Un missile russe a frappé lundi un centre commercial, faisant au moins dix morts et quarante blessés dans le centre de l'Ukraine. Le président ukrainien a, lui, réclamé aux dirigeants du G7, réunis en Allemagne, un «soutien plein, entier» pour mettre fin à la guerre.
Un missile russe a frappé un centre commercial à Krementchouk «très fréquenté», ont annoncé les autorités locales ukrainiennes, prévoyant d'emblée un bilan très lourd. La ville est située à 330 km au sud-est de Kiev sur les rives du Dniepr, et à plus de 200 km du front. Le président Volodymyr Zelensky a écrit sur Facebook:
Il y a treize morts et plus de quarante personnes ont été blessées, a par la suite indiqué le gouverneur de la région de Poltava Dmytro Lounine, avertissant que ce bilan pourrait s'alourdir. Le premier bilan faisait état de deux morts et vingt blessés.
Kremenchuk.
— Roman Hryshchuk (@grishchukroma) June 27, 2022
Missile strike by Russian missiles on the shopping center.
Zelensky: It is impossible to imagine the number of victims.
If this is not a terrorist attack, then what!? If Russia is not a terrorist country, then who are they? pic.twitter.com/jWhQdtSkSB
Selon l'armée de l'air ukrainienne, le centre commercial a été frappé par des missiles antinavires Kh-22 tirés depuis des bombardiers à longue portée Tu-22, depuis la région russe de Koursk.
De nouveaux bombardements russes sur la grande ville de Kharkiv, dans le nord-est de l'Ukraine, ont, par ailleurs, fait, lundi soir, quatre morts et 19 blessés, dont quatre enfants, a indiqué le gouverneur régional Oleg Sinegoubov.
Dimanche, pour la première fois depuis le 5 juin, Kiev avait été frappée par des missiles russes, tandis que des combats acharnés se poursuivaient dans l'est du pays.
Les bombardements russes se sont également poursuivis à l'intérieur et autour de la ville de Lyssytchansk, dans l'est du pays, après que les forces russes ont pris le contrôle total de sa ville jumelle et du centre industriel de Severodonetsk, après des semaines de combats acharnés. Serguiï Gaïdaï, gouverneur de la région de Lougansk, a affirmé:
L'occident est unanime dans ses condamnations. La Suisse est «profondément choquée» par ce bombardement, écrit le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dans une prise de position sur Twitter.
Stellungnahme der Schweiz zum Raketenangriff auf das Einkaufszentrum in #Kremenchuk pic.twitter.com/kpcQsUa83z
— EDA - DFAE (@EDA_DFAE) June 27, 2022
Il déplore que la population civile ukrainienne soit une fois de plus la cible directe d'une attaque. «La Suisse condamne ces graves violations du droit humanitaire et appelle une fois de plus la Russie à mettre fin à son agression militaire contre l'Ukraine.»
Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a commenté l'attaque meurtrière qui a eu lieu à Krementchouk:
Mais «Poutine doit comprendre que son comportement ne fera que renforcer la détermination» des Occidentaux à soutenir l'Ukraine, a-t-il ajouté.
A New York, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a rappelé que les belligérants étaient tenus par le droit international de «protéger les civils et les infrastructures civiles», jugeant la nouvelle frappe «totalement déplorable».
Le temps presse, et le G7 (Allemagne, Etats-Unis, France, Canada, Italie, Japon, Royaume-Uni) doit tout faire pour mettre un terme à ce conflit meurtrier avant la fin de l'année et l'arrivée de l'hiver, a souligné Volodymyr Zelensky.
Dans une allocution par visioconférence depuis Kiev, avant l'annonce de la frappe à Krementchouk, le président ukrainien a signifié aux dirigeants des sept puissances industrielles, rassemblés au château d'Elmau, dans les Alpes bavaroises, que ce n'était «pas le moment de la négociation» avec Moscou, selon des propos rapportés par la présidence française.
Durant ce discours à huis clos, le dirigeant a insisté sur la «nécessité d'un soutien plein, entier, très opérationnel à l'Ukraine», selon Paris.
Les pays du G7 ont promis au dirigeant ukrainien un appui indéfectible: ils vont continuer de soutenir l'Ukraine «aussi longtemps qu'il le faudra», selon leur déclaration commune.
Parallèlement, ces chefs d'Etat et de gouvernement, réunis depuis dimanche, vont continuer «d'accroître la pression sur Poutine», a assuré le chancelier allemand Olaf Scholz, hôte de ce sommet, à travers notamment une nouvelle salve de sanctions ciblant l'économie russe.
Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, veulent resserrer l'étau sur Moscou en visant tout particulièrement l'industrie de défense russe, selon un haut responsable de la Maison Blanche. Ils entendent également développer un «mécanisme pour plafonner au niveau mondial le prix du pétrole russe», selon ce haut responsable.
Si les modalités d'une telle mesure restent à définir, les Occidentaux semblent prêts à accéder à une requête de Zelensky qui leur a demandé de «limiter les prix du pétrole exporté par l'agresseur». Il s'agirait de tarir l'une des principales sources de revenus de la Russie.
Le G7 va également «se coordonner pour utiliser les taxes douanières sur les produits russes afin d'aider l'Ukraine», a poursuivi la même source.
Au premier jour de leurs échanges dimanche, une partie des sept pays industrialisés avaient déjà annoncé décréter un embargo sur l'or nouvellement extrait en Russie.
Malgré la lourdeur des sanctions qui frappent l'économie russe depuis le déclenchement de l'offensive sur l'Ukraine le 24 février, le Kremlin a assuré lundi qu'il n'y avait «aucune raison» d'évoquer un défaut de paiement de la Russie, comme avancé par certains médias.
Les autorités russes ont, toutefois, reconnu qu'à cause des sanctions, deux versements n'étaient pas parvenus aux créanciers avant la date limite de dimanche. (jah/ats)