Dominik, l'animateur du podcast de Swissmilk, s'est entretenu avec le docteur Bastian Willenborg, spécialiste en médecine psychosomatique, en psychothérapie et en psychiatrie. Tu trouveras l’intégralité de l’entretien ici. En voici un extrait.
Il m'arrive de rentrer à la maison et de devoir commencer par grignoter un bout de mon «fromage d'urgence» ou même du chocolat, parce que j'ai l'impression que cela me rend heureux. Est-ce vrai, le fromage ou le chocolat rendent-ils heureux?
Il existe certains aliments, le chocolat en fait partie, qui font baisser le stress. Les fameux aliments réconfort, aussi appelés «comfort food». Pour beaucoup, il s'agit du chocolat; pour d'autres, des chips ou des frites.
Ces aliments ont-ils vraiment une influence sur le psychisme?
L'ennui, c'est qu'ils ne sont efficaces qu'à court terme. Si l'on consomme chaque jour des barres chocolatées ou autre en-cas similaire, le risque de maladies psychiques augmente, tout comme les facteurs de risque entraînant le diabète de type 2, l'obésité, etc. Tout est donc une question de mesure.
On entend souvent dire qu'une alimentation équilibrée est la clé. Quelle est la définition exacte d'une «alimentation équilibrée»?
Malheureusement, on mange souvent trop de viande. La pyramide alimentaire est une bonne référence. Elle fournit la base dont on a besoin: produits céréaliers, fruits, légumes et baies, qui sont à tomber et sont très saines. À cela s'ajoutent les produits laitiers, les produits fromagers, le poisson. Il faudrait manger du poisson deux à trois fois par semaine, car il fournit des bonnes graisses, les oméga-3. Quant au lait et aux produits laitiers, il est recommandé d'en consommer jusqu'à trois portions par jour. Une chose est claire: il faut boire plus de lait et manger plus de produits laitiers que de viande.
Est-il suffisant de suivre la pyramide alimentaire?
Oui. Pour la grande majorité, cela se traduit par manger moins de viande, plus de fruits et légumes, sans oublier l'activité physique. Si l'on ajoute à cela des «superaliments» riches en substances bénéfiques, notamment végétales, vous faites ce qu'il faut. Les noix en font partie, par exemple.
Qu'en est-il de mes envies de sucre, par exemple, dois-je les ignorer?
Absolument. Le sucre peut causer certaines maladies, où les processus d'inflammation sont impliqués. Et pourtant, le corps en est friand. Le sucre est vraiment bon. Il est addictif.
Le sucre libère de la dopamine, non? Cela nous rend AUSSI heureux, mais à court terme…
Exactement, tout comme la cocaïne, mais nous ne la recommanderions pas non plus tous les jours.
(rires) C'est vrai. Quel type d'aliments recommandez-vous? Qu'est-ce qui nous fait vraiment nous sentir bien?
J'ai examiné les données disponibles, car il existe beaucoup d'idées reçues sur l'alimentation. Il y a quelques années, un groupe de travail australien a mené une étude sur la modification de l'alimentation de patient·es dépressifs, appelée «ModiMed diet». Dans les grandes lignes, c'est ce que nous associerions ici au régime méditerranéen. Cela signifie: beaucoup de produits à base de céréales complètes, beaucoup de fibres, peu de sucres simples, beaucoup de légumes et de fruits (une tomate par jour est recommandée!), des produits laitiers, des noix, des légumineuses, de la viande maigre crue, du poisson deux fois par semaine, des œufs (même plus que ce qui est indiqué dans la pyramide alimentaire, à savoir jusqu'à six œufs par semaine) et puis des huiles contenant des acides gras oméga-3, des acides gras polyinsaturés, comme l'huile d'olive. C'est ce qui serait recommandé d'un point de vue psychiatrique. Les recommandations sont assez vagues, donc chacun·e peut y trouver son bonheur. En résumé: peu de viande, très peu d'alcool, de bonnes graisses, beaucoup de produits à base de céréales complètes. Les noix, par exemple, sont une véritable merveille. Grâce à leurs bonnes graisses, elles sont très saines.
Et ensuite, faut-il manger entre les repas, varier les menus de temps en temps ou cela suffit de suivre les recommandations de la pyramide alimentaire?
«Cela suffit» sonne toujours faux. L'alimentation, c'est un travail à long terme. Si l'on veut se nourrir sainement et que l'on se dit par exemple: «Je n'achète plus de pain blanc, mais je prends du pain complet et j'opte pour un yogourt nature pour y ajouter des baies et des noix», c'est déjà un bon début. Vous pourrez quand même manger un croissant avec du beurre et de la confiture le week-end. Je ne le ferais pas tous les jours. C'est toujours une question de mesure.