«Assassinés» durant l'été, deux pro-Poutine ressuscitent à la TV russe
Serhii Tomko et Vitaly Gura sont deux fonctionnaires travaillant pour la Russie, qui ont été fusillés cet été lors d'attentats dans la région de Kherson. C'est du moins ce que l'on croyait. Ce lundi, ils sont tous deux apparus dans un reportage d'un journal télévisé russe.
Les meurtres auraient en vérité été mis en scène par la Russie dans le cadre d'une opération clandestine, ont affirmé les services secrets intérieurs russes (FSB) et les médias d'Etat. L'objectif de cette mise en scène était de repérer et d'arrêter des agents des services secrets ukrainiens.
Sous le titre «Mis en scène au nom de la rédemption», la télévision nationale russe explique comment les attentats terroristes, soi-disant planifiés par des Ukrainiens, ont pu être déjoués.
Les «auteurs directs et leurs complices» ont été arrêtés, écrit l'agence de presse étatique Tass. En outre, un officier des services secrets ukrainiens, qui aurait été chargé de superviser les tentatives d'attentat, aurait été identifié.
Qui sont les deux fonctionnaires?
Vitaly Gura a travaillé comme chef adjoint de la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine. Serhii Tomko, quant à lui, occupait le poste de chef adjoint de la police dans la même région. Tous deux se seraient ralliés aux Russes après la prise de Kherson par ces derniers.
Gura raconte son expérience sur la chaîne de télévision russe Channel One:
En guise de preuves, on lui aurait fait écouter des enregistrements dans lesquels des hommes parlaient de son assassinat.
Des agents de sécurité russes munis de preuves auraient également rendu visite à Tomko pour l’informer du projet de son assassinat. Il leur a ensuite été proposé à tous deux de simuler leur mort.
Mort en juillet, ressuscité en septembre
Selon le média pro-russe Readovka, Tomko, 26 ans, aurait été abattu dans sa voiture le 7 juillet. Un officier de l'armée ukrainienne a également fait état sur Telegram de l'assassinat prétendument réussi. Un homme sur un scooter serait passé à côté de la voiture de Tomko et lui aurait tiré dessus.
Peu avant sa mort, Tomko - avec sa décision de collaborer avec la Russie - a été promu chef adjoint de la police, a écrit l’homme politique ukrainien Oleksiy Goncharenko sur Telegram. En Ukraine, il serait considéré comme un traître, car il s'est rangé du côté de l'ennemi après l'occupation russe de Kherson.
Minus one collaborator in Kherson region
— NEXTA (@nexta_tv) July 8, 2022
After the full-scale invasion, Sergei Tomko went over to the Russian side and began working in occupation police as a "deputy head of department"
In the new "position" collaborator organized political events in favor of Russian invaders. pic.twitter.com/yBBAPFbbr2
L'assassinat présumé de Vitaly Gura a été annoncé le 6 août. Selon l’agence de presse Tass, Gura a été attaqué chez lui. Blessé par plusieurs balles et dans un état grave, il aurait ensuite été évacué vers la Crimée.
Des vidéos montrant des prétendues taches de sang dans l'entrée de la maison de Gura ont circulé sur les médias sociaux:
‼️The russian collaborator Vitaly Gura, who was serving the invaders as a "deputy head" of local administration, was attacked by the #UAresistance fighters in his house in #NovaKakhovka. After being shot multiple times, the traitor died while being evacuated to Crimea. pic.twitter.com/0NNDNyXibW
— ZMiST (@ZMiST_Ua) August 6, 2022
Peu de temps après, l'information selon laquelle Gura avait succombé à ses blessures aux soins intensifs a été diffusée.
❗️ Vitaly Gura, collaborator and self-proclaimed "deputy head of administration" of Nova Kakhovka who was shot today, dies in intensive care
— NEXTA (@nexta_tv) August 6, 2022
He became the seventh high-ranking collaborator killed by Ukrainian partisans since the beginning of the war. pic.twitter.com/YttkTQoM9T
Le journal russe Meduza, critique à l'égard du Kremlin, rapporte la présumée réussite de l'opération russe. Dans son compte-rendu, il indique toutefois clairement qu'il n'accorde pas vraiment de crédit à ces informations de la Russie.
L'Ukraine n'a pas revendiqué publiquement les attentats contre des membres des autorités pro-russes dans les territoires conquis. Ils ne se sont pas non plus exprimés sur les affirmations russes désormais rendues publiques.
