ils camperont pendant plusieurs mois dans leurs tranchées. Leurs chars aussi s'enfonceront dans la boue de certaines régions du pays.
Poutine en est bien conscient. C'est pour cela qu'il envisage de passer la seconde dans les prochaines semaines avec des attaques de missiles et de drones contre des infrastructures clés ukrainiennes. Comme l'année dernière, les Russes utiliseront le froid comme arme contre les civils.
ll est actuellement difficile pour l'Ukraine de tirer des plans sur la comète. Beaucoup dépendra pour elle de l'évolution de la guerre jusqu'à l'arrivée effective de l'hiver. Une chose est sûre: la Russie est sur la défensive. De son côté, l'armée ukrainienne ne semble pas vouloir mettre tous ses œufs dans le même panier.
Pour de nombreux experts, rien que de très logique. Le commandement ukrainien doit économiser ses soldats et le matériel fourni par les pays occidentaux. Vladimir Poutine est plutôt indifférent aux pertes humaines. Markus Keupp, un économiste militaire interrogé par la chaîne allemande ZDF, l'affirme:
Selon l'expert, l'Ukraine progresse lentement mais sûrement. Avec le moins de pertes possible.
Un autre expert, Markus Reisner, est plus critique sur la situation militaire actuelle pour l'Ukraine. «L'offensive en cours depuis le 4 juin n'a jusqu'à présent pas apporté le succès escompté, à savoir précisément cette percée qui devrait fonctionner comme une rupture de barrage», a déclaré le colonel de l'armée fédérale autrichienne sur «ntv.de».
Mais jusqu'ici, l'Ukraine peut se targuer d'avoir remporté plusieurs succès. Notamment autour des villes de Bakhmout, dans l'est, et de Robotyne, au sud-est de Zaporija. A Bakhmout, l'Ukraine a libéré plusieurs localités au cours des dernières semaines et a occupé des collines stratégiques autour de la ville, d'où elle peut atteindre les troupes russes avec son artillerie. La 72e brigade russe aurait été encerclée et détruite. Fait rare dans cette guerre, car un retrait a toujours été ordonné avant tout encerclement. Mais Poutine semble déterminé à tenir coûte que coûte les positions dans et autour de Bakhmout, quelles que soient les pertes.
En septembre, la Russie a transféré des troupes aéroportées, des unités d'élite, dans la région de Robotyne afin de pouvoir tenir le front à cet endroit. Selon les services secrets britanniques, ces unités seraient composées d'environ 10 000 parachutistes d'élite, appelés à boucher les trous d'unités qu'on dit dramatiquement sous-équipées.
L'artillerie de l'Ukraine a gagné en supériorité ces derniers mois. Selon Marcus Keupp, l'Ukraine arrose copieusement l'artillerie russe dans l'arrière-pays. Elle recourt massivement à des munitions américaines. La question de savoir si cela posera un problème à Poutine dépendra de sa capacité à se ravitailler à temps en artillerie, notamment auprès de la Corée du Nord.
Pendant ce temps, la population civile ukrainienne doit s'attendre à des attaques de missiles et de drones. Si les forces armées ukrainiennes ne parviennent pas à transpercer les défenses russes dans les prochaines semaines, la Russie s'en prendra aux infrastructures civiles, notamment à l'électricité et aux systèmes de chauffage.
Rien ne laisse présager des négociations en hiver. Au contraire. Les dirigeants russes cherchent à démoraliser la société ukrainienne et à lasser l'Occident. Pour que cela fonctionne, il faudrait toutefois que les lignes de défense russes tiennent. Il est donc probable que la Russie les renforce, notamment au moyen de mines.
Mais des opérations offensives de l'armée russe ne sont pas non plus à exclure. Selon des informations ukrainiennes, des dizaines de milliers de soldats russes se seraient rassemblés au nord-est près de Koupiansk. Cela n'a aucun sens sur le plan militaire, car les forces présentes sur d'autres parties du front sont en fait nécessaires pour la défense. Mais les objectifs politiques de Poutine n'obéissent pas toujours à la logique militaire.
Quoi qu'il en soit, l'hiver permettra de tester à nouveau les capacités de résistance de l'Ukraine. La terreur contre la population civile fait partie de la stratégie russe, obligeant les forces ukrainiennes à consacrer de l'attention et des ressources à autre chose qu'à la guerre proprement dite.
L'Ukraine dispose désormais de plus de drones, de plus de systèmes de défense antiaériens occidentaux et de plus de matériels pour réparer les infrastructures. L'Occident s'emploie à renforcer la défense aérienne ukrainienne. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, parle d'un «bouclier hivernal» qui doit être tendu. A cela s'ajoutent les avions de combat F-16 de conception américaine, qui pourraient mieux protéger l'Ukraine en hiver.
Le problème est que l'Ukraine est un grand pays, qui attend avec impatience les ATACMS américains ou les Taurus allemands. Ces missiles de croisière à longue portée peuvent atteindre les lignes d'approvisionnement et les dépôts d'armes russes. Un point nécessité pour l'Ukraine. La libération de son territoire passe par là.