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L'ex-chef de la CIA prédit la fin de la guerre en Ukraine

L'ex-chef de la CIA prédit la fin de la guerre en Ukraine

L'ex-chef de la CIA prédit la fin de la guerre en Ukraine
Le 24 février marque le premier anniversaire de l'invasion militaire à grande échelle de l'Ukraine par la Russie: l'occasion d'échanger avec un fin spécialiste, David Petraeus.
Ancien général de l'armée américaine et directeur de l'agence de renseignement, la CIA, David Petraeus a dévoilé ses projections pour la fin de la guerre en Ukraine et ce qu'il estime être les erreurs commises par l'armée russe.
14.02.2023, 06:0814.02.2023, 17:10
Jan Dirk Herbermann / ch media
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Il y a presque un an, la Russie envahissait l'Ukraine. Quelle est pour vous la plus grande surprise de cette guerre d'agression ordonnée par le président russe Vladimir Poutine?
David Petraeus: Eh bien, tout d'abord, dans une interview accordée au magazine The Atlantic une semaine avant l'invasion russe de l'Ukraine, j'avais prédit que les troupes de Poutine ne prendraient jamais la capitale Kiev, et ne parviendraient encore moins à la contrôler.

«Les Russes se sont montrés encore plus maladroits que beaucoup ne l'avaient prévu, et ce sur toute la ligne»

D'un point de vue stratégique, dans la planification de leur campagne militaire, dans le commandement opérationnel, dans la mise en œuvre effective de leurs actions militaires, dans la logistique et dans leur manque choquant d'expertise et d'entraînement tactiques.

C'est toute une série de lacunes que vous citez là.
Et ce n'est pas tout. Les Russes n'ont pas non plus mis leurs armes et leurs systèmes de communication à niveau. De plus, ils ont totalement sous-estimé les capacités de l'armée ukrainienne, la détermination du peuple attaqué et le soutien apporté à Kiev par les Etats-Unis, d'autres pays de l'Otan et des partenaires occidentaux. Il s'agit là de graves erreurs.

«Mais en dehors de ces déficits, la Russie dispose toujours d'une masse considérable de soldats, d'artillerie, de missiles, de drones et d'autres systèmes d'armes»

Et bien sûr, les Russes possèdent de nombreuses matières premières qui leur permettent de contourner les sanctions et les contrôles à l'exportation. Ils ne parviennent toutefois pas à se soustraire totalement aux restrictions.

Poutine et ses généraux ont-ils tiré des leçons de leurs échecs?
Ce n'est pas encore clair. Honnêtement, les lacunes sont si importantes qu'elles nécessiteraient des changements majeurs dans la manière dont la Russie forme, entraîne, équipe, organise, structure, déploie et dirige ses forces armées. Certaines de ces adaptations relèvent d'un véritable changement «culturel», comme la mise en place d'un corps de sous-officiers professionnels ou la promotion de l'initiative personnelle aux niveaux inférieurs. C'est une tâche qui prendra des années et qui ne peut pas être réalisée à court terme. Certes, certaines tâches de formation pourraient être accomplies en quelques mois, mais la Russie ne semble pas prête à investir ce temps.

Quels sont les scénarios les plus probables pour la fin de la guerre?
Je pense que la guerre se terminera par une solution négociée. Cela se produira lorsque les dirigeants russes se rendront compte que la situation n'est viable pour eux ni sur le champ de bataille ni sur le front intérieur.

«Malheureusement, je ne peux pas prédire quand ces conditions seront réunies»

Qu'est-ce que cela signifie concrètement?
Sur le champ de bataille, les Russes ont probablement déjà subi huit fois plus de pertes que l'Union soviétique de l'époque en près d'une décennie de guerre en Afghanistan. Sur le front intérieur, les sanctions financières, économiques et personnelles ainsi que les restrictions commerciales ont provoqué une récession. Les mesures punitives contre la Russie doivent toutefois être encore renforcées. Aux Etats-Unis et en Occident, nous devrions faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir l'Ukraine et rapprocher le jour où Vladimir Poutine réalisera que la guerre en Ukraine doit s'arrêter.

Le ministère ukrainien de la Défense prévient que la Russie prépare une nouvelle offensive d'envergure qui pourrait débuter dès le 24 février prochain. Quand cela pourrait-il se produire?
Il semblerait que la Russie crée les conditions d'une nouvelle offensive dans le Donbass, peut-être dans la région de Louhansk. En revanche, les forces armées ukrainiennes reçoivent des chars occidentaux, s'entraînent avec les nouveaux systèmes et se préparent à une contre-offensive quelque part dans le sud du pays. Il est difficile de prédire quand l'une des deux offensives sera lancée.

«La météo et la praticabilité du terrain seront déterminantes»

Les Ukrainiens vont recevoir des chars de combat occidentaux comme le Leopard 2 allemand et le M1A1 Abrams américain. Au total, les pays de l'OTAN ont jusqu'à présent promis plus de 300 chars de combat. Peuvent-ils avoir une influence décisive sur la guerre?
C'est possible. D'autant plus que les Ukrainiens ont mobilisé tout leur pays, alors que les Russes n'ont été que partiellement mobilisés.

Dans une interview, vous avez dit qu'un char de combat est «la pièce maîtresse autour de laquelle tout le reste est construit». Les Ukrainiens sont-ils capables d'utiliser le char de combat en coordination avec d'autres armes et systèmes d'armes? Maîtrisent-ils ce que l'on appelle le combat «interarmes»?
Les Ukrainiens s'entraînent depuis un certain temps déjà pour de telles missions, et je suis persuadé qu'ils seront en mesure de «tout assembler», c'est-à-dire d'utiliser efficacement toutes les armes pour se soutenir mutuellement. Les chars ne sont pas une relique du passé s'ils sont utilisés correctement - c'est-à-dire s'ils sont utilisés avec l'infanterie, le génie, l'artillerie, la guerre électronique, la défense aérienne, les démineurs, les drones.

Les Ukrainiens sont déjà équipés d'un large éventail de systèmes d'armes occidentaux. D'autres types de chars viennent désormais s'y ajouter: les Abrams, différentes versions du Leopard, les Challenger 2 britanniques et peut-être le Leclerc français. Quels sont les défis et les risques liés à cette multitude de systèmes?
Les défis seront considérables. Mais les Ukrainiens ont démontré des compétences exceptionnelles en mécanique, en technologie de l'information, en adaptabilité et dans d'autres domaines. Ils peuvent réparer n'importe quel objet ou le transformer en quelque chose d'utile.

Les Ukrainiens manquent d'avions de combat, d'hélicoptères de combat et de systèmes de missiles. Les dirigeants de Kiev exigent avec véhémence de leurs partenaires occidentaux la livraison de ces équipements de guerre. Êtes-vous favorable au transfert d'avions militaires, d'hélicoptères et de missiles?
Je soutiens la mise à disposition d'avions de combat, d'hélicoptères de combat et de missiles à longue portée occidentaux pour l'Ukraine. Jusqu'à présent, nous nous sommes montrés trop prudents.

Depuis le début de la guerre, Vladimir Poutine et son régime ont menacé d'utiliser des armes nucléaires. Y a-t-il un risque qu'une nouvelle augmentation des livraisons d'armes occidentales puisse mener à une attaque nucléaire russe?
Le risque n'est pas à écarter. Je pense toutefois que les Etats-Unis et d'autres pays ont efficacement fait comprendre au Kremlin que les conséquences seraient catastrophiques pour la Russie. Ces avertissements ont suffisamment atténué les risques.

(aargauerzeitung.ch)

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