Alors que ses troupes s'apprêtent à se lancer dans une contre-offensive décisive à l'est de l'Ukraine, le moment semblait opportun pour le président Volodmyr Zelensky d'aller s'assurer du soutien de ses copains européens - et de faire un peu de shopping. Rome, Berlin, Paris, Londres: le président s'est lancé ce week-end dans un véritable marathon pour dégoter l'équipement nécessaire à ses soldats.
Un week-end de trois jours improvisé au cours duquel le président ukrainien espérait non seulement du matériel militaire supplémentaire et, pourquoi pas, quelques avions de chasse?
Il est un peu plus de 10 heures, samedi matin, lorsque le président ukrainien atterrit à l'aéroport de Ciampino. Il a rendez-vous avec le chef de l'Etat, Sergio Mattarella, avant de poursuivre sa tournée romaine par un déjeuner de travail avec la cheffe du gouvernement, Giorgia Meloni, au Palazzo Chigi.
A 16 heures, le président ukrainien profite de sa présence dans la capitale pour un détour par le Vatican et un goûter avec le pape François. Au souverain pontife, il ne réclame pas des armes; seulement un énième appel à la paix et quelques caresses pour l’opinion publique catholique italienne, encore largement pétrie de pacifisme.
La journée se conclue par un passage par la télévision nationale italienne. «Nous n’avons pas besoin de médiation avec un agresseur, mais d’une paix juste, c’est ce que j’ai répété à Sa Sainteté», a encore tempéré le président Zelensky sur la RAI.
Dimanche matin, c'est sous bonne escorte d'avions de chasse allemands que la délégation ukrainienne se pose à Berlin, pour la seconde étape de sa tournée. Une escale à marquer d'une pierre blanche: c'est la première fois que Zelensky pose ses valises en Allemagne, depuis le début de l'invasion russe.
Honneurs militaires, échanges de gratitude et d'éloges, gages de soutien et promesses solonnelles («Nous vous soutiendrons aussi longtemps que nécessaire», clame olaf Scholz): la conférence de presse simultanée entre Zelensky et le chancelier allemand est la preuve d'un dégel des relations germano-ukrainiennes, après des mois de tensions et de discussions crispées.
L'heure est désormais à l’harmonie et au soutien inconditonnel entre les deux pays. L’Allemagne, avec un total de 17 milliards d’euros, «est le deuxième pays qui aide le plus l’Ukraine après les Etats-Unis», affirme d'ailleurs Zelensky durant le point de presse.
Dimanche après-midi, c'est avec une promesse record de 2,7 milliards d’euros, incluant notamment 30 chars de combat Leopard 1, 20 véhicules blindés Marder, 18 obusiers automoteurs et 4 systèmes antimissiles IRIS-T, que Zelensky reprend la route. Sans oublier de glisser Olaf Scholz dans ses bagages, direction: Aix-la-Chapelle.
Quelques heures plus tôt, rien ne laisse augurer qu'une importante visite d'Etat se profile au coeur de cette ville de l'ouest de l'Allemagne. C'est pourtant un beau panel de hauts dirigeants l'UE qui se réunit, à la dernière minute, pour assister à la remise du prestigieux prix Charlemagne, au président ukrainien, en mains propres.
Peu avant 21 heures, dimanche, c'est un Zelensky en sweat noir et pantalon kaki qui pose le pied sur le tarmac de la base aérienne de Villacoublay, dans les Yvelines. Il fonce au palais présidentiel, où l’attend Emmanuel Macron.
Brève accolade, quelques paroles de bienvenue sur fond de la Garde républicaine, et les deux hommes pénètrent dans le palais présidentiel. Au menu: trois heures d'échange et un dîner de travail tardif.
La discussion à vocation «opérationnelle», explique-t-on dans l'entourage du président, s'achève tard dans la nuit de dimanche à lundi. Dans une déclaration commune publiée dans la foulée, Volodymyr Zelensky s'assure du soutien renforcé de la France en matière de canons d'artillerie Caesar, mais aussi de nouveaux blindés légers AMX-10 RC. Leur nombre n'a pas été stipulé.
Par contre, pas de livraison d'avions de combat: la question reste «prématurée» aux yeux de Paris. La France préfère concentrer ses «efforts sur le soutien des capacités de défense aérienne de l’Ukraine» et insister sur la formation des soldats ukrainiens, en France et en Pologne.
Pour achever ce prolifique parcours européen, quel pays plus adéquat que le Royaume-Uni, deuxième pourvoyeur de Kiev en matière d’équipement militaire? Lundi matin, Volodymyr Zelensky fait donc escale à Londres pour s’entretenir avec Rishi Sunak.
C'est dans la résidence de campagne du premier ministre britannique que le chef d'Etat ukrainien s'est vu promettre des «centaines» de missiles de longue portée, missiles anti-aériens et drones d’attaque. Des équipements qui seront livrés «au cours des prochains mois», promet Downing Street dans un communiqué.
Belle performance, alors que le Royaume-Uni s'est déjà engagé à dépenser 4,6 milliards de livres sterling pour soutenir militairement l'Ukraine. Des aides sous forme de missiles antichars, canons d’artillerie, systèmes de défense aérienne, véhicules blindés de combat ou chars Challenger, juste au cours de cette année.
Si Volodymyr Zelensky ne retourne pas à la maison avec les avions de combat dont il rêvait, il est loin de rentrer bredouille de sa tournée européenne.