Les témoignages de viols perpétrés par des soldats russes en Ukraine sont désormais quotidiens. Même si «tout viol commis en temps de guerre n’est pas forcément "de guerre"», nous précisait l'historien Fabrice Virgili, l'agression sexuelle sur des civils est un sujet sensible, au cœur du conflit décidé et déclenché par la Russie il y a maintenant deux mois.
Récemment, les services secrets ukrainiens auraient intercepté un coup de fil entre un soldat russe, basé en Ukraine, et sa femme. Le document audio a été publié par les mêmes services, le 12 avril, sur Telegram. D'une durée de trente secondes, il dévoile un échange à propos de viols potentiels que l'homme pourrait commettre au front et démarre par une exclamation de la jeune femme: «Surtout ne me dis rien!»
C'est le média Radio Liberty qui a pu mettre la main sur la bande. Selon les journalistes en charge de l'enquête, l'échange vocal est court, les protagonistes rieurs. Ils précisent que le soldat était basé dans la région de Kherson, au sud de l'Ukraine. Peu à l'aise, l'homme semble chercher à demi-mot l'approbation de sa moitié. «Donc, je devrais violer et ne rien te dire, c'est ça?»
L'enregistrement se termine par un simple «OK» du soldat, mais suggère qu'il s'agit d'un extrait d'une discussion bien plus longue entre les deux protagonistes. Le couple a vraisemblablement été identifié grâce à leurs téléphones et aux informations personnelles dénichées sur différents médias sociaux.
L'homme en question s'appellerait Roman Bykovsky, 27 ans, et serait un ancien de la Rosgvardia, la garde nationale russe. Après avoir participé à l'annexion de la Crimée, il y aurait élu domicile avec toute sa famille. Le couple a un enfant en bas âge.
Les journalistes en charge de cette enquête annoncent avoir également pu joindre les deux protagonistes par téléphone. Si l'homme a bien confirmé son identité, il nie être celui qui s'exprime sur l'enregistrement. Blessé au combat, Roman Bykovsky a précisé à Radio Liberty qu'il était actuellement dans un hôpital de Sébastopol (où est basée la flotte russe au bord de la mer Noire) pour y être soigné. Sa femme, Olga, confirme la présence de son mari dans ce port de Crimée, mais nie tout aussi fermement sa présence sur la bande.
Radio Liberty précise que les recherches autour de cet échange téléphonique s'inscrivent dans une «enquête plus générale sur l'étendue des viols de guerre» depuis le début du conflit. Le couple n'a pas encore été inculpé officiellement. (fv)