Le Premier ministre britannique Boris Johnson a effectué samedi une visite surprise à Kiev, où il a promis de nouvelles armes à l'Ukraine. La menace d'une nouvelle offensive russe imminente pousse la population à fuir l'est du pays au lendemain d'une frappe meurtrière.
«Aujourd'hui, j'ai rencontré mon ami le président Zelensky à Kiev afin de montrer notre soutien indéfectible au peuple ukrainien», a tweeté Boris Johnson après la rencontre. Il s'est engagé à fournir à l'Ukraine des véhicules blindés et des missiles antinavires.
Il a rendu hommage à l'armée ukrainienne pour «le plus grand fait d'armes du XXIe siècle» qui a permis de mettre en échec «les desseins monstrueux de Poutine», selon un communiqué de Downing Street.
«Nous l'apprécions et nous nous en souviendrons toujours», a rajouté le président ukrainien. Puis, il a appelé «d'autres Etats démocratiques occidentaux» à suivre l'exemple du Royaume-Uni.
Kiev réclame la fourniture «immédiate» d'armes pour faire face à une nouvelle offensive russe dans l'Est. Outre les armées annoncées samedi, le Royaume-Uni avait déjà promis l'envoi de missiles antichars et antiaériens supplémentaires. Et la Slovaquie «fait don» à Kiev de systèmes de défense antiaérienne S-300, de conception soviétique.
Selon les médias tchèques, Prague a de son côté envoyé lundi à l'Ukraine des trains chargés de chars T72 et de véhicules blindés de fabrication soviétique, ce qui serait une première livraison d'armements lourds réclamés par Kiev.
L'Allemagne, elle, a quasiment épuisé ses possibilités d'approvisionner l'Ukraine en matériel tiré des réserves de la Bundeswehr. Mais elle planche sur des livraisons effectuées directement par l'industrie de l'armement, a déclaré samedi la ministre de la Défense, Christine Lambrecht.
Au même moment dans l'est du pays, où un missile russe a fait plus de 50 morts vendredi parmi les centaines de civils rassemblés devant la gare de Kramatorsk dans l'espoir de monter dans un train et de fuir vers l'ouest, on se préparait au pire.
Outre la poursuite des combats pour prendre le contrôle des villes clés de Marioupol (sud) et d'Izioum, plus au nord, «l'ennemi continue de frapper avec des missiles des cibles civiles dans toute l'Ukraine», a-t-il écrit.
A Lyssytchansk, dans la région de Lougansk, le maire Olexandre Zaïka a appelé les habitants à partir le plus vite possible. «La situation dans la ville est très tendue, je vous demande d'évacuer. Cela devient très difficile, les obus de l'ennemi tombent un peu partout», a-t-il écrit sur Telegram. Mais «personne ne va abandonner la région de Lougansk», a-t-il ajouté, «nos gars travaillent bien».
Dans la zone rurale de Barvinkove, soldats ukrainiens et membres de la Défense territoriale étaient occupés à fortifier leurs positions et à creuser de nouvelles tranchées. Les bords de routes ont été minés, et des obstacles anti-chars sont installés à tous les carrefours.
Après avoir retiré ses troupes de la région de Kiev et du nord de l'Ukraine, la Russie a fait de la conquête totale du Donbass sa priorité. Le président Vladimir Poutine veut atteindre cet objectif avant le défilé militaire du 9 mai, marquant la fin de la Deuxième Guerre mondiale, notent les observateurs.
«Nous sommes prêts à nous battre et à chercher parallèlement des voies diplomatiques pour arrêter cette guerre», a souligné Volodymyr Zelensky plus tôt dans la journée, lors d'une conférence de presse avec le chancelier autrichien Karl Nehammer, lui aussi venu à Kiev.
Dans le même temps, l'Ukraine a annoncé avoir procédé à un «troisième échange» de prisonniers avec la Russie depuis le début de l'invasion russe le 24 février, permettant la libération de 12 soldats et 14 civils ukrainiens. Le nombre de Russes ayant pu, en échange, rentrer chez eux n'a pas été précisé.
Vendredi, c'était la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen qui avait fait le voyage, y compris à Boutcha, petite ville proche de la capitale devenue un symbole des atrocités de l'invasion russe. «Si ceci n'est pas un crime de guerre, qu'est-ce qu'un crime de guerre?», avait-elle déclaré.
Samedi, la dirigeante européenne a annoncé qu'une collecte internationale avait permis de réunir 10.1 milliards d'euros pour soutenir l'Ukraine. «C'est fantastique», a-t-elle dit.
A Kramatorsk, où le dernier bilan de la frappe a fait état vendredi soir de 52 morts, dont cinq enfants, les évacuations de civils se poursuivaient samedi par la route. Des mini-bus et camionnettes venaient récupérer des dizaines de rescapés du bombardement qui ont passé la nuit dans une église protestante du centre-ville, non loin de la gare.
Le président américain Joe Biden a dénoncé une «horrible atrocité» commise par Moscou, et la diplomatie française un «crime contre l'humanité». Moscou a nié être responsable de la frappe, allant jusqu'à dénoncer une «provocation» ukrainienne. (ats/myrt)