Dimanche et lundi soir, des explosions successives ont touché les sites des gazoducs Nord Stream 1 et 2, qui relient la Russie à l'Allemagne en passant sous la mer Baltique. Au total, trois fuites de méthane, un gaz à effet de serre, ont été découvertes. Les autorités danoises ont alerté la marine afin que les navires évitent les alentours de l'île de Bornholm.
🚨#BREAKING: An IMEO analysis of satellite images conducted in a partnership between @UNEP and scientists from Universitat Politècnica de València (@UPV) has detected and confirmed for the first time the large methane leak in the rupture of the Nord Stream natural gas pipeline.🧵 pic.twitter.com/10SAY3N78B
— International Methane Emissions Observatory (@CH4Observatory) September 29, 2022
Le principal problème, c'est que les deux pipelines temporairement inexploités en raison de la guerre sont encore remplis de gaz naturel, principalement composé de méthane. Ce dernier est un gaz à effet de serre très puissant. Selon Bloomberg:
De plus, le méthane serait à lui seul responsable d’un tiers du réchauffement climatique depuis l’ère préindustrielle.
Comme l'explique le journal Le Monde:
L'impact de ces fuites sur le climat pourrait être très conséquent. Dans le pire scénario, l'entier du gaz pourrait s'échapper, et pas moins de 300 000 tonnes de méthane risquent d'être larguées dans la nature.
Thomas Lauvaux, chercheur au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, estime dans le journal Le Monde qu' «on peut parler de bombe climatique».
Il n'y a aucun mécanisme qui permettrait de bloquer les fuites, selon l'agence fédérale de l’environnement allemande dans un communiqué:
L'Allemagne estime que les fuites du Nord Stream équivalent à peu près à 1% des émissions annuelles totales du Danemark. Pour l'heure, des images satellites ont confirmé les faits et les scientifiques estiment à quelque 115 000 tonnes la quantité de gaz déjà libérée.
Cependant, si l'on veut tenter de garder un esprit «positif» dans un tel contexte, cette fuite, aussi gigantesque soit-elle, «ne correspond qu'à une journée d'émissions de méthane de l'industrie pétrogazière, dont l’exploitation relâche 80 millions de tonnes par an», modère un expert du secteur de l'énergie dans Le Monde. Ouf?
En ce qui concerne la source du drame, des sismologues ont confirmé que deux intenses explosions sous-marines ont précédé les fuites. Et celles-ci seraient probablement dues à des détonations, selon les déclarations de la première ministre danoise. L'hypothèse d'accidents simultanés est donc quasi-improbable. Les conjonctures vont bon train depuis le début de la semaine.
Certains pointent du doigt la Russie, comme Mykhaïlo Podoliak, conseiller de la présidence ukrainienne, qui a estimé sur Twitter que la Russie souhaitait créer une panique pré-hivernale, en agressant l'Union européenne. Il a qualifié les faits «d'attaque terroriste».
"Gas leak" from NS-1 is nothing more that a terrorist attack planned by Russia and an act of aggression towards EU. 🇷🇺 wants to destabilize economic situation in Europe and cause pre-winter panic. The best response and security investment — tanks for 🇺🇦. Especially German ones…
— Михайло Подоляк (@Podolyak_M) September 27, 2022
Du côté de la Russie, on nie toute tentative d'agression, arguant que les sanctions ont tout simplement empêché la maintenance de l'infrastructure. Cependant, l'attaque a eu lieu dans les eaux internationales, où tout le monde peut circuler, note la RTS. De plus, la Russie détient une des plus puissante flotte sous-marine dédiée à l'espionnage au monde. Celle-ci est basée en Arctique et est dotée de capacités d'ingénierie de haut vol, permettant des opérations clandestines en profondeur.
D'autres soulèvent l'hypothèse d'une attaque provenant d'un camp plus proche. Sur la liste des présumés coupables, les Etats-Unis sont en tête. Joe Biden avait, en effet, évoqué la possibilité de mettre fin à Nord Stream 2 si la Russie attaquait l'Ukraine. La crainte américaine résidait dans la dépendance de l'Allemagne à l'approvisionnement du gaz russe, qui risquait de fissurer le front uni de l'Europe.
Mais l'hypothèse a été fermement rejetée, mercredi, par le Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.
Joint press conference held by US President Joe Biden and Chancellor of Germany Olaf Scholz on the 7th of February 2022. "There will be no longer a Nord Stream 2," the president told reporters. "We will bring an end to it... "I promise you, we'll be able to do it." pic.twitter.com/EvgaeQix6D
— jonix (@visayanix) September 28, 2022
Sur les réseaux, Truth Social en tête, nombreux sont les threads à dérouler l'idée que la Russie n'aurait aucun intérêt à saborder Nord Stream.
(jod)