La guerre n'était commencée que depuis quelques semaines quand les premières informations sur des désertions dans les rangs de l'armée russe ont fait surface.
Aujourd'hui, après plus de neuf mois de combats, on peut supposer que leur nombre ne cesse de grandir, bien que des chiffres précis n'existent pas. Le Wall Street Journal faisait état, en juin déjà, de «centaines» de déserteurs.
Les raisons qui poussent un soldat à déserter sont multiples. Ces derniers mois, l'armée russe a essuyé plusieurs importantes défaites, dans la région de Kharkiv d'abord, et ensuite autour de la ville de Kherson. De vastes portions de territoire ukrainien ont été libérées, tandis que les occupants battaient en retraite. De plus, plusieurs témoignages ont fait état d'importants problèmes logistiques et de morale dans les rangs russes.
Mais pas tous les déserteurs veulent fuir les combats. Certains d'entre eux restent, et décident même de s'engager aux côtés des Ukrainiens. Ils seraient «plus de 500», affirme BFMTV, qui en a rencontré quelques-uns.
Pour ces soldats, il s'agit avant tout de se rebeller contre leur président. Ils veulent montrer qu'il est possible d'être russe et de s'engager contre Vladimir Poutine. L'un d'eux résume:
D'autres ont décidé de changer de camp après avoir assisté aux atrocités de certains de leurs camarades. «Ce que j'ai vu là-bas m'a beaucoup choqué. Je pensais que l'armée russe était composée d'hommes d'honneur», raconte ce déserteur, marqué par les massacres de Boutcha et Irpin.
BFMTV a recueilli ces témoignages dans la région autour de la ville de Bakhmout, théâtre d'intenses combats depuis le mois d'août. Les Russes y déploient notamment des mercenaires du groupe Wagner, recrutés dans les prisons et utilisés comme chair à canon. Leurs pertes seraient très élevées, tout comme celles des Ukrainiens.
Ces déserteurs se disent «inquiets». D'autres ont coupé les ponts avec leurs proches restés en Russie, qui n'ont pas approuvé leur choix. Les risques qu'ils encourent sont énormes.
Fin septembre, Poutine a signé une loi qui permet de condamner à dix ans de prison les Russes qui désertent, refusent de se battre, désobéissent aux ordres ou se rendent. Son homologue Zelensky n'avait pas raté l'occasion pour assurer que les soldats qui se rendent sont traités de «manière civilisée», les invitant à déposer les armes.
Une peine de prison est probablement la punition la plus souhaitable pour les déserteurs russes. Début novembre, le ministère britannique de la Défense a indiqué que ceux-ci risquent d'être exécutés sur-le-champ par leurs supérieurs:
Selon Londres, cette stratégie «témoigne de la faible qualité, du moral bas et de l'indiscipline des forces russes». Les déserteurs qui se battent à Bakhmout ont, eux, les idées claires: «Même le prix de la vie de ma famille ne me fera pas faire un seul pas en arrière», affirme l'un d'eux. (asi)