Depuis quelques semaines, on entend dire que la guerre a mis fin au Covid. La levée des mesures, décidée dans plusieurs pays, rapidement suivie par le début des hostilités en Ukraine, a fait disparaitre la pandémie des médias et de nos conversations.
Et d'une certaine manière, c'est vrai. En Ukraine, la guerre a vraiment supprimé le Covid. Ou du moins, les statistiques relatives au coronavirus: depuis le 3 mars, plus aucune infection n'a été signalée dans le pays, selon les données du site spécialisé «Our World in Data»:
Derrière cette courbe plate, facilement imputable aux contraintes posées par la guerre (fragilisation du système hospitalier, civils en fuite, fin du régime de tests,...), la situation est, sans surprise, toute autre.
Les guerres fournissent, en effet, un contexte très favorable à la propagation de maladies infectieuses. De millions de personnes sont poussées à se mettre en mouvement. Elles sont entassées et stressées, ne mangent souvent pas et ne dorment pas correctement: tout cela contribue à affaiblir leur système immunitaire, alertait récemment l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Autre problème: le taux de vaccination très faible. Seuls 35% des Ukrainiens sont totalement vaccinés, selon «Our World in Data». A titre de comparaison, ce taux se monte à 68% en Suisse, qui reste l'un des pays les moins vaccinés d'Europe occidentale.
La situation n'est pas meilleure dans certains pays limitrophes, où s'entassent des centaines de milliers de réfugiés. Les personnes doublement immunisées ne sont que 26% en Moldavie, 42% en Roumaine et 50% en Slovaquie.
L'OMS craint que cette situation puisse provoquer des cas plus graves et augmenter le nombre de décès, écrit lundi CNN. Des inquiétudes partagées par Guyguy Manangama, responsable médical chez Médecins sans frontières. Interviewé par le Parisien, ce dernier explique qu'avant le début de la guerre, beaucoup de lits d'hôpital étaient déjà occupés.
Le docteur énumère les nombreux autres problèmes sanitaires provoqués par le conflit:
En sachant que, dans les semaines précédant le début du conflit, le pays a connu une augmentation de 55% des cas de Covid, selon les chiffres de l'ONU, la situation actuelle se présente comme potentiellement explosive. (asi)